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Dukkha, l'internet noir.

The Limbic Brain


The Limbic Brain

 

The Limbic Brain est une histoire écrite par Kévin Garnier (DJEFFH-ENA) et Alexey. 

Nous avons commencé à écrire ce scénario sans réellement suivre à une ligne directrice, et juste pour s'amuser.

Pour lui comme pour moi, The Limbic Brain était notre premier texte et donc par conséquent, il est très amateur, et contient énormément de fautes d'orthographe. Je ne dis pas que notre style d'écriture, aujourd'hui, est parfait, mais il a tout de même beaucoup progressé. 

 

The Limbic Brain, donc, conte les aventures de Djeffh, un jeune homme atteint de paranoïa et amnésique qui pense être persécuté par Dieu, et d'Alexey, un adolescent vivant en Pologne, qui cherche à trouver sa voie dans une ville sous l'emprise communiste.

Découvrez les aventures surprenantes de ces deux hommes avec ces 16 chapitres.

 

L'écriture de The Limbic Brain a été laissé à l'abandon après qu'Alexey et moi décidions de se concentrer sur un autre projet.

 

 
 
 
 
 
 

 


20/04/2015
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The Limbic Brain : Biographie

 


20/04/2015
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The Limbic Brain : La mafia

(Cet article est en réaménagement)

 

Les méthodes, traditions et modes de fonctionnements de la mafia sont importants à comprendre pour mieux saisir l'histoire. Vous trouverez donc ici toutes les informations importantes à connaître.

Il est important de noter que, par soucis de précision et de clarté, les informations choisies dans l'histoire sont essentiellement tirées de la mafia sicilienne. Les informations qui suivent ne concernent historiquement en aucun cas les mafias polonaises.

 

1. Hiérarchie

La mafia de notre histoire sera donc une mafia organisée, principalement fondée sur le système basique de hiérarchie que chaque membre se doit de respecter :

Hierarchie mafia.jpg

 

Pour résumer cette image, le Boss (le Parrain) donne les objectifs et les ordres principaux au Sous-chef, qui se chargera de transmettre des ordres précis aux Capos qui enverront les Soldats (gros bras) faire la besogne. Ces derniers sont libres d'engager des associés qui pourront les aider à accomplir certaines missions. D'autres fois, les associés sont payés pour faire un boulot risqué dans lequel la famille ne veut pas être mêlée directement. Il faut savoir aussi que, contrairement à la pensée populaire, les associés sont les plus nombreux.

Le Consigliere, comme son nom l'indique, est chargé de conseiller le Parrain, de le prévenir en cas de conflits dans la famille, de l'aider à faire de lourds choix et sert aussi d'intermédiaire et de médiateur lors de conflits avec d'autres familles. Le Consigliere est un membre très respecté de la mafia (à peu près autant que le Parrain lui-même). Le statut de ce membre est assez complexe, puisque toutes les familles n'en possèdent pas un. C'est très souvent un avocat privé qui n'a pour seul client que le Parrain de la famille, et sert ainsi de conseiller juridique. C'est de cette manière que les têtes pensantes de la famille ne sont jamais impliquées directement, ce qui empêche la Justice de les condamner. Les deux seuls moyens utilisés pour faire condamner un Parrain est de faire infiltrer un indic dans la famille, ou de coincer un membre : monter des preuves contre lui, et lui proposer un marché. Soit il effectue sa peine (généralement très élevée, peine de mort ou à perpétuité), soit la police le "retourne" et il devient un indic. Ce côté du Consigliere sera mit de côté dans notre histoire, parce que la justice communiste ne permettait pas d'avoir un "avocat particulier".

 

2. But

Le but et le rôle de la mafia est bien trop souvent mal définie ou ignorée. Je tiens à insister là-dessus, non une vraie mafia ne se contente pas d'accomplir des crimes pour gagner de l'argent et non elle ne sert pas uniquement ses propres intérêts. Que se soit la mafia sicilienne ou slave, la mafia n'est pas une simple organisation criminelle d'envergure. Du moins ce n'est pas le vraie définition qu'on devrait en faire.

Revenons au départ : l'Italie à la fin du XIXe siècle (eh oui, un cour d'histoire !) subit une grande pauvreté. Je vous passerais le contexte précis, mais ce qu'il faut retenir c'est que riches comme pauvres s'appauvrissent. La valeur de la parole est alors agrandie, ici naît le premier principe de la mafia, et aujourd'hui le principal : onorata societa, la société d'honneur. La population, contrainte à l'errance, doit choisir un chemin moins "légal" pour s'en sortir. Les mafieux, riches citoyens, décident d'aider les "pauvres" dans un échange de services : faites ça et je vous donne de l'argent, ou un autre service. Avant de penser que ce n'est que du chantage, pensez avant tout que c'est de l'entraide. En aucun cas un mafiosi original ne sera arrogant ou égocentrique, mais il sera très populaire et apprécié de la population.

Voici le but de la mafia à son origine. Au fil du temps, la mafia est devenue une organisation criminelle plus ou moins d'envergure (bien qu'elle soit généralement très importante). Elle s'empare ou s'attribue une zone précise, et se doit de protéger tous les habitants dans cette zone. Ainsi, les conflits de voisinages, les vols, les meurtres ou tous les problèmes qu'on pourrait se poser dans une ville sont supprimés ou réglés par la mafia (si ce n'est pas elle l'origine des problèmes). Il est aussi fréquent qu'une famille mafieuse prenne parti dans la gestion d'une ville : gestion des déchets, docks, transports en commun, chantier de construction etc. ce qui leur permet de donner une bonne image de la famille et de "bloquer" la ville en cas d'arrestation des parrains. Les familles possèdent aussi un commerce, un bar ou un restaurant, pour blanchir l'argent qu'ils ont gagnés frauduleusement, et ce commerce leur servira parfois de QG. Dans notre histoire, la maison de Mikolaj fait office de QG et de point de ralliement.

Bien entendu, ceci est une définition basique. Il y quelques détails qui peuvent s'ajuster en fonction de la famille, bien qu'en général la police et les administrations sont soudoyées pour éviter les problèmes légaux.

L'entrée dans la mafia n'est en aucun cas obligatoire, et si une personne veut entrer dans la mafia, elle doit se prévaloir de racines siciliennes (ou russes, ou polonaises etc. en fonction de la mafia), faire preuve d'une grande efficacité et être digne de confiance.

On entend souvent dire que la mafia tue, pour une raison ou pour une autre. Encore une fois, c'est faux. La mafia préfère utiliser le chantage et la dissuasion plutôt que le meurtre. Bien entendu, la mafia ne se gênera pas pour tuer un ennemi embarrassant, un témoin trop bavard, un membre de la famille louche, un juge trop sévère ou un commandant de police trop curieux. La mafia ne tue pas de civils, c'est une règle. Quelqu'un doit mériter la mort pour mourir. Malheureusement, la plupart des mafias ou groupes criminels d'aujourd'hui ignorent et violent cette règle, jugée inutile ou trop ancienne pour s'adapter aux nouvelles habitudes criminelles.

 

3. Revenus

Bien entendu, comme toute organisation, une mafia a besoin de revenus. Pour cela, les têtes pensantes ont trouvés de nombreux moyens : jeux d'argent (casinos, bookmaking), proxénétisme, pornographie, racket, vente de cigarettes ou d'alcool en contrebande, immobilier, trafics d'arme, de drogue, d'organes, d'œuvres d'art ou d'êtres humains, gestion de la ville (cf plus haut).

En fonction de la position géographique de la mafia, elle se spécialisera dans une source de revenu (si la mafia se situe dans un quartier chic, elle se spécialisera dans les jeux d'argent, le proxénétisme, l'immobilier et le trafic de drogue), bien qu'en général une mafia utilise plusieurs sources de revenus.

Vous constaterez que toutes les sources de revenus ne sont pas illégaux. Bien qu'il y ai généralement des excès, les jeux d'argent, l'immobilier, la pornographie et la gestion de la ville permettent de faire gagner à la mafia de l'argent "propre", qu'ils n'auront pas besoin de blanchir. Cependant, c'est souvent dans ses activités légales que les autorités trouvent les points faibles de la famille, bien que généralement, dans une mafia organisée, le système "tortueux" est difficilement démêlé par les autorités (cf plus haut).

Comme dit plus haut, l'argent gagné illégalement est blanchit grâce à des bars ou à des restaurants que possèdent la mafia.

 

4. Dépenses

La mafia ne garde bien évidement pas tout l'argent gagné pour le partager entre les membres. Elle a aussi d'importantes sources de dépenses : bien entendu la rémunération des membres, les investissements dans les sources de revenus (construction de casinos, réparation de bâtiments endommagés, achat de terrains, achat des armes, de la drogue etc. pour la revendre avec une marge), rémunération d'associés qui aideront la mafia dans les "petits boulots" ou dans les affaires délicates qui ne doivent pas impliquer directement la mafia, achat de l'équipement pour les membres (armes, voitures, vêtements...).

En règle générale, toutes ses dépenses impliquent des revenus par la suite. Par exemple, une mafia achète 100kg de drogue à un prix de gros (1000€), soit 10€ le gramme, et sera revendu en petite quantité à 50€ le gramme. Soit une marge de 4000€ sur toute la cargaison. Une marge raisonnable, qui aura impliquée, en plus de l'achat de la drogue, quelques dépenses supplémentaires : éventuels déplacements, rémunération de sous-traitants etc.

Les revenus restants de la mafia, après toutes les dépenses, sera divisée inégalement entre les membres, en fonction de leur grade. Le parrain empoche généralement la plus grosse part, et le reste est partagée entre les différents membres.

 

5. Autres informations

La mafia sicilienne est très attachée à ses traditions. On a souvent pus voir de nombreux exemples lorsque, sous Mussolini, les familles mafieuses ont embarquées pour les Etats Unis pour éviter de se faire massacrer en Italie (Mussolini menait une politique anti-mafia très dure). Une fois les familles installées, on a pu voire des villes comme New York se faire partager par les immigrés siciliens.

Un exemple simple : Une ville. 3 familles mafieuses s'installent dans celle-ci. D'un commun accord, les familles se départagent la ville plus ou moins équitablement (suivant le pouvoir qu'a chacune des famille), et chacune se spécialisera dans un domaine (gestion de déchets, docks etc. comme cité plus haut), et placeront leur commerce dans un endroit stratégique dans la ville (proche des alliances et des terrains, loin des adversaires). Il se peut, par la suite, une fois que chaque famille est bien "installée", qu'un Grand Conseil soit mis en place. Celui-ci réunira chaque Parrain de chaque famille, et ceux-ci discuteront ensemble de la gestion de la ville, d'éventuels échanges commerciaux, d'accords de territoires entre autres, limitant ainsi les disputes entre familles qui aboutissent souvent à des guerres. Cependant, quand une ville est départagées entre 5, 6, 7, 8 familles voire plus, les conflits sont inévitables et fréquents.

