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Dukkha, l'internet noir.

SIXIEME SINISTRE Chapitre3

 

CHAPITRE 3

 

 

 

 

"Mon histoire à l'air de vraiment te captiver. Mais j'apprécie ta compagnie, aussi calme sois-tu. Et puisque d’ici je ne vois pas ton visage, je peux t'imaginer comme j'en ai envie. Voyons... Tu pourrais être une belle jeune femme, avec de beau cheveux soyeux, très long, comme ces filles de Listice... Remarque, si tu étais une femme, tu serais sans doute un peu plus causant.", s'amuse Kavatche, face à l’inaction de cette mystérieuse silhouette, dans l'ombre.

"Je plaisante, rassure toi !”, ajoute t’il, poursuivant:

“J'ai vraiment la dalle... Il doit bien être deux-quarts trois*, au moins...".

 

Affalé sur le banc de béton, les bruits de son estomac résonne dans la geôle vide.

"Où en étais-je resté, déjà?", s'interroge t'il.

"Oui ! Je me souviens."

 *Deux-quarts trois: équivaut environs à 13h48. 



 

 

-"Ces cheveux roux sont sublimes soit en sûr, eux sont tous fous ces salaud sans allures. Sans mélange c'est étrange, donc pas d'sympathie chez ces scélérats. La vie change, l'algie change, mais l'avis, lui, ne changent pas.", chuchote Bëdia, bizarre et seul, au milieu des arbres et de la végétation.

 

S’approchant, Kavatche distingue plus précisément la situation irréelle qui se dévoile peu à peu devant lui, à travers l’épaisse brume.

Dissimulé derrière les épais feuillages du grand buisson, il contemple le jeune garçon qui semble converser avec les visions de son esprit.

 

 

"La construction de sa conversation me semblait si crédible, si réel, que je commençait à croire que son imagination allait jusqu'à penser les réponses que lui donnait cet ami fictif."

 

 

-"Je le sais, c'était laid, mauvais, je n'aurais pas dû mais je n'ai rien pu, incontrôlable, on ne m'a laissé aucune chance... C'est leur fautes à eux aussi, s'ils n'avais pas été aigri ça n'aurai jamais finis ainsi ! Ce que je voulais c'était en faire partie, de cette majorité tellement unie, mais au lieu de ça, accusé, critiqué, dénigré, non conforme à la norme de ce monde difforme j'ai subi !" déclare t’il, laissant apparaître comme des regrets lorsqu’il détourne le regard, devenu muet.



Le faible souffle du vent s’imposant soudainement, altéra de sa présence la puissance du silence.

L’humidité matinale se dissipe à mesure que ce calme néfaste, malsain, s’efface.

 

-"JE-LE-SAIS !!", hurle soudainement Bëdia, surprenant Kavatche alors absorbé par le chant des arbres.

 

 

"Il n'acceptait pas qu'ils vivent tous, moi je n'espérais qu'une mort douce !", affirme le jeune homme délirant, qui semble réciter les paroles d'une chanson à son auditrice imaginaire.

Mais très vite, il semble regretter ses propos lorsqu'il s’écrie:

-"Attend, où tu vas?! Ne part pas déjà !"

 

Alors que le souffle du vent s’affaiblit, Bëdia s'engage dans une course à travers la forêt, semblant poursuivre la fille de son esprit.

-" Merde !", s'exclame Kavatche, réactif, qui se redresse et s’engage, lui, dans la poursuite du garçon.

 

 

"Hors de question que je le laisse fuir ! J'ignorais ce qui se tramait dans sa tête et je m'en fichait. Les soucis causés par cet idiot s'accumulaient, et j'envisageais sérieusement de le ligoter pour le traîner de force par les cheveux jusqu'à Liür."

 

 

Les deux hommes, en courses, progressent à vive allure, se perdant de vue, dans l'épaisse forêt sombre, dont les arbres gigantesques semblent atteindre le ciel.

Kavatche ne lâche pas prise malgré la fatigue et parvient à réduire la distance avec Bëdia.

 

Un chemin de terre se distingue alors parmi l’épaisse végétation.

 

Peu à peu, les arbres se dispersent laissant apparaître la vive lumière du jour, lorsqu’ils quittent enfin la forêt.

Celle ci débouche sur une plaine rocheuse.

 

Le garçon escalades vivement plusieurs collines de pierres, puis dévale la pente, poursuivant aveuglement sa course.

-"Attend !!", fulmine Kavatche, paniqué lorsqu’il découvre à l’horizon une gigantesque falaise, que Bëdia s'apprête à atteindre.  



Celui ci s'arrête de justesse au bord, évitant la chute.

Kavatche parvient à le rejoindre, essoufflé:

-"Mais à quoi ça rime ces conneries?!", interroge le géant, furieux.

-"Elle... Elle a sauté.", s’étonne Bëdia, sous le choc.

 

 

"Je savais où nous étions.

Au sommet du grand canyon de Raë.

