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Dukkha, l'internet noir.

SIXIEME SINISTRE Chapitre5

CHAPITRE 5

 

 

Le bâtiment ne cesse de s'emplir, bientôt bondé par les curieux venus observer cette effroyable spectacle.

Assourdi par les bruyants bavardages, Kavatche regagne la sortie, difficilement, forçant le passage, puis s'assied pantois sur la balustrade*.

 

*Balustrade: barrière de sécurité du pont.



 

"A cette instant, je ne m'intéressais guéer au sort réservé à cette animal. Pourtant, le fait que ces gens le supposent être une divinité Atshan aurait pu me mettre la puce à l'oreille.

Mais seulement, voilà, j'étais bien trop préoccupé par ma propre situation. Je m'interrogeais, et j'avais beau réfléchir, il m’était impossible de concevoir un avenir à Dirpïet, avec le poids de la honte sur les épaules.

 

Qu'allais je devenir alors, loin de mon pays? Comment pourrais je vivre loin de la péninsule, loin de nos courses endiablées en Hover, loin de nos arènes d'Undergo qui transpirent la passion, loin de la senteur délicate de nos arbres à fruits... Comment pourrais je vivre loin d'Andheera...", le géant semble soudainement ému lorsqu'il prononce le prénom de cette femme qui lui est visiblement cher.

"Ça doit te surprendre de me voir ainsi, comme quelqu'un éprouvant des émotions, et non pas juste comme un grognard.", poursuit il, dissimulant une certaine gêne.

"Et toi, dis moi? Que penses-tu de tout cela?", s'essaye t'il, cherchant à obtenir les premiers mots de son interlocuteur silencieux, tapis dans l'ombre.

Celui ci restant muet, Kavatche simule une conversation et prétend alors être d'accord avec lui, poursuivant ensuite, plus sérieusement:

“J’ignore combien de temps je resta vautré là, à ruminer. Un sentiment d’impuissance me gagnait à mesure que s'effondraient chaque solutions se présentant à moi.

Alors je me mis bientôt à croire que j’étais voué à fuir, jusqu’à ce que l’on me tire hors de mes pensées.”

 

 

 

-”Dites, vous êtes nouveau parmi nous, j’me trompe?”, interrogea d’une voix cassée, mais suave, la dynamique demoiselle, posant sa main sur l’épaule du géant alors songeur.

“Ça va allez? T’en fais pas je te promet qu’il s’en sortira.”, rassure t’elle avant de s’installer à ses côtés sur la rambarde.

 

Kavatche, jusque là absent, quitte brusquement ses pensées lorsqu’il découvre, stupéfait, le long fourreau autour de la taille de la jeune femme qu’il dévisage, et analyse:

 

Celle ci est vêtue d’une unique veste à capuche grise en laine, ouverte, qui laisse entrevoir sa poitrine et son ventre, ainsi que d’un pantalon souple et étroit, noir, fait d’une étrange matière qu’il ne parvient pas à identifier, une sorte de coton au tissage serré et satiné qui donne une impression de brillance, réfléchissant la lumière du jour.

-”Pardon?...”, bégaie le géant.

“J’étais dans mes pensées”, s’excuse t’il, embarassé, avant de l’interroger:

“Ta lame? Tu es escrimeuse?”

Elle acquiesce souriante:

-”Ouep ! Mon père m’a apprit à manier une épée entre deux gueulantes. Je me débrouille pas trop mal. Fy, enchanté !”, se présente elle alors énergiquement.

-”Kavatche. J’en déduis que tu viens de Kron? J’ai aperçu un homme porter une veste de Liftiers.”

-”Ah. Ouais, ce mec là… C’est Drefl, celui qui dirige les troupes. Beaucoup d’entre nous vienne de Kron ici, tu dois t’en douter. Et toi? Dirpïet pas vrai?”.

-”C’est ça. Le Arkun est un bon indice, j’imagine.”, lance Kavatche, habillant ses puissants bras par politesse.

 

Après avoir échangé quelques banalités, la jeune femme, curieuse, pose alors une question qui surprend le géant:

-”C’est ta première quête hors du Tronc?”

 

 

 

"Les doutes que j’exprimais jusque là s'avéraient justifiés, et très rapidement je compris.

Tous ces indices auraient dû me permettre de comprendre plus tôt: le foulard blanc porté par le Liftier, les croyances religieuses de ces gens… Puis le Tronc.