Souvent, les familles mafieuses font du "business" avec d'autres groupes criminels d'autres origines ethniques (gangs noirs ou hispaniques, chinois etc.).

 

Chaque famille a ses réunions, en dehors d'un éventuel Grand Conseil, où chaque famille règlera ses problèmes internes ou fera entrer une nouvelle recrue dans la famille.

 

6. Mafias européennes

Comme il est dit dans l'introduction, les familles slaves et les familles italiennes ne se ressemblent généralement pas. Elles n'ont pas les mêmes origines, les mêmes systèmes de fonctionnements et les mêmes politiques de gestion. Ils n'ont en commun que le terme "mafia". Je ferais ici une brève description des mafia principales d'Europe de l'Est.

 

    a)  Mafia Russe

La mafia russe, aussi appelée Bratva (ou "mafia rouge") n'est pas une "mafia" à part entière, comme on pourrait l'entendre après avoir lu les informations plus haut. Comme je l'ai dit, le système mafieux russe n'est pas semblable à celui de la mafia sicilienne, puisqu'il change d'une famille à une autre. Le terme "mafia" est plutôt mal employé en Russie, puisqu'il s'agit plus de groupes criminels que de mafia à part entière (ils servent plus leurs intérêts que ceux de leurs compatriotes). De plus les Bratva sont apparues après ou peu avant la chute de l'URSS (1980/1995). On peut, à partir de là, comprendre qu'ils ne sont pas attachés à de quelconques traditions. L'emploi de l'appellation "mafia russe" dépend essentiellement du point de vue de votre interlocuteur. Pour ma part, je parlerais plus de Bravta, puisque le système attaché à la mafia est absent dans beaucoup de familles russes (hiérarchie, but, traditions, naissance, liens avec les autorités...).

Revenons-en aux faits. La Bravta russe accorde une grande importance aux tatouages. Chaque tatouage à sa définition, et un individu qui n'a aucun tatouage n'a aucune chance de rentrer dans une Bravta. Le système de hiérarchie dépend essentiellement des familles, en fonction de leur domaine d'activité. Certains copient purement et simplement le système italien (en prenant soin de changer les noms, bien entendu), d'autres s'en inspirent, d'autres encore s'inspirent du système de bureaucratie soviétique. Personne ne peut prétendre à dresser une liste, même approximative, du système de hiérarchie des Bravta. Les buts principaux de ces Bravta sont de servir leurs propres intérêt (en général). Ils se tournent souvent vers le racket, les trafics d'armes/drogues/êtres humains, la prostitution et la "gestion" immobilière (il faut ajouter à cela les activités illégales "communes" en Russie ou pour la mafia : blanchiment, marché noir, assassinat, enlèvement...)

 

    b)  Mafia Polonaise

 [partie en cour]

 


20/04/2015
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The Limbic Brain : Les traditions/rituels

Au cours de nos histoires, nous utiliserons certaines traditions ou tes rituels de diverses origines (traditions polonaises, indiennes, mafieuses etc.), qui sont importantes à connaître pour comprendre pourquoi nos personnages réagissent d'une certaine manière ou d'une autre dans des situations où vous réagiriez à l'inverse, ou bien pourquoi les personnages font des actions apriori sans aucun sens. Nous ferons notre possible pour vous expliquer tout cela, bien qu'il puisse manquer certaines choses ou des imprécisions, nous vous invitons donc à demander si vous ne comprenez pas certains points dans l'histoire.

 

1. Les traditions polonaises

Les traditions polonaises concernent essentiellement l'histoire d'Alexey

Les polonais sont en général très fiers d'être polonais, ou plus généralement d'être slaves. Dans leur plus grande majorité, les peuples slaves (Europe de l'Est) échangent beaucoup de points communs, comme leur fierté géographique : contrairement à l'Europe de l'Ouest, où par exemple les français sont français avant d'être européens, les peuples d'Europe de l'Est sont slaves avant toutes choses. Les peuples slaves partagent aussi une grande hospitalité.

Pour revenir aux polonais, ils sont donc pour la plupart patriotes, bien qu'en général individualistes. Ils partagent aussi des liens familiaux très importants (solidarité familiale), où les relations père/fils mère/fille sont très nombreux.

Par ailleurs, à l'inverse de nos pays latins, les polonais sont plutôt réservés. Entreprenant, peu pris par le temps, ils se préoccupent plus du fond de leur discours que de la forme (ils accordent plus d'importance à ce qui est dit qu'à la manière dont on le dit). Ils aiment aussi participer à de grands débats politiques ou sociaux.

Comme je l'ai dit plus haut, les polonais sont accueillants et chaleureux. A l'image du bon slave, ils aiment les repas arrosés, qu'ils savent très bien faire partager à leurs invités. Dans le même ordre d'idée, ils aiment beaucoup l'alcool, la vodka (ou wodka) en particulier, qui constitue une grande partie de leur patrimoine. En effet, il existe plus de 80 types de vodkas en Pologne (officiellement) qui peuvent tirer jusqu'à 90° ; la vodka polonaise la plus connue étant la Zubrowka dont vous entendrez parler dans l'histoire l'Alexey.

 

2. Le Sari, tenue traditionnelle en Inde

Les traditions indiennes concernent essentiellement  l'histoire de Djeffh

Durant l'épilogue de Djeffh, on apprend que Shrila, d'origine Indienne, porte un Sari.

En Inde, le sari est un vêtement traditionnel porté par les femmes.

Cette tenue date d'il y a plus de 2000 ans, et est toujours porté par des millions de femmes Indiennes (et Srilankaise)  aujourd'hui.

Le sari est une large bande de tissu d'environ 1,20 m de large sur 5 à 6 m de long. Sa technique de drapé varie selon les régions, les castes, les activités, les religions, etc.
Le sari se porte sur un jupon et un corsage serré laissant le ventre nu. Il est fait d'une pièce, et il n'est habituellement porté que par les femmes mariées car c'est l'un des six signes du mariage au Sri Lanka et en Inde.

Dans l'épilogue de Djeffh, pour notre histoire, ceci pourrait laissé penser que Shrila est mariée.

 


 


20/04/2015
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The Limbic Brain : Contexte politique

L'histoire se passe, comme il l'est précisé à de nombreuses reprises, en République populaire de Pologne, dans les années 80. Le contexte politique ne correspond donc en rien à ce qu'on peut connaître aujourd'hui dans nos pays modernes, à nos communautés ouvertes et à nos nombreux partis politiques. Je vais vous faire le plaisir de mettre tous les termes compliqués au placard pour faciliter la compréhension de tous, mais si vous souhaitez d'avantage de précisions je vous invite à laisser un commentaire.

 

Le pays

La République populaire de Pologne est le résultat de la maîtrise communiste sur l'Europe de l'Est à la fin de la Seconde Guerre Mondiale. Cet état communiste, dirigé par le Parti ouvrier unifié polonais a existé officiellement de 1952 à 1989, bien qu'il ai été mis en place dès 1944 sous le nom de Rzeczpospolita Polska (République de Pologne), 1952 étant l'année où la nouvelle Constitution a été adoptée. La République populaire de Pologne rejoignis le Pacte de Varsovie en 1955, s'alignant ainsi avec tous les pays d'Europe de l'Est. Je passerais volontairement les détails de la mise en place du Communisme dans ce pays, ainsi que le début de la Guerre Froide. Tout ce dont vous aurez besoin de savoir, c'est que la situation politique ressemblait à celle de l'URSS, avec son lot de massacres, de soulèvements, de répression, d'espionnage, de rationnement, de pauvreté et de méfiance générale.

Concrètement, pour notre histoire, la Pologne subit l'influence directe du gouvernement de l'URSS. La présence du KGB et de l'Armée Rouge est donc "justifiée".

Il est aussi important de noter que la République populaire de Pologne a subit un affaiblissement à partir de 1979/1980, ce qui a valu la mise en place de la loi martiale et d'un couvre-feu à partir de 1981. Nous avons volontairement effacés tous les signes de révoltes et d'événements politiques majeurs de nos histoires, pour ne pas compliquer la lecture. A partir de 1985, la politique de Perestroika (en quelques sortes la politique de "décommunisation" du bloc soviétique) mené par Mikhaïl Gorbatchev permet aux pays d'Europe centrale et de l'Est de se débarrasser du joug communiste, ce qui offrit au peuple polonais plus de marge de manœuvre pour leurs manifestations. Le gouvernement de la République populaire de Pologne mène des pourparlers à partir de février 1989, et des élections législatives sont organisées le 4 juin de la même année, et remportée par le seul candidat encore autorisé, membre du Parti ouvrier unifié polonais. A partir d'automne 1989, le nouveau gouvernement polonais commence à effacer de la Constitution toute référence au rôle du parti communiste, puis à reprendre le nom de République de Pologne. Le 30 janvier 1990, le Parti ouvrier unifié polonais s'auto-dissout. Le président, privé de tout pouvoir, démissionne, et le 23 décembre 1990, Lech Walesa est élu président de la République, dans un scrutin tenu cette fois au suffrage universel.

 

Si vous souhaitez plus d'informations, de précisions ou si vous ne comprenez pas un élément, je vous invite à me demander par commentaire.

 

La mafia

Le rôle de la mafia durant l'occupation communiste reste assez sombre, du moment que l'appellation "mafia" est toute relative et attribuée de nos jours à la moindre organisation criminelle. Nous ne pouvons pas prouver qu'il y avait bien une mafia polonaise à cette époque dans cette région, le contexte mafieux réside donc uniquement dans notre imagination. Cela nous a permis de prendre quelques libertés vis-à-vis de ses points, il est donc très important de noter qu'aucun nom de mafia, de chefs, de titre de hiérarchie ou autres n'a été prouvé historiquement. Le choix de montrer une image de la mafia en soit assez "moderne" (telle qu'on pourrait l'imaginer de nos jours) est un choix de facilité. De la même manière, toutes les informations que nous avons trouver sur les mafias d'aujourd'hui ne sont pas estimés fiable à 100% ; contrairement à la mafia sicilienne, les mafias d'Europe de l'Est sont assez différentes, dont le système de hiérarchie et les objectifs ne sont pas standardisés et largement différents selon les familles. Nous avons donc choisis des rites, hiérarchies, traditions, objectifs et rivalités faciles et accessibles à tous, pour faciliter la lecture (et l'écriture). Gardez bien en tête que rien n'est prouvé dans le climat mafieux que nous vous porterons. Cependant, tout comme pour le climat politique, nous avons essayés d'insérer un maximum d'éléments avérés. Si vous n'arrivez pas à les différencier, n'hésitez pas à vous renseigner via commentaire, sur Internet ou auprès d'un historien.

