widenet.blog4ever.com

Dukkha, l'internet noir.

The Limbic Brain : Prologue 1 : Le village [2/8]

 

     Encore sous le choc du coup qu'il a reçu, Djeffh semble ahuri.
Il dévisage la demoiselle de son regard noir, l'admirant avec insistance. Elle ne devait pas être du pays, son physique et son style vestimentaire ne paraissait pas très approprié à la mode actuelle en Pologne, des longs cheveux brun clair mal coiffé, avec une petite mèches blonde tombante, sa silhouette fine et ses formes de jeunes filles, ses grands yeux bleus claires ne paraissaient pas humain, et perturbaient grandement Djeffh.

Son corps était présent mais son esprit était ailleurs, comme absorbé par le regard percutant de la fille.

Elle s'approcha de lui, et desserra la corde pour le détacher :
-"je m'appelle Shrila."
-"...belle." dit il d'une voix basse,
-"Tu me trouve jolie?"
-"Shrila, c'est la beauté... Belle en Indien."
Elle semble ébahie, puis répond :
-"Comment tu...", elle ne finit pas sa phrase.
Djeffh se relève, et avance péniblement en se tenant la côte.
-"Où vas tu?!"
Il continue son chemin et s'approche de la porte, s'apprête à sortir.
-"Tu ne peux pas partir ! Tu n'es pas en état, tu dois rester !"

Alors qu'il tourne la poignée, Djeffh commence à tousser, il se courbe de douleur et la toue s'intensifie, la jeune fille accourt vers lui avec un scalpel.
-"Essaie de respirer !", dit elle, paniqué.
Shrila l'avait pressenti, l'impact des balles a touché l'estomac. Le muscle du ventre se contracte, c'est une hématémèse. Il faut agir vite, Djeffh s’étouffe avec le sang qu'il recrache. La toue persiste.
-"Merde ! Je vais devoir t'ouvrir la gorge, reste calme, ne t'en fais pas."
Elle plante la lame au niveau de la trachée, et d'un geste précis, perce la peau, puis ramasse un stylo en plastique sur la table, le casse en deux et ne garde que le bout pour le rentrer dans la brèche.
-"Respire. Ça va aller. Respire..."

Plus tard, Djeffh se réveille, et la jeune fille est à son chevet.
-"Tu m'as sauvée...";
-"Je n'allais pas laisser un frère Indien mourir chez moi.", lui répond elle en souriant.
-"Je... ne suis pas...";
-"Indien? Comment sais tu ce que signifie mon nom?"
-"Je... J'ai oublié..."

Quelques heures passent, Djeffh est assis les jambes croisées sur le lit, pensif.
Il ne sais pas ce qui lui arrive. Djeffh se demande comment Shrila a deviné qu'il s'étoufferait.

Il ressent quelque chose pour la jeune femme, comme de l'affection, pas de l'amour, seulement une forme de sympathie, chose qui ne lui était jamais arrivé avant.
Shrila, au seuil de la porte, lui demande :
-"Comment te sent tu?"
-"..."
Un silence s'installe dans la pièce, seul la respiration forte de Djeffh, lente et par accoue, se fait entendre.
Il tourne la tête et regarde la jeune fille dans les yeux :
-"Où sommes nous?"
-"Dans un village à côté de Pabianice, pas très loin de Lodz."
-"Pabianice... C'est une grande ville?"
-"Non. Mais disons que c'est un peu plus confortable que de vivre en forêt."
-"Hum..."
-"Que t'est il arrivé la bas? Pourquoi on t'as tiré dessus?"
-"J'ai... Tué un homme. Il l'avait mérité. Mais je ne suis pas comme toi. Je n'éprouve pas de remord. Je ne crois pas être normal... Dans ma tête, tout est un peu... Confus."
-"Pourquoi... l'as tu tué?"
-"Il a tiré sur mon ami... Il l'a exécuté, sous mes yeux... Mes mains... Il y avais du sang partout... uuh..."
Djeffh recommence à tousser. La tristesse et la haine l'envahissent. Ses yeux deviennent rouge et humides.
Shrila s'assied à côté de lui, et le serre dans ses bras.
-"Je comprend.", dit elle.
Il essaie de respirer, et de se calmer. Djeffh est perdu. Il ne comprend pas la réaction de la jeune fille, elle devrait le craindre, c'est un meurtrier.

