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Dukkha, l'internet noir.

Un jour, Aline...

 

  • JOUR 1

 

“J’ai assisté à cette infâme spectacle depuis la fenêtre de ma cellule, au sommet de la tour du Mal… Le géant est parvenu a lui assener un grand coup d’épée dans le torse, tranchant au passage le bras de Jiovanni, qui eu ce réflexe de protéger son ventre avec, mais sans succès… Je le vois tituber sur plusieurs mètres avant de s’effondrer. Son sang s'écoulait alors par litres de l’entaille, et une flaque se forma rapidement autour de son corps immobile, étendu de tout son long dans la boue, sous le brouhaha insupportable et malsain d’une foule savourant chaque instant de ce spectacle. Le géant se baissa pour empoigner la lame de Jiovanni, puis lui trancha la gorge avec…

C’était il y a dix huit jours, et je me souviens de tout les détails comme si c’était hier.
Je me souviens de sa tête roulant sur le sol et de ses grand yeux bleus sans vie…
Je n’ai plus rien désormais, rien hormis ce journal… Je ne sortirai sans doute jamais vivante d’ici, et nous sommes de moins en moins nombreuses.
Hier il a pris ma voisine de cellule. J’ai vraiment pensé que mon tour était venu cette fois là.

Il arrive.
Le Mal hurle, je l'entends hurler.
J’ai peur. Je reprendrai l’écriture demain matin si je le peu.
Bisou."

Aline.

Vendredi 13 octobre 2017.


 

 

  • JOUR 2

 



"Ça y est, c'est mon tour. Il m’a prise dans la nuit.
Le Mal m'a traîner de force, en me tenant par les cheveux et en baragouinant dans un langage que je ne comprenais pas. Je n'essayais plus de résister, qui sait ce qu'il souhaite faire de moi? Il avait l'air féroce, une mâchoire carrée et un étrange oeil de verre, rendant son regard plus terrifiant encore. Il m'a promenée comme un sac poubelle dans le dédale souterrain.

J'ai entendu des sanglots et des gémissements sur tout le chemin.

Les murs et les sols étaient entièrement en pierres grises très sombres, et très humides. De l'eau coulait par les multiples fissures qui se dessinaient sur la plupart des parois. Ça puait, ça sentait la saleté, la peur... Et la mort.

Ça me semblait interminable. La migraine me tiraillait, je me sentais horriblement sale. Arrivé en bas de l'escalier, il me mit debout et me fit passer devant, me poussant à sa guise pour que je tombe, tout en continuant à s'énerver dans cette langue si étrange.
Je pense qu'il m'insultait.
Arrivés en haut, j'eus à peine le temps d'apercevoir la lune avant qu'il ne me saisisse par la nuque et ne me jette dans un semi-remorque déjà rempli de filles. Il ferma les deux portes violemment en nous dévisageant, accompagné de son sourire cruel. Depuis, c'est l'obscurité, et seul les déchirures dans le toit laisse entrevoir le faible halo des astres.
Je ne sais plus depuis combien de temps on roule. Personne n'ose parler, nous sommes toutes terrifiées.

Je pense à Franck, qui me cherche, peut-être...

Je crois qu'on ralenti, il faut que j'arrête d'écrire.
Bisou."

Aline.

Samedi 14 octobre 2017.

 


 

 

  • JOUR 3



“C’est dimanche aujourd’hui… Je crois.
J’ignore où nous sommes désormais.
Plusieurs filles sont mortes pendant le trajet et j’ai cru y passer moi aussi. Malheureusement je suis toujours en vie… Il faisait chaud, sec, l’air était irrespirable.
Aucune d’entre nous n’a pris de bain depuis que l’on nous a capturée, il y a vingt jours.

Quand nous sommes arrivées en enfer, le Mal nous a conduit jusqu’à un vieux hangar, en troupeau, comme des moutons, nous menaçant avec un fusil, et nous hurlant dessus des mots dans sa langue incompréhensible et vomitif. Le son de sa voix était strident, plus terrifiant encore que son horrible nez crochu.

A l’intérieur, Il y avait du sang partout, répandu sur le sol, les murs, et même sur un grand pilier de béton situé au centre de la pièce, sur lequel le liquide rougâtre semblait avoir été projeté violemment.
Au pied de la colonne gisait le corps de la fille qu’il avait abattu, allongée sur une table.

Le Mal nous a toute enfermée dans une seul petite cage de moins de dix mètres carré.
Toute sauf une, Cicillia je crois.
Il l’a menottée à la table, elle, hurlant, se débattant, était terrifiée. Le Mal déchira tout ses habits un à un, puis observa ses formes d’un air malsains et vicieux avant de la renifler, comme un animal.
Il s’empara ensuite d’un petit meuble à roulettes caché sous la table et ouvrit son tiroir.
Le Mal grommela des bruits immonde avant de quitter la pièce, laissant notre amie en plan, probablement pour quelques minutes seulement.