 

PS : vous constaterez que le terme "mafia" n'est pas utilisé dans l'histoire. Le terme "mafijna" est simplement le terme spécifique à la  mafia polonaise (mafia en français = mafijna en polonais).

 


20/04/2015
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The Limbic Brain : [FINAL] Prologue 2 : Rosyjski krwi [7/7]


 

 

Si vous n'avez pas encore lu les chapitres précédents, lisez-les ICI avant de lire ce chapitre !

 

Les semaines passèrent. Je fis quelques boulots pour Iwan, je livrais des cigarettes, je l'escortais quand il devait "parler" à quelqu'un, ou tabasser les commerçants qui refusaient de payer leurs taxes*. Maciej et moi mettions de côté l'argent que nous gagnons, et pouvions nous offrir des vêtements ou des vivres plus facilement qu'auparavant. Je faisais régulièrement le point avec Iwan pour le bar russe, et il finit par me dire que Mikolaj avait accepté d'envoyer une escouade au bar russe "Tovarishch"*, celui qui était supposé héberger l'usurier qui avait agressé ma sœur. Dès le lendemain de cette annonce, il vint me parler à mon appartement.

-"Alexey, il faut qu'on parle du... Enfin de ton problème d'argent." dit-il quand je lui ouvrit, visiblement gêné par la présence de ma mère dans la cuisine.

-"Ouais, je te suis." l'invitai-je à sortir

En entrant rapidement dans l'appartement, il commença à m'expliquer avant que je n'ai le temps de m'installer à la table :

-"J'ai le feu vert de Mikolaj, il m'a dit qu'il pouvait prendre quelques hommes et faire un petit coucou à nos voisins russes. Mais il ne veut pas de bain de sang, il a bien insister, il veut pas se faire remarquer en ce moment."

-"En ce moment ?" m'interrogeai-je à voix haute

-"Oui... Heu... Je t'expliquerais plus tard. Il faut que je file. Je voulais juste te dire qu'on fera ça demain, prévient Maciej. Cyryl m'a dit qu'il avait pas casser du russe depuis longtemps et que ça lui manquait, Mikolaj m'a demander de prendre Bogdan et 2 autres hommes de main qui ont besoin d'un peu d'entraînement. Avec toi, on sera 7. C'est juste question de les impressionner un peu, rappeler à qui est la ville, en tabasser 2 ou 3, casser des verres et on part. Rien de plus !"

-"Ouais ça me va. Tant qu'ils laissent ma famille tranquille..."

-"Parfait. Bon je te laisse, je viendrais te chercher, il faudra qu'on récupère un peu d'équipement avant de se rendre là-bas ! Aller, à demain."

 

*commerçants qui refusaient de payer leurs taxes : la mafia exige parfois une "taxe de protection" que tous les commerçants d'une zone doivent payer. En temps normal, cet impôt illégal est censé protéger les marchands des voleurs et braqueurs, mais c'est souvent en refusant de payer qu'ils ont les plus gros ennuis.

*Tovarishch : "Camarade" en russe.

 

Comme promis, Iwan vint me chercher chez moi le lendemain matin. Il nous emmena, Maciej et moi, chercher de l'équipement. Il rencontra un homme alors que nous l'attendions dans sa Lada. Celui-ci lui donna une kalachnikov et un grand sac de sport, avant qu'Iwan retourne à la voiture. Il mit le fusil d'assaut dans le coffre, s'installa au volant et donna le sac à Maciej, assit à l'arrière.

-"Ouvre le sac, y'a une petite surprise pour vous dedans !" dit il avec un large sourire

Maciej ouvrit la fermeture éclair du sac avec précaution, et en sortit deux costumes emballés dans un film plastique.

-"C'est pas le grand luxe, mais ça sera toujours mieux que vos vieux chiffons que vous avez là" dit Iwan en regardant les vêtements que Maciej tendait

"Je vais vous déposer chez vous pour que vous vous changiez."

-"Et le fusil ? Il va servir à quoi ?" demandai-je, plutôt inquiet par la présence de ce type de calibre dans la voiture

-"Si tout se passe bien, on s'en servira pas. On peut pas se contenter de leur faire les gros yeux, il faut être un minimum convaincant !"

-"Et puis si ça se passe mal, on leur éclate la tête, c'est ça ?" ricana Maciej

-"Ouais, si ça te fait plaisir de t'attirer la foudre de Mikolaj, je t'en prie !" répondit-il en gloussant

Iwan nous déposa à l'appartement de Maciej. Nous nous changions rapidement, et avant de sortir, Maciej m'interpella :

-"Ah, attends, j'ai faillis oublier !"

Il s'éclipsa dans sa chambre, avant de ressortir avec une longue batte de baseball en bois dans les mains.

-"Ca fait un petit moment que je la garde pour une bonne occasion, l'heure est venue nan ?" ajouta-t-il en riant

Nous descendions retrouver Iwan dans sa voiture, et nous partions rejoindre Bogdan, Cyryl et les 2 autres hommes promis par Iwan la veille. A notre arrivée, ils se cachaient dans une ruelle proche du bar, pour ne pas que les russes qui entraient et sortaient se méfient de quelque chose. Lorsque nous les rejoignons, Cyryl me souri en me saluant, comme s'il était content de me voir. Il nous félicita pour notre nouvelle tenue, puis Iwan prit la parole pour faire le point sur les rôles de chacun.

Les deux hommes qui nous accompagnaient, Gwidon et Jerzy, s'avéraient déterminés et prêts à en découdre. J'ignorais la raison de la motivation des membres de la famille sur un problème que j'estimais personnel, mais je ne voulais pas commencer à me poser des questions alors que je touchais la solution à mes problèmes du bout des doigts. Cependant, je ne pus m'empêcher de constater que Bogdan était plutôt passif à la situation.

Une fois les rôles bien décernés, Iwan nous regarda tour à tour, comme pour tester la motivation dans nos regards ; nous l'étions tous. Il hocha la tête, et nous partions d'un pas déterminé vers le bar. Au moment où nous allions passer le seuil, deux russes voulaient sortir, Iwan et Maciej les poussaient, avant que Cyryl ne tire 2 coups de feu en l'air. Les russes accoudés au comptoir se levèrent rapidement, et sortirent par réflexe leurs armes. Les autres hommes, éparpillés autour d'un billard ou assis à des tables nous regardèrent. Certains étaient menaçant, d'autres surpris, et j'en vis quelques-uns s'éclipser rapidement par une porte dans le fond. Cyryl, Iwan et Maciej restaient en avant de notre groupe, tandis que moi, Gwidon, Jerzy et Bogdan restaient en arrière. Le bar était parsemé de rouge, quelques tableaux représentant Brejnev* ou Staline décoraient la place et un drapeau russe surmontait le comptoir, situé à droite. Des barrières en bois séparaient des tables sur le côté gauche de l'entrée, et un billard était un peu plus à l'écart, juste en face de nous.

-"Qu'est ce que vous foutez là, les Polacks* ?" demanda le barman calmement en servant une wodka à un poivrot qui ne prêtait même pas attention à ce qu'il se passait

-"On est là pour vous calmer un peu." répondit tout aussi calmement Iwan, tout en passant la kalachnikov à Gwidon. Cyryl en profita pour me passer rapidement un FB TT*, que je cala directement à ma ceinture pour avoir les mains libres.

J'en profita pour jeter un œil à Maciej, qui semblait dévisager un des russes qui tenait ce qui ressemblait à un PSM*, tout en gardant sa batte sur son épaule.

-"Calmer pourquoi ?" poursuivit le barman

Iwan se retourna vers moi, me lança un regard interrogatif avant de me faire signe d'avancer. Il me prit par l'épaule et continua :

-"Un Vladic, sa dit quelque chose à quelqu'un ?" demanda-t-il au groupement qui c'était formé face à nous.

-"Ouais." répondit une voix roque derrière le groupement. Un homme s'approcha. Je le reconnut aussitôt, c'était l'agresseur de ma soeur. Il portait encore quelques traces de notre bagarre.

-"C'est lui ?" m'interrogea-t-il

Je fixa l'homme qui c'était présenté,

-"Ouais." répondis-je sèchement tout en continuant de le fixer. Il ne semblait absolument pas inquiété par la situation.

Iwan lui fit signe de s'approcher. Il s'exécuta avec un sourire prétentieux, et s'arrêta juste devant lui. Iwan me fit un signe furtif en direction de Maciej, je compris ce qu'il voulait dire. Je tendit la main vers sa batte, qu'il me donna rapidement. Je la saisit du bras droit, et je redressa la batte en me retournant pour frapper le russe en pleine mâchoire. Celui-ci s'écroula au sol en laissant du sang s'échapper de sa bouche, alors que le groupement de rouges* emphatisais par quelques gloussement ou sifflements. Je m'approcha et passa au-dessus de l'usurier qui gémissait en se tenant la mâchoire à deux mains.

-"La prochaine fois, tu dira s'il vous plait." lui lançais-je avant de lui donner un second coup dans le nez avec le manche de la batte. Il perdit connaissance.

L'assemblée nous regardait, le groupe qui avait dégainé leurs armes nous lançaient des regards noirs et menaçants, et les personnes qui étaient attablés s'étaient reculés, ne voulant pas s'engager dans cette histoire. Je me tournais pour rejoindre le groupe, repassa derrière Iwan, et lorsque je me retourna je vis un des russe près du comptoir me viser avec son arme. J'eus à peine le temps de voir Cyryl pointer son arme en retour que le coup partait déjà. Quelques secondes après, le russe s'effondra au sol. Iwan renversa la table située devant lui pour s'abriter, Gwidon et Jerzy l'imitèrent, Cyryl se jeta derrière une petite barrière sur le côté et quant à moi, je tira quelques balles en me dirigeant dans un renfoncement dans un mur, juste devant l'abris de Cyryl. Les russes, eux, s'éparpillèrent dans le bar. La majorité s'échappèrent par la porte arrière, tandis qu'une dizaine d'autres tiraient en s'abritant derrière des tables qu'ils venaient de renverser. Les tirs se faisaient soutenus, mais nous ne tirions pas encore, le temps de retrouver nos esprits.

-"Pourquoi t'as tiré bordel ?!" hurla Bogdan à Cyryl, pour le réprimander de m'avoir sauver

-"Il allait le flinguer !" répondit Cyryl, visiblement nerveux

-"Bah au moins il nous aurait plus fait chier..." murmura Bogdan en serrant les dents, avant de tirer sur le barman et se réfugier derrière le comptoir.

 

*Brejnev : Chef de l'Etat russe de 1964 à 1982

*Polacks : surnom péjoratif donné aux polonais

*FB TT : adaptation polonaise du Tokarev TT soviétique.

*PSM : arme compacte et légère utilisée par les hauts officiers de l'armée rouge, la police russe et le KGB.

