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Dukkha, l'internet noir.

The Limbic Brain : Prologue 2 : La Mafijna [2/7]

Arrivé à ma majorité, lidée de travailler à lusine me rebutait. Jen avait longuement discuter avec Iwan, il mavait bien dit que cest le destin de tous les hommes dans cette ville, et que si je voulais faire autre chose de mes mains, il fallait le prouver au plus grand nombre. Je savais ce qu’il sous-entendait : les gens qui ne voulaient pas aller à lusine à Lodz étaient obligés de se faire remarquer par la Mafijna (Mafia polonaise), très présente dans le Nord de la ville.

Cette discussion avait éveillé en moi une idée. Dès le lendemain, jen parlais avec mon ami denfance, Maciej, avec qui javais fait mes premiers petits vols. Il habitait une rue proche de la mienne, et dès que loccasion se présentait nous nous voyions. Il connaissait tout de ma vie, et je connaissais tout de la sienne. Ses deux parents étaient mort lorsquil était très jeune, cétait donc son grand frère qui le gardait. Nous nous ressemblions beaucoup, et nous partagions ce manque de motivation pour le travail à lusine. Je lui parla donc dun projet de vol denvergure, dans une petite bijouterie située dans un village à quelques kilomètres de Lodz. Si nous arrivions à nous montrer ingénieux et créatif, peut-être que la nouvelle remontera jusque dans les journaux de Lodz, et la Mafijna n‘était jamais très loin des nouvelles journalières. Cette idée lui plaisait, et comme moi il ne se rendait pas compte de ce que signifiait Mafijna, comme la plupart des gens de la ville, nous les idéalisions.

Je réfléchis encore à cette idée le soir même. Celle-ci m’effrayait tout de même, il s’agissait bien de braquer une bijouterie ! Puis je repensais à mon père, aux soirs où il rentrait épuisé, et où il consolait sa fatigue dans l’alcool. Je me refusais cette avenir, et m’endormis encore plus sûr de mon choix. A partir de ce jour, lorsque nous nous voyions avec Maciej, c’était pour préparer notre plan. Notre vie ne contenant pas d’occupations spéciales, nous y passions toutes nos journées. Je parlais notamment de nos idées à Iwan, qui les approuvait, ou non.

Après 3 mois de peaufinements du plan, de repérage du lieu, de récupération des plans, du matériel nécessaire, d’apprentissage de la conduite et de préparation physique, nous recherchions un véhicule à utiliser. Maciej avait déjà appris à voler des voitures (son frère lui avait appris), et au bout de quelques jours nous trouvions une vieille Moskvitch 408* en plutôt bon état dans une ruelle à quelques centaines de mètres de nos appartements. Il était important pour nous de la voler et non pas d’en emprunter ou d’en acheter une, par soucis de discrétion. Nous savions bien que les soldats du KBW* n’étaient pas spécialement intelligents, et n’auraient même peut-être rien à faire d’un vol dans une petite bijouterie près de Lodz, mais nous ne voulions pas non plus leur faciliter la tâche ou prendre un quelconque risque.

Dès le lendemain de notre repérage, Maciej la volait et l’emmenait dans le garage qu’Iwan nous prêtais pour l’occasion. Il m’avait aussi confier un Makarov factis*. Une semaine après la récupération de la voiture, nous nous rejoignions chez Maciej pour récapituler le déroulement de l’opération. Nous rentrions par l’arrière de la bijouterie, où se trouvait le boîtier central de la caméra et des alarmes. Il y aurait juste à débrancher tous les câbles qui se présenteraient pour rendre notre passage inconnu. Nous prendrions en otage l’expert en diamants toujours présent dans l’arrière boutique et l’emmènerions dans le magasin avec la vendeuse. Nous n’aurions plus qu’à briser les vitres qui nous séparaient de la fortune, de l’embarquer dans nos sacs et de nous enfuir à bord de la Moskvitch. « Si tout se passe bien, personne ne sera blessé, et nous serons riches et célèbres ! » déclara en riant Maciej. « N’oublie pas notre but. » ajoutais-je sèchement. Je tenais à garder les idées claires, de ne pas me laisser emporter par l’euphorie ou le stress grandissant. Rien n’était fait, et personne n’aurait put prévoir si tout se passerait bien ; un contretemps est vite arrivé.

 

*Moskvitch 408 : Voiture russe fabriquée de 1964 à 1975, exportée sous le nom de "Scaldia" en Europe de l'Ouest.
*KBW : Garde nationale et police politique en République populaire de Pologne, équivalent du NKVD en URSS.
*Makarov factis : Reproduction non dangereuse d'un pistolet Makarov.
 
 
Première publication : 21-01-2014 18:03:42
 
 



20/04/2015
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