Les jours passent, la neige fond et le printemps arrive petit à petit. Même s'il reste froid et distant avec Shrila, Djeffh l’apprécie beaucoup. Ce sentiment est nouveau pour lui et ceci le perturbe étrangement. Il ne comprend pas ce qui lui arrive.
Un après midi, Djeffh sort de la maison avec pour idée de visiter les environs.

Il regarde autour de lui, il y a des habitations partout.

C'est un petit village comme beaucoup d'autres. Deux vieilles dames sont sur le trottoirs d'en face et plantent des fleurs sur tout le long d'un petit chemin d'herbe. Certaines ont déjà prit racine.

Shrila sort à son tour de la maisonnette et le rejoint, elle s'approche de Djeffh et lui dit :
-"Ce sont des zonkil* (jonquille)."
Un couple de personnes âgés passent devant eux :
-"Bonjour jeune gens."
-"Bonjour, belle journée pour se promener", répond Shrila.
La vieille dame acquiesce et sourit.
Elle s'avance prêt de Djeffh et lui demande :
-"Comment allez vous jeune homme, j’espère que vous n'avez pas causé trop d'ennui à Shrila?";
-"Oh. Non je n'ai rien fait de mal !"
-"Du calme voyons, je plaisantais.", répond la vieille dame en souriant.
Shrila s'approche d'elle et murmure :
-"Il n'est pas très sociable, il lui faut du temps, pardonnez le."

Djeffh décide de faire le tour du village. Il empreinte un petit chemin de terre boueux encore enneigé par endroit et traverse une route. Un jeune enfant le salut, et, hésitant, Djeffh lui fait un léger signe de la tête en retour.
Les gens ici ne savent pas qu'il est malade, dangereux et impulsif. C'est un sentiment étrange pour lui que de voir quelqu'un l’accepter, et non le repousser et le craindre, comme ça l'a toujours était avant.

Un groupe de jeunes discutent devant une affiche qui représente un homme portant une moustache, et ou l'on peut lire "Lech Walesa do wladzy*" (Lech Walesa au pouvoir). Les avis sur l'homme semblent partagé, et la discutions paraît tendu.

Il arrive à niveau d'une vieille cabane en bois, et derrière celle ci, une grande place ou ce sont installés de nombreux stands pour le marché. Il y a des enfants, des hommes, des femmes, des vieux. Une grande foule qui vient pour acheter des produits frais, fruits, légumes, poulets, fleurs, ou simplement pour se promener et profiter du soleil et de l'air doux du printemps.
Deux gamins lancent des miettes de pains à des pigeons , sur une allée faite de vieilles dalles, un groupe de femmes discutent :
-"Quel beau soleil, c'est agréable !"
-"Oui et les jonquilles poussent à une vitesse... Le village va vite retrouvé toute sa splendeur, et son charme.", dit elle en ricanant.

Il poursuit son chemin. Après quelques heures, il sent son bandage se décoller, et décide alors de retrouvé Shrila à la maison.

Une fois rentré, elle lui enlève le tissu autour de son ventre :
-"Les cicatrices ont pratiquement toutes disparues. Tu te sent comment?"
-"Bien. Les gens du village..."
-"Oui?"
-"Ils sont bien."

Shrila lui sourit et l'embrasse délicatement sur la joue.
Ils se regardent droit dans les yeux.
Djeffh ne semble pas comprendre cette élan d'affection, mais cela lui plait et il lui sourit.
Son cœur bat très vite.

 


 

Première publication : 17-01-2014 09:33:40

 



20/04/2015
0 Poster un commentaire

A découvrir aussi


Ces blogs de Loisirs créatifs pourraient vous intéresser