*rouges : surnom péjoratif donné aux communistes, en référence au "drapeau rouge".

 

-"Iwan, qu'est ce qu'on fait ?!" cria Gwidon

Iwan était assis contre la table, et insérait son chargeur dans son pistolet

-"TIREZ !" hurla-t-il en se redressant et en alignant le premier russe

Cyryl l'imita, puis ce fut au tour de Gwidon et de sa kalachnikov. Il ne s'attendait pas à avoir un tel recul, il tira sa première rafale et son fusil partit en l'air et toucha le lustre qui surmontait le comptoir, qui s'effondra.

-"Putain mais t'es dingue ?! Y'avait Bogdan !" cria Jerzy avant de se précipiter derrière le bar pour lui porter secours. Il s'éclipsa quelques secondes, avant de revenir à sa position et de dire à Iwan, la voix chevrotante :

-"Il est plus là !"

-"Quoi ?! Putain... On verra ça tout à l'heure. Butez déjà ces fumiers !"

La fusillade dura plusieurs longues minutes. Alors que Cyryl venait de vider son chargeur sur sa cible, je prenais le relais et tirais 3 balles en plein torse d'un russe dans un beau costume qui tentait de fuir. Je me remis à couvert, en j'entendis Maciej me crier :

-"Bien joué, mon ami !" avant qu'il ne se redresse à son tour et ne tire dans l'épaule d'un adversaire qui s'écroula en hurlant.

-"T'as trouver où ton arme ?!" lui demandai-je, interloqué par le fait qu'il ai une arme alors qu'il était entré sans.

-"Demande à Iwan !"

-"J'étais armurier dans une autre vie" répondit-t-il, avant de laisser passer sa tête sur le côté de son abri. Il reprit :

"Y'en a plus qu'un !"

Cyryl jeta un coup d'œil. Il fixa quelque chose attentivement. Je regarda à mon tour, et vu un tout jeune adolescent qui levait les mains, au milieu des traces de sang sur les murs et des cadavres.

-"Meeerde !" m'écriai-je

Iwan se leva. Ses yeux s'écarquillèrent. Il jeta son arme derrière lui et s'approcha du jeune garçon. Il devait avoir une quinzaine d'années, les cheveux courts. Il ne semblait pas vraiment apeuré, mais ni pour autant serein. Iwan s'agenouilla devant lui. Il lui murmura quelque chose, que je ne réussis pas à entendre. Le jeune garçon lui répondit plus distinctement, mais je ne compris pas non plus, il parlait en russe.

-"Allez, dégage." dit Iwan en se redressant. L'adolescent suivit son conseil et couru vers la porte d'entrée pour sortir.

Un petit silence s'installa.

-"Hé, Cyryl, il arrive quoi à ton flingue là ?" demanda Maciej

Cyryl  regarda son Makarov. Son pontet* était tordu et le canon fumait encore alors qu'il avait cessé de tirer depuis plusieurs minutes.

-"Qu'est ce que..." pensa Cyryl tout haut

-"Montre-moi ça ?" lui dis-je en tendant ma main vers son arme

Il me passa son arme. Je la tournais dans tous les sens pendant quelques secondes, et je lui rendit.

-"C'est de la merde, un pistolet à eau aurait durer plus longtemps !" constatais-je

-"Quoi ?"

-"Regarde ça...", je lui montra le levier de sûreté*, "...sur un Makarov, la sécurité est vers le haut. Là, le levier est levé, pourtant tu tires quand même !"

-"Et ça veut dire quoi ?" me demanda-t-il d'un air inquiet

-"Attends, attends, j'ai pas fini !" lui répondis-je en riant, "regarde là. Normalement, du côté gauche, il y a un anneau de dragonne. Et là, y'a rien !"

-"Ce qui veut dire ?" insista-t-il, inquiet

-"Tu l'as eu où ton calibre ?"

-"Marché noir..."

-"J'espère que tu connais le nom du vendeur, parce que c'est un faux !"

-"Et d'où tu sais tout ça toi ?"

-"Mon père aimait bien les armes. Il avait une petite collection de livres, je passais mes journées à les lire. Et ça m'est resté !"

-"Ben mon vieux, t'as choisis la bonne voie pour que ça te soit utile !" dit-il en tournant les talons pour sortir. Nous le suivions, et rentrions chez Mikolaj pour lui faire un compte-rendu. Maciej et Cyryl prirent une voiture, et Iwan, Gwidon, Jerzy et moi prenions la Lada.

-"Et Bogdan ?" demanda Jerzy une fois que nous étions en route

-"La zone grouille de russes. Le Korpus va pas tarder à débarquer et à boucler tout le quartier, voire même le KGB. Alors si tu veux retourner là-bas pour chercher cet imbécile, libre à toi, mais pour le moment c'est moi qui conduit, donc t'attendra qu'on soit arrivé."

-"Le KGB ?!" s'exclama Gwidon

-"Jusqu'à preuve du contraire, le KGB est russe... Je sais pas si t'as remarqué, mais le bar était russe. Pour le moment, notre beau Pays est communiste. Donc, oui, le KGB va débarquer. Il est peut-être même déjà là-bas."

-"C'est possible qu'on ai tuer des agents du KGB ?" demandai-je à mon tour

-"Pourquoi tu demandes ça ?"

-"Jai vu... Un des russe, avec un PSM."

-"T'es sûr de ça ?!" demanda Iwan, presque menaçant

-"Je suis sûr de rien. C'est pour ça que je demande."

-"Bon... Bah... Du moment qu'il est mort, il devrait plus nous balancer." répondit Iwan, vraisemblablement préoccupé.

 

*pontet : partie demi-circulaire sous la détente d'une arme

*levier de sûreté : mécanisme de sûreté (appelée communément "sécurité") qui bloque la détente et empêche le tir d'une arme à feu

 

A notre arrivée chez Mikolaj, Filip nous accueillis.

-"Alors les gars, comment ça s'est passé ?" demanda-t-il en ouvrant la porte

-"Bof" soupira Iwan en entrant

-"Aïe... Monte avec Alexey, il vous attend déjà."

-"Il est de bonne humeur ?" insista Iwan

-"Ho merde, à ce point là ? Je crois pas qu'il est énervé."

-"Ouais, à ce point là..." déclara Cyryl en entrant à son tour

-"Le faites pas attendre, le bureau est ouvert. Et vous quatre, venez avec moi, vous allez me raconter." dit-il en se dirigeant vers la cuisine.

Iwan et moi montions à l'étage. Il semblait très stressé, et je finis par l'être aussi. Arrivé dans le grand couloir, j'aperçu la porte du bureau grande ouverte. Mikolaj était derrière son bureau, et observait  l'extérieur pas sa grande baie vitrée, dos à la porte. Iwan frappa délicatement avant d'entrer.

-"Entrez, entrez. Je vous attendais." dit-il, tout en continuant de regarder dehors.

Nous nous asseyions sur les deux fauteuils devant son bureau. Iwan me lançait de grands regards inquiets, comme un mauvais élève qui allait se faire disputer par ses parents. Mikolaj se retourna et s'asseyait doucement à son bureau en soupirant.

-"Eh ben, vous en faites une tête !" nous lança-t-il, attendant visiblement une réponse. Constatant que nous n'osions même pas le regarder, il poursuivit :

-"Qu'est ce qu'il c'est passer ?"

Iwan s'éclaircit la gorge avant de prendre la parole, en fixant un stylo posé sur la table devant nous.

-"Ils ont... Tirés" répondit-il faiblement

-"Quoi ?!"

J'aperçu les mains d'Iwan trembler l'espace d'un instant, j'étais très impressionné par le pouvoir qu'avait Mikolaj sur lui. D'habitude si calme et sûr de lui, il semblait en l'espace de quelques minutes, devenir un vieil homme affaiblit. Mais malgré la honte qu'il dégageait, Mikolaj ne se laissait pas attendrir, et dévoilait une face impitoyable que j'ignorais jusque là.

-"Ils nous ont tirés dessus... On a été obligé de répondre..."

-"Vous lez avez tués ?! TOUS ?!" cria Mikolaj

Je me sentis obligé d'assumer mon rôle dans cette histoire

-"C'est de ma faute, j'ai frapper l'usurier qui avait agressé ma sœur et un des..."

-"Je me fiche de tes explications ! Vous imaginez même pas dans quelle merde vous nous mettez !" hurla-t-il en se levant brutalement de sa chaise, avant de continuer : "Il y a eu des témoins ?!"

-"Non, ils sont tous morts. Ceux qui se sont échappés... Sont partis avant qu'on ne tire." répondis-je

-"Iwan, je suppose que tu sais que sortir les armes dans un bar soviétique n'est pas réconfortant ?"

-"J'en suis parfaitement conscient..." dit Iwan en regardant ses chaussures

-"De surcroit, tu sais ce qu'il se passe en ce moment ?!"

-"Oui..." répondit-t-il, honteux

-"Et toi, Alexey ?" me demanda Mikolaj en me menaçant du regard

-"Heum... Non..." dis-je, honteux à mon tour

-"Les autorités sont après nous. On a localisé de nouveaux résistants anticommunistes en ville, dans ce qu'il semblait être un bar. Je voulais prendre contact avec eux, mais ils les ont attaqués ce matin. L'étau se resserre. Je vous avais demander de rester discret pour ne pas attirer en plus le KGB sur le terrain, je vous avez fait CONFIANCE, vous saisissez ? Sa fait un bon mois que j'ai plusieurs hommes surveillés, et je crois que nos versements à répétition* ne suffisent plus, c'est aller beaucoup trop haut dans les échelons. Et en plus de ça, si les russes commencent à nous chercher les ennuis, je peux directement mettre le feu à la ville*. J'avais accepter de vous confier cette mission parce que j'avais besoin de leur mettre un petit coup de pression, mais je ne pensais pas pour autant décimer leurs rangs."

-"Excusez-moi, monsieur, mais je ne connaissais pas tous ces éléments... De plus, c'est les russes qui ont tirés en premier, d'une certaine manière." déclarais-je en légitimant notre fusillade

-"Je vais essayer de ramasser les morceaux de vos conneries, mais croyez-moi, si il y a le moindre problème avec les russes, je n'ai rien à voir avec cette histoire, et je serais même prêt à leur offrir vos têtes, si ça peut me permettre de sauver le reste de la famille."

Un court silence s'installa. Le stress m'étouffait, mais je tentais de rester calme et de ne pas me laisser impressionner.

-"Disparaissez." conclu Mikolaj en se retournant pour scruter l'extérieur par sa baie vitrée.

Iwan se leva rapidement, et sortis précipitamment. Je le suivis en refermant la porte derrière moi. Arrivé dans l'entrée, il se retourna vers moi, le regard anxieux.