Qui d’autre sinon les Buks peuvent parler de cette endroit?

 

J’ignorais la raison de leur présence ici, et leurs buts.

Ce que je savais en revanche sur ces rebelles extrémistes, de par ma carrière professionnelle, c’est qu’ils ne sont pas extrémistes que de titre.

 

Je me sentis soudainement mal à l’aise, et il me parût alors possible de tuer pour fuir cette endroit.

 

Pour le moment, seul option: rester discret, entrer dans son jeu et devenir un Buk."

 

 

-”Euhm… Si. Et je suis un peu nerveux, en fait.”, précise Kavatche.

-”Je comprend. C’était pareil pour moi au début. Je vois que t’as un flingue, on t’as apprit a l’utiliser?”, interroge Fy, sérieusement.

-”Pas vraiment, je suis novice.”, ment il alors, cherchant à paraître inoffensif, avant de poursuivre:

-”Je ne suis pas certain que participer à l’action soit fait pour moi. Je suis un bien meilleur penseur.”

-”Ah? Tous le monde n’est pas fait pour le combat, c’est respectable de l’admettre !”, souligne t’elle, dégainant sa lame.

“Moi, j’adore combattre. J’adore parce qu’avec mon physique de fille fragile, aucun murc* ne me prend jamais au sérieux, jusqu’au moment où je lui enfonce brutalement ma lame dans l’anus !”, clame t'elle, mimant la scène, face à Kavatche, dérouté.

Fy se ressaisit ensuite, retrouvant son calme un instant avant d’éclater de rire.

 

Elle blague alors:

“Désolé. Ça a dû être gênant!”.

-”Disons que la phase ‘anal’ n’est pas des plus distinguées…”, lance t’il.

-”Ah oui, c’est vrai qu’on aime la finesse chez vous, à Dirpïet. Mais que voulez vous… Moi j’aime quand c’est crade !”, se moque t’elle, pinçant badin* la joue du géant, qui garde tant bien que mal son calme.

 

 

*Murc: terme utilisé fréquemment à Kron et Ulisin, mais plus rarement à Dirpïet, qui équivaut à “mec”

*Badin: désigne une personne enjoué, avec un comportement d’enfant (synonyme: désinvolte, enjoué, gamin, foufou etc).

 

 

 

"Nous sommes restés sur le pont une heure, peut être plus, discutant de sujets et d’autres.

Alors qu’elle m’avouait une passion pour la musique, je dissimulait laborieusement mon malaise, jusqu’à ce qu’un homme nous interromps, pour mon plus grand bonheur.

 

Celui ci venait nous prévenir qu’une partie du groupe quittait la cité en ruine pour de nouvelles ‘missions’.

Pensant profiter de ce changement de situation pour fuir, je fus rapidement rattrapé par Fy qui me désigna tout naturellement pour l’accompagner."

 

 



Le ciel se couvre légèrement de quelques nuages gris, annonciateur d’une possible averse.

Pourtant, la température ambiante se maintient, et quelques bourrasques chaudes se profilent encore par moment, entraînant dans leur souffle d’épaisses couches de poussières.

 

Quelques Buks se regroupent autour de leur meneur, Drefl, l’homme à la veste de Liftier, pour recevoir les ordres.

Kavatche et Fy se joignent à l’attroupement, où cette dernière présente le géant à ses compagnons.

 

Remarquant son manque d’attention, Drefl la désigne du doigts, et ordonne:

-”Fy ! Toi, Samana et le nouveau, direction le Tronc. Prenez le caddie et ramenez les…”

-”Quoi?! T’es pas sérieux?!”, interromps elle rapidement, visiblement énervée,

“Je veux être sur le terrain !”.

L’homme ne démord pas, et affirme, d’un ton plus monotone encore:

-”Cette mission est importante, plus que n’importe quel autre tâche. Wedge et Biggs étaient tes compagnons, tes frères d’armes, comme ils l’étaient pour chacun d’entre nous.”

-”Mais, Drefl… Je serai bien plus utile sur le terrain ! Tu le sais, tout le monde le sais !”, prétend t’elle, soutenue par quelques discret camarades.

-”Je donne les ordres, tu obéis.”, conclut il, fermement.

Frustrée, Fy tourne les talons, bras croisés, avant d’ajouter:

-”Maman était un bien meilleur Leader que toi.”

 

 

 

 

Publié le 22/09/2015.

 

 

CHAPITRE 4 CHAPITRE 6



22/09/2015
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