Je savais qu'on y était, parce qu'il est une étape presque obligatoire pour passer du nord d'Ishka, à son centre. Pendant mon trajet aller, j'étais parvenue à le contourner par l'ouest.

Le fleuve qui s'étend entre ce canyon est le plus long d'Ishka, mais de la haut, j'arrivais à peine à le discerner.

Il prend sa source au Mont-Raë, et rejoint l’océan, où il se jette."

 

 

Kavatche, reprenant son souffle, entraîne le garçon à l'écart de la falaise, pour éviter tout accident.

-"Qu'est qui se passe dans ta tête?! Qu'est ce qui se passe?! Dit moi ! Que ce qui ne va pas chez toi?!".

Nourrit par sa rage, et l'adrénaline, le géant tourne énergiquement autour du jeune homme, comme un prédateur autour de sa proie, avant de s’écarter, plus furieux encore.

"S'il était mort à la naissance je n’aurai jamais eu à me casser le cul avec cette mission de merde !", ronchonne t'il.

 

Bëdia le dévisage, d'un regard noir, rancunier:

-"T'es comme tout les autres. Fils d'adultère.", insulte t'il, rancunier.

-"Moi? Moi?! Ha ha ha !", s'esclaffe le géant, avant d’attraper Bëdia par le col et de le ramener sur le chemin de terre:

"On s'en va, maintenant. Et j'veux plus entendre le son de ta voix jusqu'à Dirpïet, que ce soit pour me parler à moi ou à tes amis imaginaires !"

Bëdia se débat alors, et se libère agilement.

Dans l'action, il parvient à s'emparer de la lame du géant.

-"T'es exactement ce que j'imaginais, un crétin au norme de la majorité", proclame t'il, poursuivant:

"Qu'est ce qui te dérange chez nous, nos yeux bleus ou ses cheveux roux?!"

 

Le jeune garçon semble soudainement pris d’une folie furieuse, comme possédé, lorsqu’il entreprend de poignarder le soldat.

-"Approche !", ordonne Bëdia, sautant sur un rocher avant de prendre l'homme en chasse et de le frapper en premier.

Kavatche esquive de justesse le coup et le fait tomber, en lui crochant les jambes.

Plus rapide et adroit, Bëdia perce la défense du soldat et parvient à le frapper d’un coup de pied sec dans la hanche.

 

 

Les coups s'enchaînent, Kavatche parvient à le déstabiliser et le tamponne violemment de l’épaule, catapultant le gamin, bien plus léger, à deux bon mètres.

Lors d'une ultime confrontation, Bëdia assène plusieurs coups de genoux rapides dans la jambe droite du soldat qui perd le contrôle et trébuche lourdement sur les rotules.

 

Bêdia profite de l'occasion, et tente de lui trancher la gorge, mais Kavatche puisant dans ses dernières ressources parvient à retourner la situation à son avantage, saisissant habilement le bras gauche de Bëdia, et usant de sa force animal pour le plaquer brutalement contre terre.

Alors que Kavatche s'empresse de dérober l’arme que Bëdia a fait tomber, ce dernier se jette sur lui, et s'empale sur la lame du géant, qui d'un geste réflexe se protège avec.

 

Le couteau est profondément introduit dans la trachée du jeune homme, qui suffoquent, incapable de respirer, puis titube, avant de s'écrouler, raide, à terre.

 

Kavatche réalisant, se redresse avec effroi, les yeux exorbités. 

Sous le choc, comme frappé par le tonnerre, il s'approche timidement du corps:

-"Merde... Merde ! C'est pas vrai !", angoisse t’il, et cherchant avec peu d’espoir le poux de Bëdia.

 

Ne sachant quoi faire, il contemple les environs, espérant, naïvement, trouver de l'aide.

 

Enchaînant les cents pas, Kavatche recueille déjà plusieurs excuses qu’il pourrait présenter à ses supérieurs.

 

Lors d’une dernière tentative, il s'agenouille, et pense à retirer la lame.

 

Une quantité incommensurable de sang, d’un noir sinistre, s'échappe alors de la plaît profonde.

 

 

 

"Je n’ai jamais vu quelque chose de semblable.

Alors que ce liquide effrayant s’écoulait sur le sol, la plaît se referma instantanément, comme par magie, sous mes yeux, pour ne laisser qu’une tâche rouge sur sa peau.



J'étais subjugué, et dépassé par les événements, mais surtout terrifié à la vue de ce spectacle horrifique.

 

Bëdia ouvrit les yeux puis se releva soudainement, stoïque, alors que moi sursautant, resta à genoux incapable d’agir.

 

Comment étais ce possible?

 

Ses yeux azurs reflétèrent la lumière du jour lorsqu’il observa ce qui semblait attirer son attention, à l'horizon.

Sans laisser apparaître la moindre émotion, il déguerpit, puis plongea de la falaise, disparaissant alors dans le néant."

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Publié le 16/08/2015.

 

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16/08/2015
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