-"Ecoute Alexey... Fais profil bas pendant quelques temps. Mikolaj était énervé, ne reste pas sur ce qu'il vient de se passer, il saura passer l'éponge, mais uniquement le moment venu."

-"Sa ira pour toi ?" demandai-je, inquiet de son état

-"Oh, oui, t'en fait pas, c'est pas la première fois qu'il pique une crise. Va retrouver Cyryl, moi je rentre, c'est plus tellement de mon âge toutes ses conneries." gloussa-t-il en passant la porte.

 

*versements à répétition : pot-de-vin, moyen souvent employé par la mafia pour empêcher les autorités de trop "vérifier" leurs activités

*Mettre le feu à la ville : La plupart des affrontements entre les mafias et les autorités se finissent par une mise à feu et à sang de la ville.

Je fis quelques pas dans l'entrée. Je n'avais jamais encore vécu un moment aussi brutal. Tout ce sang, tous ces cadavres, tous ces deuils... Je m'asseyais quelques instants dans les escaliers pour reprendre mes esprits, en prenant mon visage entre mes mains. Après quelques minutes, je repris un peu de vigueur et je décida de visiter la grande maison. Je démarra ma visite par un couloir sur la droite dans l'entrée. Deux ou trois mètres plus loin, une porte en bois clair était placée juste avant l'angle. Je ne m'y aventura pas et continua de longer le couloir, parsemé de grandes photos encadrées, une plaque sous les tableaux indiquant le nom de la personne représentée. Je reconnus naturellement Mikolaj et Iwan, plus jeune d'une bonne dizaine d'années chacun, l'un en face de l'autre, dans un beau costume sombre et encadrés dans un plus grand cadre que les autres. A la droite de Mikolaj, aussi encadré plus largement, un homme d'un certain âge, accommodé d'une petite moustache. Je ne l'avais jamais vu auparavant, pourtant il semblait être un membre important et estimé de la famille. Sa plaque indiquait un certain "Bogumil Zabojcaik", je me promis de demander des renseignements sur cet homme. Je continua ma visite. Après quelques portraits, je vis Filip et Cyryl, accompagnés de plusieurs dizaines d'hommes que je n'avais jamais rencontrés. Je compris alors que la mafia était beaucoup plus conséquente et puissante que je ne l'imaginais. Au bout du couloir, je fus très surpris de trouver le portrait du fameux Lech Walesa, que j'avais aperçu à de nombreuses reprises sur des affiches dans les rues de Lodz.

Alors que je m'apprêtais à achever ma petite promenade et de faire demi-tour pour retrouver Cyryl et les autres dans le salon, j'entendis comme des sanglots en provenance de l'autre côté du couloir. Je m'immobilisa quelques secondes pour mieux distinguer ce bruit, et les sanglots se firent plus distincts. Je pris l'initiative de m'approcher de la source. Après avoir passer un second angle, je déboucha sur une impasse qui donnait sur une unique porte en bois usé. Cette partie du bâtiment semblait moins bien entretenue que le reste. Au fur et à mesure que je m'approchais, j'entendais plus clairement des apitoiements.

-"Non... Non... S'il vous plait..." entendis-je une fois mon oreille collée à la porte. Cela semblait être une voix de femme. J'ouvris la porte doucement, elle grinçait légèrement et je crus me faire entendre. Elle donnait sur un escalier en bois éclairé par quelques lampes murales. Je le descendit précautionneusement, en entendant de plus en plus fort les gémissements et les appels à l'aide. Après avoir traversé un petit couloir aux murs de pierres étroit et au sol poussiéreux, j'arriva dans une petite sale sombre, éclairée par une faible ampoule. En dessous de celle-ci se trouvait une jeune  femme blonde, qui pleurait en regardant le sol devant elle. Elle semblait avoir été frappée à de nombreuses reprises, attachée à une chaise en bois. La colère m'étouffa subitement, quel pouvait être l'animal ayant put frapper une jeune femme sans défenses ?

Ma question trouva vite sa réponse. Une silhouette sortis de l'ombre et s'approcha de moi en passant à côté de la prisonnière. Une fois planté devant moi, je reconnus le petit individu : Bogdan.

-"Qu'est ce que tu fous là toi, hein ?!" m'agressa-t-il

-"C'est plutôt moi qui devrait te poser cette question." répondis-je en lui lançant un regard noir.

-"Quoi ?!"

-"Où est-ce que t'as fuis dans le bar ?!" l'agressai-je à mon tour

-"J'ai pas fuis, j'ai suivis ceux qui partaient !"

-"Et t'as eu la magnifique idée de ne pas nous prévenir, et de choper une fille dans la rue pour l'attacher dans la cave ?!" criai-je

-"Mais qu'est ce que tu me racontes toi ?! Elle était dans la voiture d'un des russkoff, je l'ai descendu et je l'ai amener ici, hein. Je suis sûr qu'elle sait quelque chose cette petite garce."

-"Et tu veux qu'elle te dises quoi ?! Qu'est ce qu'elle devrait savoir ?! On est pas partis là bas pour interroger les jeunes innocentes !"

-"On est pas partis non plus pour tuer tout le monde que je sache hein !"

-"C'est sûr que t'aurais préféré que je me fasse descendre !"

-"Honnêtement ? Ouais. Tu m'emmerdes depuis que Cyryl t'as adressé la parole hein."

-"Pauvre petite chose, et la seule manière que t'as trouvé pour te venger, c'est de te défouler sur la première personne que tu trouvais ?! C'est lâche. Mais bizarrement, ça m'étonne pas de toi."

-"De quoi tu te mêle, hein ?!" aboya-t-il en me poussant

-"Me touche pas !" ordonnai-je en le repoussant

-"Sinon quoi ?" demanda-t-il sournoisement en affichant un sourire malsain

-"Sinon ça." répondis-je sèchement en me dirigeant vers lui pour lui lancer un puissant coup de poing dans la mâchoire.

Il s'écroula par terre, et mit quelques secondes pour reprendre ses esprits, avant de se jeter sur ma jambe pour me mettre au sol à mon tour. Je tomba lourdement en soulevant la poussière autour de moi. Je l'attrapa par la gorge en le maintenant en dessous de moi, alors qu'il tentait d'appeler à l'aide. Il me donna un coup de genoux dans le rein, ce qui lui permit de se dégager. Alors qu'il essayait de se relever, je le tacla de la main et il retomba sur le dos. Je me jeta alors sur lui, me retrouvant à nouveau au dessus de lui, et je lui asséna cette fois plusieurs coups de poings dans le visage. Entre 2 coups, il me rejeta avec une telle force que je me remis debout et que je heurta le mur de pierre derrière moi. Ma vision se troubla. Je devina que Bogdan se releva en titubant, et se dirigea vers moi, non sans mal. Alors même que je me ressaisissait, il tenta de me frapper à son tour. J'eus juste le temps de m'écarter, son poing frappa alors la pierre violement et il poussa un hurlement de douleur. J'en profita pour lui attraper la nuque et frapper sa tête contre le mur. Il retomba au sol, et je le releva par le col pour le plaquer au mur. Il avait le visage boursouflé, le nez en sang, et respirait très rapidement. Je supposais que j'étais dans le même état, mais, lui, n'osait même pas me regarder. Il observait le sol autour de nous. Je le secoua pour soutenir son regard, et il me fixa dans les yeux pendant quelques instants. Je voyais qu'il voulait dire quelque chose, j'ignorais quoi, mais il décida de maintenir le silence dans la pièce, percé de temps à autres par les sanglots de la jeune femme toujours attachée sur la chaise. Soudain, j'entendis la porte de la cave s'ouvrir brutalement, et des bruits de pas de plusieurs personnes, qui semblaient descendre les escaliers rapidement. Bogdan et moi-même regardions Maciej, Filip, Cyryl et Jerzy envahir la salle.

-"Putain mais qu'est ce que vous foutez vous deux ?!" cria Filip

Maciej et Cyryl s'approchèrent pour nous séparer. Cyryl m'écarta de Bogdan et envoya ce dernier vers Jerzy. Filip remarqua que nous étions sonnés, et que nous ne nous rendions pas compte de la situation.

-"Laisse Filip, je m'en occupe. Emmène l'autre en haut." demanda Maciej en me prenant par l'épaule pour m'emmener plus loin dans la pièce. Jerzy en fit de même avec Bogdan pour l'emmener à l'étage. Cyryl me lança un petit sourire avant de suivre les autres.

-"Qu'est ce qui t'as pris ?" me demanda Maciej calmement, en saisissant une chaise sur le coté pour me faire asseoir.

-"C'est... C'est vraiment un enfoiré..."

-"C'est pas tellement nouveau ! Pourquoi tu l'as frappé ?"

Je répondis par un geste de la main vers la jeune femme.

-"C'est qui ?"

Je haussa les épaules. Maciej alla vers la prisonnière, et s'agenouilla devant elle. Elle était dos à moi, je ne voyais donc pas ce qu'il se passait. Il se redressa au bout de quelques instants, et me regarda en faisant un légère mou et en haussant les épaules. Je m'approcha à mon tour pour la détacher de la chaise. Elle leva alors faiblement la tête, regarda Maciej, puis moi, et nous demanda d'une voix fébrile :

-"Qui êtes-vous ?"

Je remarqua alors qu'elle avait un fort accent russe. Nous nous regardâmes quelques secondes avec Maciej, avant qu'il réponde

-"Moi, c'est Maciej, et lui, c'est Alexey. On te veut pas de mal, d'accord ?"

-"Ou... Oui... Je m'appelle Natasha Nikolaiovna Ananiev..."

-"Qu'est ce qu'il s'est passé tout à l'heure ? Comment tu es arrivé ici ?" demandai-je à mon tour. Je remarqua l'espace d'un instant que l'émotion l'envahissait.

-"Le... Ce... Type... A tué mon père... Quand il voulait s'enfuir d'un bar..."

-"Qu'est ce qu'il faisait là-bas ?"

-"Il... Il a quitté la Russie il y a 6 mois pour venir ici... Il était chef de quartier*, mais le quartier s'est rebellé contre le commissariat, et mon père a été accusé d'avoir causé la révolte... Il a dût fuir ici* pour retrouver un ancien ami, il aurait put le faire passer en RFA*. Il devait le rencontrer au bar russe, mais il a été attaqué... Il a bien tenter de fuir, mais cet ublyudok* l'a tué quand il montait dans la voiture. Moi je l'attendais à l'arrière... Après l'avoir tué, son meurtrier m'a fait sortir de la voiture... Je pensais que c'était le KGB, et qu'ils allaient me tuer à mon tour, mais il m'a emmené ici et il m'a poser des questions sur un type... Andreinov... Mais je ne le connais pas !"

-"Oui, oui, ne t'inquiète pas... On ne te fera rien, d'accords ? Il faut que tu te calmes." l'assurai-je en m'agenouillant pour la regarder dans les yeux.