J’ai peur. Et toutes les femmes du Gard le devrait désormais. La blonde tyrannique ne nous épargnera pas. Aucune d’entre nous.
J’écrirai demain de nouveau, si je le peux.
Bisou."

Aline.

Dimanche 15 octobre 2017.


 

 

 

  • JOUR 4



Le Mal nous a toutes laissées ainsi, pendant plusieurs heures. On a passer la nuit dans la cage, et Cicillia toujours menottée, nue, n’a pas arrêtée de sangloter. Au petit matin, la plupart des filles étaient tombées d’épuisement, et je me demandais si ma voisine de droite n’était pas morte.

Le bruit de la porte qui s’ouvrit me surprit, et je ne fis aucun mouvement pour ne pas attirer l’attention. Deux hommes sortirent de l’ombre. Ils tenaient deux grands morceaux de bois robustes, détachèrent Cicillia et l’emmenèrent avec eux, à l’extérieur. Elle ne réagit pas, sûrement anesthésiée par la fatigue.

Quelques minutes plus tard, un des deux homme vint frapper violemment son morceau de bois contre les barreaux de la cage pour nous réveiller. Il nous fit sortir en file, et mon impression concernant ma voisine se révéla juste. Le silence était pesant. J’avais froid. Notre gardien nous scruta attentivement une par une jusqu’à ce que des hurlements aiguës déchirent le silence. Ils provenaient de dehors. Cicillia, sûrement.

La femme du bout de la file se mit à courir vers le fond du hangar en criant. Notre garde la regarda quelques instants, d’un air totalement indifférent, avant de siffler bruyamment. Un homme apparu brusquement par une porte dérobée équipé d’une arme à feu. La femme s’arrêta et supplia dans un langage étrange, qui me semblait être le même que celui du Mal. L’homme tira d’abords aux pieds de la fuyarde, cette dernière mit ses mains en avant comme pour se protéger. L’homme redressa son arme, et tira sur la femme. Je semblais voir la scène au ralentis. Les balles déchiraient les tissus de ses mains, et venaient se loger dans le haut de son corps. Une fois son chargeur vidé, il salua son collègue d’un signe de la tête et repartit comme il était arrivé.

Aline.

Lundi 16 octobre 2017.


 

 

 

  • JOUR 5



Frank, si jamais tu lis ceci un jour, sache que je t’aime et ce, à jamais. J’espère que tu trouveras la force de me pardonner pour ce que je t’ai fais. Je vis mon dernier jour.


Ce matin, ils nous réveilla de nouveau sauvagement.
Les larbins du Mal jetèrent le corps ensanglanté de Cicillia dans notre cage. Ils ont planté un clou dans chacun de ses doigt... Son bras droit, brûlé et déchiqueté, semble leur avoir servi de dîner. La blancheur de sa peau, presque bleu me terrifie. Je n'ose plus la regarder.

Lorsque le Mal entra dans le hangar, il sélectionna une nouvelle victime, comme la veille, qu’il empoigna par les cheveux et qu’il ligota à la table, alors que ses larbins l'accueillaient bruyamment, reproduisant à la perfection les bruits d’animaux de basse cour.

Vainement, elle hurlait et se débattait. Nous savions toutes qu’elle ne reviendrait pas en vie.
Mon coeur battait la chamade. Je transpirait sans doute beaucoup, mais je n’avais plus aucune sensation. Seul la forte pression présente dans mes pieds gonflés, qui m’étaient insupportable, me rappelait que j’étais encore en vie. J’entendais ses sanglots.

Cette enfer me devint insupportable alors je pris courageusement le devant de la troupe, et me dressa face au Mal pour l’interroger. Sans baisser le regard je demanda:
-”Qu’allez vous lui faire?!”.
Son oeil sombre me dévisagea. Il s’avança lentement jusqu’à moi, et plaqua son large front contre le mien. Inévitablement, nos regards se joignirent. Son âme démoniaque défiait mes faiblesses. Les secondes me paraissaient des heures.

Mais je retrouva rapidement mes esprits quand je sentis ses longs doigts rugueux effleurer le haut de ma cuisse, puis se faufiler lentement jusque mon entrejambe avant qu’il tente d’en introduire vicieusement un à l'intérieur de moi.
Mon corps sembla se pétrifier. J’étais paralysé, et incapable de reprendre le contrôle de la situation.
Le Mal ne me lâcha pas du regard, me fixant comme pour apprécier le moment et lire l’épouvante sur mon visage.
Quand enfin il répondit, de sa voix perçante, je compris ces quelques mots:
-”Tu es la prochaine.”


Aline.

Mardi 17 octobre 2017.


 

 

Par DJEFFH (Kévin Garnier) et Alexey (Niko C.)



25/07/2015
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