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Dukkha, l'internet noir.

SIXIEME SINISTRE Chapitre4

CHAPITRE 4

 

 

 

 

Seul, loin de toutes végétations, loin de toutes civilisations, se sentant comme un galet au milieu des interminables collines rocheuses, Kavatche abandonne.

 

Ses jambes fragilisées par le combat le lâche peu à peu, et il se heurte lourdement contre un rocher, en chutant.

L’épaisse couche de poussière que soulève le vent recouvre rapidement le corps du géant inerte, terrassé.

Puisant dans ses dernières forces, il rampe jusqu’à la falaise, et cherche le courage de plonger pour précipiter sa mort qui lui parait inévitable.



 

 

Une fois encore, ma lâcheté l’emporta.

 

J’aurai dû réagir, j’aurai dû sauter dans le fleuve dès le début et rattraper Bëdia.

Trouver une excuse me paraissait futile désormais, et j'espérai que ma mort ne soit pas trop douloureuse.

 

Les puissants rayons de l’étoile me brûlaient la peau lorsque je dénuda mes bras du Arkun.

J’avais soif, la poussière, le sable et les cendres m’étouffaient.

 

Incapable de bouger, j’étais voué à crever ici, étalé dans ma propre pisse, perdu au milieu de nulle part, à me repasser en boucle la scène de mon cuisant échec, dans ma tête.“

 

 



Kavatche perd peu à peu l’esprit, et pense avoir quitté définitivement ce monde lorsqu’il distingue des voix parmi les cris du vent.

Alors que les violentes bourrasques s’affaiblissent, Kavatche, étourdi, se sent persécuté par ces voix qui semblent de plus en plus proche.

 

Il tâte sa joue, et, comprenant qu’il est encore en vie, ouvre difficilement ses yeux, pour apercevoir ces deux silhouettes bien distinctes à l’horizon.

 

Kavatche, surpris, se redresse et s’abrite derrière le rocher pour espionner, ahuri, ces deux voyageurs, pensant déjà à leur dérober les possibles provisions que contiennent leurs sacs.



 

 

Par acquis de conscience, j’abandonnai mon bracelet électronique sur place afin d’éviter que l’un de mes supérieurs ne tente de me joindre.

J’entrepris alors rapidement de les suivre silencieusement, dès que la force me le permis.

 

 

 

Le géant remarque que l’un des deux hommes boîte lorsque le second le saisit par le bras pour l’aider à marcher.

Celui ci est vêtu d’une veste bleue délavée visiblement faite en toile nattée* que Kavatche associe immédiatement aux Liftiers de Kron, les soldats affectés aux portes de Liür qui empêchent depuis des décennies l’entrée aux ennemies, et donnent bien souvent leur vie pour protéger les habitants de la péninsules. Ces derniers portants exactement ce type de veste, Kavatche pense alors trouver là un camarade de Liür.

Mais un doute s’installe dans son esprit lorsqu’il remarque le foulard blanc qu’il porte autour du cou, symbole du Vladisme* à Liür.



*Toile nattée: un tissu épais et lourd.

*Vladisme: est une religion fondée sur les règles de la culture Atshan, et donc basée sur l’amour de la nature. Née à Kron, sa pratique est interdite à cause de sa philosophie extrémiste, et elle est souvent associée aux terroristes Buks, qui appliquent ses lois.




 

 

Difficilement, je réussi à les suivre jusqu’à leur destination.

Longeant la falaise, je découvris que nous étions descendu jusqu'au niveau du fleuve, où s’était établi un groupe d’une vingtaine de personnes dans ce qui semblait être les vestiges d’une ancienne civilisation: la cité en ruine de Listice.

 

C’était la première fois que je venais ici. Je n’arrivais pas à croire que cette endroit, dont j’avais tant entendu parler, existait encore, et que ces quelques maisons construites au bord de l’eau avaient survécues à ces huit Gola*.