Maciej m'attrapa par le bras et m'emmena à quelques mètres pour me chuchoter quelque chose

-"Elle a  vu son père se faire tuer il y a moins de 2 heures, il faut la laisser seule pour se reprendre ! Qu'est ce que tu compte faire avec elle ?"

-"Comment ça qu'est ce que JE compte faire avec elle ?!"

-"Je sais pas... Je vais quand même pas la prendre !"

-"On peut pas la laisser ici... Je vais la prendre chez moi."

-"Tu as besoin d'aide ?"

-"Ouais, il faudrait faire diversion... Emmène Cyryl à l'écart, demande-lui de m'emmener chez moi, je peux pas y aller à pieds. Dis-lui de me rejoindre quand vous serez partis avec les autres, je veux pas me faire voir. Et puis... Ca sera déjà pas mal. Merci..."

-"Tais-toi ! Tu voudrais quand même pas que je te laisse dans cette situation tout seul ?! Je vais faire ça. Reste là. Console-la un peu, elle a vraiment pas l'air bien..."

-"Pas tellement étonnant !"

 

* Chef de quartier : Dans l'organisation soviétique (KGB), un chef de quartier est une personne chargée de surveiller (espionner) les personnes dans un quartier, pour éviter les "contre-révolutions" (pour éviter les contestations du gouvernement soviétique)

* Il a dût fuir : Les personnes soupçonnées d'être contre-révolutionnaires sont condamnées à la peine de mort

* RFA : République Fédérale d'Allemagne, contrôlée par les français, les britanniques et les américains (en dehors donc de tout contrôle soviétique)

* Ublyudok : enfoiré, en russe

 

Maciej emprunta l'escalier montant à l'étage. Tous ses événement précipités me firent réfléchir. Je me sentais le besoin de parler à un ami, un ami fiable, comme Maciej, que je connais depuis toujours. Je me demandais comment lui vivait tout ça. Contrairement à moi, le sang et la violence ne semblait pas lui poser de problèmes. Peut être est il plus fait pour ce boulot que moi.

 

Je réfléchis quelques instant, puis décida de passer à autre chose. Je m'approcha de Natasha, toujours assise sur la chaise. Face à elle, j'observais son visage. Elle avait de magnifiques yeux bleus, qui devaient certainement être mis en valeur par la lumière faiblarde et les nombreuses blessures qu'elle avait au visage. Je ne la connaissait quasiment pas, et pourtant, je me sentais déjà proche d'elle.

 

-"Je vais te loger chez moi. Je vis avec ma mère et ma sœur... Elles ne sont pas au courant pour la mafia, ni pour la fusillade, et je préfère que ça reste comme ça. Elles s'inquiéteraient pour moi... C'est normal. Tu comprend ?"

Natasha acquiesça.

"On a qu'à dire que tu es ma petite amie, tu es d'accord ?"

Elle leva les yeux, et sembla gênée par cette proposition. Elle rougie, et mon cœur s'emballa. Un sentiment étrange me prenait subitement.

 

Cyryl débarqua brusquement dans la pièce :

 

-"Maciej fait diversion, venez, la voiture est dans la ruelle derrière."

 

J'aida Natasha à se lever et Cyryl nous conduisit dans un couloir à l'étage menant à une sortie. La voiture nous attendait. Cyryl avait laisser le moteur tourner, et à peine nous fîmes montés dans le véhicule qu'il démarra.

 

Durant le trajet, je sentis que Natasha était attristée. Je ne savais pas comment réagir, je me contenta de poser ma main sur son épaule pour lui exprimer mon soutien, et lui faire comprendre qu'elle peut compter sur moi.

Cyryl me lança un regard via le rétroviseur, et entama la discussion :

-"J'étais un peu retissent à ton entrée dans la famille, pour être honnête. J'avais peur que tu sois trop mou, que tu ai peur de prendre des initiatives, comme il y en a trop dans la famille. Tu m'as volé le privilège de tabasser Bogdan, tu le sais ça?", dit il sérieusement, avant de laisser entendre un léger rire.

Je savais que Cyryl était généralement peu ouvert au dialogue et que peu de personne pouvait se targuer de l'avoir pour ami. Etonnement, il semblait vouloir nouer des liens avec moi, comme j'avais pus le voir avant la fusillade.

"Comment tu te sens?", me demanda t-il en ralentissant pour emprunter l'intersection et se garer devant mon immeuble.

-"Ca peut aller. Tout ça arrive si subitement... Mais je pense pouvoir m'en remettre", lui assurai je, pour lui montrer que je n'abandonnais pas pour autant mon projet concernant la mafia.

Il acquiesça, avant de descendre et d'ouvrir la portière de Natasha, pour l'aider à marcher.

Je remercia Cyryl, et continua seul avec Natasha jusqu'au seuil de la porte de notre appartement. J'hésita quelques instant, réfléchissant à quoi répondre à ma mère, en cas de question. Je posa la main sur la clanche pour l'ouvrir, mais quelqu'un derrière la porte me devança.

 

-"Alexey ? Que fais-tu déjà là ? Qui est-ce?", interrogea Ewa, surprise.

J'entra, sans dire un mot, lui faisant signe de m'aider à faire marcher Natasha.

-"Je... Je ne sais pas quoi te dire, Ewa.", répondis-je, calmement, conduisant la jeune fille jusqu'à ma chambre.

Bizarrement, ma sœur ne posa pas d'autres questions. J'imagine qu'elle avait peur et ne préférait pas connaitre la nature de mes occupations.

-"Maman arrivera d'ici une heure. J'espère que tu aura plus de réponse à lui donner...", dit-elle, avant de rejoindre la cuisine.

 

J'installa Natasha sur mon lit et lui dis :

-"Il y a une salle de bain à côté. Tu peux te nettoyer un peu si tu veux. Repose-toi, ici tu ne craint rien."

Ewa entra dans la chambre avec un verre de jus de pomme et des vêtements propres lui appartenant, qu'elle posa à côté de Natasha.

 

Le soir arriva rapidement. Comme prévu, j'annonça à ma mère que Natasha était ma petite amie. Elle fût heureuse de la rencontrer, et pour éviter les questions supplémentaire, je la présenta comme polonaise.

 

 

Le lendemain, Maciej frappa de bonne heure à la porte de notre appartement.

Natasha dormait encore, et je décida de la laisser avec Ewa. Je savais qu'elle était entre de bonnes mains.

Maciej et moi marchions jusqu'à un parc, et nous nous installâmes sur un banc.

C'était le moment parfait pour faire le point, et discuter de tous ses événements difficiles.

-"Comment tu fais pour rester aussi fort face à tout ça... Je veux dire... Parfois, je pense à tout le sang qu'on fait couler. Ce n'est peut être que le début. On s'en est bien tiré jusqu'à présent, mais qui nous dit qu'une prochaine fois, ce ne sera pas l'un de nous qui prendra une balle?"

Il m'écoutait, pourtant il semblait ailleurs. Préoccupé par autre chose.

J'aperçu les yeux rouges de Maciej et décida d'interrompre la discussion. Il semblait mal, étrangement, lui qui a toujours était très solide.

Maciej ne me paraissait pas apte à discuter, et je l'invita à continuer notre promenade.

J'avais toujours ce besoin de m'exprimer, de donner mon ressenti sur les événements. Mais pour la première fois depuis que je connais Maciej, il ne me réconforta pas. Je me demandais ce qui le préoccupait autant, mais n'osait pas lui poser la question.

Je ne pu pourtant m'empêcher de terminer la discussion :

"Si jamais je venais à... Mourir, lors d'une fusillade ou autrement, occupe toi d'Ewa et de maman... S'il te plait".

 

 

Première publication : 31-05-2014 14:22:36

 


20/04/2015
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The Limbic Brain : Prologue 2 : L'initiation [6/7]

 

Je me leva de bon matin, avant l'aube. Je fis attention de ne réveiller personne et je partis discrètement attendre Iwan et Maciej dans la rue.

La ruelle était incroyablement calme. La nuit était fraîche, je m'avançais vers la route pour m'asseoir sur un banc, où je trouva Iwan qui admirait l'horizon imperceptible. Sans un mot je m'asseyais à coté de lui et regarda dans la même direction que lui.

-"Il va falloir faire un peu attention, le couvre-feu n'est pas levé" démarra Iwan à voix basse.

-"Tu ne veux pas attendre l'aube ?"

-"Oui, on pourrait aussi attendre que l'argent se déplace directement dans nos poches."

-"Je vois" gloussai-je

On entendit des rires au loin, qui venait du bout de la rue. Nous regardions en même temps dans la direction : c'était 2 soldats du KBW, qui avaient visiblement eu le temps de se réchauffer avec les deux bouteilles qu'ils tenaient chacun à la main.

-"Bouge pas, ils vont même pas nous voir"

Iwan et moi les regardions s'approcher en titubant. L'un des deux essayait visiblement de raconter une blague, mais il était pris d'un fou rire tellement puissant qu'il ne parvenait même pas à finir sa phrase. L'autre n'était pas non plus en reste, il riait en buvant l'air de sa bouteille. Les deux poivrots ne prirent même pas la peine de regarder dans notre direction. Ils commençaient à s'éloigner lorsque Maciej arriva en regardant vers les soldats.

-"Eh ben, y'en a qui manque de rien !" ria-t-il. "Par contre, vous, vous êtes inhumain. Vous dormez jamais ou quoi ?"

-"Si, la nuit" répondis-je en souriant

-"Allez, on tarde pas. J'ai laissé le camion au bout de la rue, dans un garage."

Nous suivions donc Iwan vers l'emplacement du camion. Iwan regarda sa montre et dit :

-"Le couvre-feu se lève bientôt, on va pouvoir rouler à peu près librement."

-"A peu près ?"

Il ricana, puis repris :

-"On est connus comme le loup blanc ici !"

Il tourna brusquement devant une grande porte de garage blanche sale. Il sortit une clef de sa poche, la tourna dans la serrure et ouvrit brutalement la porte d'un coup sec.

-"Attendez-moi là, je sors la bête" plaisanta-t-il avant de s'engouffrer dans le garage sombre et poussiéreux. Au bout de quelques secondes, les deux gros phares ronds nous éblouirent. Iwan sortit le véhicule du garage pour nous dévoiler un grand camion à plateau en bois. Il descendit, referma la porte du garage et remonta.

Moi et Maciej nous regardions, puis Iwan ouvrit la porte passager de l'intérieur.

-"Hé, je peux vous emmener quelque part mesdemoiselles ?" s'esclaffa Iwan

-"T'es bien en forme aujourd'hui !" ricana Maciej en montant dans le camion

-"Vous verrez, dans quelques temps c'est vous qui me parlerez comme ça !" ajouta Iwan me regardant monter à mon tour.

-"Bon, on va où ?" demandai-je une fois engagés dans la rue

-"Je vous emmène dans un petit quartier pas loin, les gens savent qu'on vient régulièrement. Vous aurez juste à m'aider à vendre tout ce qu'il y a derrière. On se déplacera sûrement un peu de temps en temps, on changera de quartier, y'a de quoi faire dans la ville. On vend tout, et on partage. Il doit bien y en avoir pour 10 millions*.

-"T'es en train de nous dire qu'on est assis sur 10 putains de millions ?!" s'exclama Maciej

-"Ouais, si on veut. Mais te réjouis pas trop vite, je dois déjà prendre mon investissement, la part pour Mikolaj*, et on divise le reste par 3 !" calma Iwan

-"Ouais, on devrait déjà essayer de vendre tout sa, non ?" ajoutai-je en gardant tout mon sang froid

-"Ouais, mais je vois pas ce qu'il pourrait nous arriver de très grave. C'est de l'argent facile, et personne n'a de raison de nous faire chier. Sa fait des années que je fais ça, j'ai jamais eu de problèmes."

 

*La part pour Mikolaj : Dans une mafia, toutes les activités effectuées par les membres doivent rapporter des fonds à la mafia ou au Parrain.

 

Iwan tourna dans une rue, passa un portail ouvert et nous arrivions sur une grande place vide, entourée de petits immeubles en briques. Le jour se levait. Iwan regarda sa montre et nous dit :

-"Ils vont pas tarder. Quand ils verront le camion, ils vont se précipiter. Je sais pas ce qu'ils mettent dans ses saloperies, mais les gens en redemandent."

Et en effet, au bout d'à peine 2 minutes, une dizaine de personnes étaient là. Il y en avait pour tous les goûts : des jeunes, des vieux, des femmes, des hommes. Ils attendaient patiemment leur tour tout en formant une masse autour du plateau en bois. Lorsque le groupe fut assez important, Iwan descendit. Nous l'imitions, et nous l'aidions à ouvrir l'arrière du camion.

-"Montez, vous me passerez les paquets quand je vous le demanderais" commanda Iwan

Nous nous exécutions, et ouvrit les cartons assez rapidement. Iwan prenait les commandes, et nous lui passions les paquets, les cartouches ou les cartons en fonction de la demande. L'ensemble était assez rythmée. Quand 2 personnes étaient servies, 3 autres arrivaient. Nous soutenions la cadence pendant une petite heure, jusqu'à ce que le dernier client soit servis.

-"On a fournis toute la ville ?" ria Maciej en descendant du plateau

-"Eh non, il nous reste quelques quartiers avant de rentrer !"

Nous nous rendions donc vers d'autres quartiers, tous bien différents. C'était la première fois que je pouvais admirer ma ville, ses paysages différents, ses grandes avenues étroites, ses campagnes boueuses, ses grands immeubles dans des quartiers plus pauvres les uns que les autres. Nous nous arrêtions régulièrement sur des places isolées, où nous attendaient une petite foule de riverains. Le  chargement diminuait à vue d'œil. Nous continuions pendant 2 bonnes heures, lorsqu'il ne restait plus que quelques cartouches.

-"On en fait une dernière. On a bien bossé les gars."

Nous nous rendions donc à la dernière adresse. Maciej comme moi étions épuisés.

Lorsque nous arrivions, je ne pus m'empêcher de remarquer le grand calme dans la rue. Iwan tournait à un angle qui nous fit arriver sur une vaste place, avec de multiples accès sur les différentes routes. Soudain, 2 énormes camions débarquaient d'une petite ruelle sur le côté de la place boueuse. Nous nous arrêtions vers le milieu, et nous fûmes rejoins par les deux camions qui s'arrêtaient devant nous. Je regardais avec de grands yeux exorbités une vingtaine de soldats descendre rapidement des camions, se positionner devant le notre et nous dévisager un par un. Je ne voyais pas qu'Iwan souriait.

-"C'est quoi ce putain de bordel ?!" hurla Maciej, visiblement très énervé

Iwan ne répondit pas, descendit du camion et se dirigea vers le plateau à l'arrière. Il fut suivis par 5 soldats. Nous nous regardions d'un air désolé avec Maciej, et nous descendions du camion. Je m'attendais à ce qu'on me plaque au sol et qu'une dizaine de fusils me pointe la tête, mais il n'en fut rien. Je regardais vers les deux gros camions noirs, et je distingua le sigle du KBW.

-"Bon vous venez tous les deux ?" nous appela Iwan

Nous nous dirigions vers l'arrière du camion, où la vingtaine de soldats attendaient après Iwan.

-"Allez, montez ! Qu'est ce que vous attendez ?"

Sans un mot, nous ouvrions le plateau et montions.

-"Alors capitaine, comme d'habitude ?" demanda Iwan à un homme sur sa droite.

-"Ouais, et si vous en avez en trop, je suis preneur." répondis le capitaine

-"Donnez moi tous le reste !" nous ordonna Iwan

Nous passions toutes les cartouches restantes au capitaine, et Iwan surveillait la transaction tout à fait naturellement. Une fois toute la cargaison épuisée, le capitaine sortit une petite liasse de billets et la tendit à Iwan en riant :

-"Merci messieurs ! Déguerpissez maintenant."

Nous descendions du camion, et la vingtaine de soldats remontèrent dans leur camion qui s'éclipsa rapidement, nous laissant Maciej, Iwan et moi au milieu de la place.

-"Iwan..." dis-je en le dévisageant

-"Oui Alexey ?" me répondit-il avec un large sourire

-"Plus JAMAIS, d'accords ?"

-"Oui, Alexey" gloussa-t-il en remontant au volant.

 

Comme promis, notre matinée de travail s'arrêtait là. Nous rentrions dans notre quartier après un quart d'heure de conduite. Iwan rentrât le camion dans le garage et nous accompagna jusqu'à notre ruelle.

-"Tenez, prenez ça." dit Iwan en nous tendant une liasse de billets

-"Ca nous fait combien ?" demanda Maciej

-"40 millions*, chacun !"                             *environ 900 €

-"Ca valait le coup !" m'exclamai-je

-"Vous voulez manger quelque chose ?" proposa Iwan

-"Nan, c'est bon. Je vais rentrer" répondis-je

-"Moi aussi, je tiens à me reposer après cette foutue journée !" ajouta Maciej

Nous saluions Maciej, et nous montions vers nos appartements. Je salua à mon tour Iwan, et nous rentrions dans nos domiciles respectifs.

 

-"Bonjour maman !"

-"Ah, Alexey ! Où étais-tu ?" questionna ma mère

-"Je... J'étais partis avec Iwan, on s'est promené dans la ville" répondis-je, gêné

-"Tu es de plus en plus absent Alexey. J'espère que tu ne fais pas trop de bêtises !"

-"Non, maman. Non. Où est Ewa ?"

-"Dans sa chambre. Elle a croiser la fille Patel au marché !"

-"Patel... Bon sang ! Mais qu'est ce qu'elle faisait ici ?" m'exclamais-je

-"Je n'en sais rien, ta sœur ne m'a rien dit. Elle était assez étrange en rentrant, tu devrais aller lui parler."

-"J'irais après le repas ! Qu'as-tu fait de bon ?"

-"Je n'ai pas beaucoup eu le temps de cuisiner... Je pensais que tu ne rentrerais pas, alors j'ai fait quelques pierogi*. Tu n'auras qu'à prendre la part de ta sœur, j'en referais pour elle."

 

*Pierogi : plat traditionnel polonais, semblable au ravioli, mais fourré généralement aux pommes de terre. Parfois d'autres ingrédient (ou mélanges) interviennent, ce plat joue donc le rôle de pot pourri en Europe de l'Est (puisqu'il permet de finir les restes).

 

Je mangeais rapidement le repas que ma mère m'avait préparé, et je me rendis dans la chambre où ma sœur était assise sur son lit, et fixait le sol. Je m'assis à côté d'elle et la prit par l'épaule.

-"Maman m'a dit que tu avais vu la fille Patel ?"

-"Oui, au marché." répondit-elle en un soupir

-"Sa c'est mal passé ?" demandai-je, inquiet

-"Si... Enfin... Non..."

Un instant de silence s'installa, puis elle reprit :

-"J'ai recroisé le russe..."

-"BORDEL !" criai-je en me levant brusquement

-"Mais il n'a rien fait ! Il y avait son ami... Je ne me souviens plus de son nom... Il m'a défendu"

-"Je vais me le faire" murmurai-je en serrant les poings

-"Non Alexey ! Ce n'est rien ! On va réussir à payer..."

-"Une fois que tu auras payé, qu'est ce qu'il te dit qu'il va vous laisser ? Ces salopards ne méritent que de crever !" surenchérissais-je en frappant dans le mur.

Ma mère ouvrit la porte :

-"Mais qu'est ce qu'il se passe ici ?"

Je me retourna et la regarda un instant, en essayant de reprendre mon calme.

-"Rien, maman. Rien" dis-je calmement

Elle repartit en refermant la porte délicatement. Je me redirigea vers ma sœur et m'agenouilla devant elle, alors qu'elle était toujours assise sur le lit.

-"Ecoute... Je vais régler toute cette histoire, d'accords ? Tu n'entendra plus jamais parler de ce russe. Evite de sortir jusqu'à ce que je m'occupe de tout."

-"Qu'est ce que tu va faire ?" interrogea-t-elle

-"Tu tiens vraiment à savoir ?" répondis-je en me redressant

-"Qu'est ce que tu deviens, Alexey..." soupira-t-elle en baissant les yeux

Je quitta la pièce sans un mot. En retournant dans la salle à manger, je vis ma mère qui regardait par la seule fenêtre de la pièce. Sans faire de bruits, je quitta l'appartement et frappa à la porte d'Iwan. Il vint rapidement m'ouvrir :

-"Tu veux manger quelque chose finalement ?"

-"Non, non. C'est pour les russes."

-"Ah ! Oui ! Ca m'était sortis de la tête. Entre, j'ai du nouveau."

Je m'installa, comme à mon habitude, à la table.

-"Je te sers pas de wodka, j'en ai plus !" dit-il en s'asseyant

-"On s'en passera."

-"Bon. J'en ai parler à Mikolaj, qui était bien évidement préoccupé. C'est pas tellement dans les habitudes des russes de se pointer par ici, ils savent que le coin est bien sous notre emprise. Ils devaient connaître ton père, ils s'acharnent sur ta famille. Partis de là, je vois qu'une seule façon de leur faire passer l'envie..."

-"On les bute tous ?"

Il ricana un instant puis repris :

-"Non, on va éviter de faire la une des journaux. Sa peut se faire discrètement, tout en étant aussi efficace."

-"C'est à dire ?"