Cette découverte m’ébahissait. Pendant un instant je parvins à imaginer les riverains de cette ancienne civilisation Listician, vivant ici, et profitant de ce panorama merveilleux, donnant vue sur l’interminable océan et ses montagnes à l’horizon.

 

Mais la réalité me rattrapa rapidement, lorsque ma gorge totalement sec me rappela que je n’avais plus bu depuis plus d’une journée entière.

Je descendis alors hâtivement jusqu’à la berge où je plongea la tête dans l’eau pour me déshydrater sans manière, comme un animal assoiffé.

 

Une fois remis de mes émotions, essuyant mes yeux humides, je découvris, sur le côté, un grand bâtiment établit sur le fleuve, qui suscitait visiblement l’attention général, puisqu’une dizaine de personnes si précipita soudainement, se relayant ensuite, traversant alors à de nombreuses reprises le pont qui le rallié à la berge.

 

Je me risqua donc à m’approcher, curieux.



*Gola: cinq mille années Terrienne.

 

 

Kavatche comprenant que personne ne lui prête attention, il profite du vacarme pour rejoindre le pont sans se faire remarquer puis commence à le traverser, attentif au comportement des autres.



 

 

Je m’interrogeais sur ce qui pouvait susciter un tel engouement, et je me mis rapidement à craindre qu’ils aient trouvé Bëdia.

J’ignorais alors qui ils étaient, mais qu’importe.

Qui que vous soyez, et qu’importe d’où vous venez, trouver un gamin aux yeux bleus sur Ishka parait tellement improbable qu’une telle découverte attise forcément la curiosité générale.

 

 

 

Un homme arrivant en contresens bouscule involontairement Kavatche et s’excuse alors, tout naturellement, avant de poursuivre son chemin.

 

-”Incroyable.”, s’étonne le géant qui profite de ce manque d’attention pour passer inaperçu.

 

Arrivé de l’autre côté du pont, il longe le bâtiment et trouve une seconde entrée, moins fréquentée, et se risque à entrer.

 

Se fiant au vacarme à l’intérieur, il devine rapidement que ce qu’il cherche se trouve dans la pièce à sa gauche.

 

Ne trouvant aucun accès pour la rejoindre, il s’accroupit derrière un tombereau* plein de gravât tombés du toit, et colle son oreille au mur pour écouter les conversations.

 

*Tombereau: une sorte de chariot;

 

-”Hé, Fy !”, semble appeler un jeune homme à la voix cassée.

-”Je suis là!”, répond une femme, avant de demander:

“Va chercher Drefl ! Il faut qu’il voit ça !”

 

 

 

Si Bëdia était derrière ces murs, il me fallait impérativement le sortir d’ici.

Mais comment faire avec tant de paires d’yeux à proximité?

A ce moment je n’étais encore sûr de rien.

Je me devais alors de le voir par moi même.

 

J’ignore ce qui se passa dans mon esprit lorsque je décida stupidement d’entrer dans la pièce, très confiant, par l’entrée principale sans prendre aucune précaution.

Étonnamment, là encore, personne ne me remarqua.

 

Je me fraya un passage à travers l’épaisse foule, et parvins à atteindre le premier rang.

 

Là je pu observer ce que je n’avais encore jamais vu auparavant, et qui était la cause de la formation d’un tel troupeau.

 

Une grosse bête velue était affalée sur le sol, se vidant progressivement de son sang, imbibé par une couverture de tissu, le liquide jaillissant en quantité d’une plaît profonde dans son ventre.

L’animal encore conscient, au bord de la mort, semblait implorer qu’on l’achève.

Mon cœur s’arrêta lorsqu’il me lança un regard fébrile, surréaliste qui transcenda mon âme.

 

 



Kavatche, frapper par l’incroyable aura naturellement bienveillant que dégage la bête, ne peut s'empêcher de questionner à voix haute:

-”Mais quel est cette… Animal?!”

Une jeune femme derrière lui, assistant également à la scène, lui donne alors une réponse, murmurant:

-”KûLinta.”

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Publié le 02/09/2015.

 

 

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02/09/2015
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