-"Une bonne grosse raclée. On y va, à plusieurs, et on leur apprends la politesse. On casse quelques trucs, on tabasse les petits malins qui voudront défendre leur bar, et on se casse. Rien de plus, rien de moins. Juste ce qu'il faut, mais pas assez pour déclencher une guerre."

-"Tu sais déjà qui on pourra emmener ?"

-"Je suppose que la question ne se pose pas pour toi. J'en serais évidement, parle-en à Maciej, je verrais si Cyryl pourra nous prêter un coup de main, et on prendra 3 ou 4 autres gars. Ne t'attends pas à voir du sang sur les murs."

-"Si tu juge que ça peut leur faire passer l'envie de s'en prendre à ma sœur, je ferais ce qu'il faut."

-"Excellent ! Je te tiens au courant, mais ça va vite être régler."

-"Très bien Iwan. Merci."

-"Mais de rien Alexey, c'est normal."

 

 

Première publication : 29-03-2014 12:50:26

 


20/04/2015
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The Limbic Brain : Prologue 2 : Au boulot ! [5/7]

 

- " T'es sérieux ? "

- "Ouais, ouais ! C'était super sérieux, et on m'a présenté pas mal de monde."

- "Et tu pense qu'ils vont me faire pareil quand ?"

Maciej et moi étions assis sur un banc devant une route. Une belle journée s'annonçait.

- "Comment veux tu que je le sache ? Je sais même pas si ils se sont intéressés à toi. Mais ça m'étonnerais qu'Iwan n'ai parler que de moi."

Une voiture sombre débarqua à l'angle au bout de la rue, dans un crissement de pneus. Nous la regardions s'approcher, puis elle ralentit pour s'arrêter à notre niveau. Je reconnut Cyryl au volant. Je me leva rapidement. Maciej m'imita en me demandant :

- "Heum... C'est qui ?"

Cyryl descendit de la voiture noire pour me saluer puis tendit la main à Maciej : 

- "Cyryl Pryziak. Monsieur Miemsky m'envoie."

- "Mais comment vous avez..."

- "C'est impressionnant, hein ?" gloussai-je

Cyryl sourit puis invita Maciej à s'asseoir dans la voiture. Je constatais que Cyryl faisait beaucoup moins de manières que pour venir me chercher, et j'ignorais si c'était bon signe ou non pour Maciej. La voiture redémarra et s'éclipsa au loin.

Je décidais d'aller parler à Iwan, s'il savait ce qu'il allait se dire lors de la rencontre. Au moment où j'allais passer l'angle pour rejoindre son immeuble, j'aperçu un grand homme en imper gris. Je ne pouvais pas voir avec qui il discutait, mais cela semblait être une conversation animée. Je continuais à observer la scène alors que je m'approchais de la porte, lorsque j'aperçu ma sœur en larmes en face de l'homme, qui lui hurlait dessus avec un fort accent russe. Mon sang ne fit qu'un tour,  j'accourais interrompre la dispute.

- "C'est pas mon problème !" continuai à hurler le grand homme

- "Hé ! Hé ! Qu'est ce qui se passe ici ?" criai-je en me dirigeant vers l'homme en imper

- "Alexey !" s'écria ma sœur en s'écartant

-"Mêle toi de tes affaires, abruti !" répliqua l'homme en me poussant

-"Ah ouais ?" lui répondis-je sournoisement

Il leva son doigt à hauteur de mes yeux en guise d'avertissement. Je lui saisis le bras et profitais de sa surprise pour lui asséner un coup de tête. Il perdit l'équilibre, tenta de se rattraper à un mur avant de tomber. Je me dirigea vers lui, le saisis par le col. Il tenta de m'écarter en me donnant un coup de pied dans la rotule, mais je l'esquiva, le jeta contre le mur où sa tête se cogna, et il retomba à la renverse. Il était sonné, je m'approchais de lui et lui écrasa le thorax avec mon pied. Il poussa un hurlement, il avait visiblement le souffle coupé. Je m'écartais pendant qu'il se relevait.

-"Ah et puis merde !" s'écria-t-il

-"Ouais, c'est ça, fous le camps !" ordonnais-je en le menaçant du poing

-"Vous allez le regretter ! Tous les deux !" répondit-il en partant

-" Mais qu'est ce qui s'est passé ?" demandai-je à Ewa, ma sœur

-"Je suis désolée Alexey. On ne voulait pas t'embêter avec ça."

-"M'embêter avec quoi ? Raconte moi ce qu'il se passe Ewa !"

 -"C'est papa... Il avait des dettes dans un bar pas loin d'ici... Ce gars est venu, pour nous demander de rembourser..."

-"Combien ?"

- "100 millions de zloty*."                           *approximativement 2500€

-"Quoi ? Merde..."

-"Le pire, c'est que ce type veut l'argent à la fin de la semaine... Sinon, il rajoutera des intérêts."

-"C'est qui ce gars ?"

-"Je sais pas, maman veut pas le dire. Mais c'est rien, on va trouver une solution."

-"T'en fait pas. Je vais m'en occuper."

Je raccompagna ma sœur jusqu'à notre appartement. Je l'embrassa et je frappa à la porte d'Iwan. Je l'entendis se lever à travers la porte et il vint m'ouvrir.

-"Oui, Alexey ?"

-"Faut qu'on parle. Je peux entrer ?"

-"Oui, oui, vas-y." répondit-il en s'écartant de la porte

Je me dirigea vers la table pour m'asseoir lorsque Iwan me devança énergiquement et se précipita pour fermer un album photo posé sur la table. Je ne posa pas de questions, si il ne voulait pas que je le vois il devait avoir une bonne raison. Il emmena l'album dans sa chambre, revint et me servit un verre de Zubrowka.

-"Alors, dis-moi tout." dit-il en s'asseyant

-"Je viens de latter un Russkoff qui agressait ma sœur. Tu sais de qui il s'agit ?"

-"Un Russe ici ?! Comment tu sais que c'était un Russe ?"

-"Il avait un accent... J'en suis sûr."

-"Bon sang ils sont gonflés... Pourquoi il était là ?"

-"Mon père lui devait de l'argent."

-"Ton père ?!"

-"En fait, il allait dans un bar... Je sais pas lequel, ma sœur m'a pas dit. Visiblement il y a laisser des dettes... Et ce gars est là pour rattraper le coup."

-" Mais pourquoi il m'en a pas parler ? Avec Mikolaj on aurait pus s'arranger..."

-"Tu sais bien, il avait sa fierté..."

-"Ouais... Bon, par contre les russes plaisantent pas avec leurs sous. Je sais pas ce qui lui a pris d'aller dans un bar de russes, mais il l'a fait. Et va falloir s'en débarrasser. Essaye de demander à ta sœur ou à ta mère qui est ce gars, s'il se gène pas pour venir ici ça doit pas être un rigolo. Je me renseignerais sur les bars qu'ont les russes dans le coin."

-"Je m'arrangerais. Et aussi, tu es au courant pour Maciej ?"

-"Oui, ils devaient venir le chercher aujourd'hui. C'est fait ?"

-"Ouais j'étais juste à côté de lui quand Cyryl est venu le chercher. Ils vont lui dire les même choses qu'à moi ?"

-"Non, sinon il serait venu avec toi la dernière fois. J'ai demander à Mikolaj de le prendre avec moi pour son initiation, pour ne pas qu'il se retrouve avec des inconnus. Vous ferez les missions avec moi, mais lui en fera plus. Tu dois comprendre que lui et sa famille sont inconnus pour nous, et Mikolaj se méfie beaucoup. Sa ne sera pas très long, du moment que tu rentrera dans la famille, il ne fera pas traîner les choses."

-"D'accord... De toutes façons, je n'ai pas le choix !" plaisantai-je

-"Exactement !" ria-t-il  "Allez, na zdrowie !" conclu Iwan en levant son verre.

 

Dans l'après-midi, Maciej revint. Nous discutâmes un peu de se qu'il lui a été dit et il plaisantait grossièrement sur les femmes des mafieux. Je constatai qu'Iwan avait raison : entrer dans la famille allait être une tâche plus délicate pour lui. Alors que nous allions chacun rentrer chez nous, Iwan nous interpella depuis sa fenêtre qui donnait sur la rue.

-"Alexey ! Maciej ! Montez ! Il faut que je vous parle !"

Maciej était plus intrigué que moi. Je savais bien de quoi Iwan voulait nous parler. A peine nous étions devant sa porte que celle-ci s'ouvrait. Iwan nous accueillit, s'asseyait avec nous et prit rapidement la parole :

-"Mikolaj m'a chargé de vous initier à ce boulot. Et croyez-moi, vous n'aurez pas de traitement de faveur ! On s'y mets dès demain. Il me faut de l'aide pour vendre des cigarettes, ça vous rapportera pas mal, donc tout le monde sera content !"

-"Entendu. A quelle heure on commence ?" demanda Maciej

-"On part à 8h. On aura une grosse journée, vous devriez vous coucher tôt !"

-"Bon, ben tant pis pour ma grasse mat' !" plaisantai-je

-"Hé oui ! Et va falloir vous y faire, ça ne va que s'empirer" ajouta Iwan

-"Il y a des risques ?" insista Maciej, visiblement inquiet. Ce n'était pas vraiment dans ses habitudes de s'inquiéter pour si peu, j'attendais donc autant la réponse d'Iwan.

-"Non, aucun. Je pense pas vous faire bosser sur des gros coups pour le moment, du moins pas tant que vous ne serez pas dans la famille. Mais ne vous habituez pas à ça, rare sont ceux dans ce business qui ont finit leur vie dans leur lit."

-"C'est fou comme tu es motivant." ricana Maciej

-"C'est loin d'être drôle, crois-moi. Bon, je vais vous laisser vous reposer pour demain. Soyez en forme !" finit Iwan en se levant

-"Au revoir, Iwan. Bonne nuit" saluais-je notre nouveau mentor en refermant la porte.

 

 

 

Première publication : 11-03-2014 22:19:20

 


20/04/2015
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The Limbic Brain : Prologue 2 : La famille Miemsky [4/7]

 

L’horloge de la cuisine indiquait 10 heure. Je discutais tranquillement avec ma sœur de l’arrivée de l’été, notre mère mangeais à table le reste de pain que la boulangère nous avait généreusement offert la veille. Soudain, on frappa à la porte. Ma sœur alla ouvrir.


Se présenta un homme vêtu d’un grand imper noir, et tenait un chapeau sombre dans sa main. Il était plutôt imposant, rasé de près, il souriait en coin. Ses manières respectueuses et démarquées me firent comprendre qui s’était présenté à notre porte.


- « Dzień dobry panienko*, déclara-t-il en s’inclinant légèrement, pourrais-je parler à Alexey Vladic proszę* ? »


Ma sœur balbutia un « oui » puis se tourna vers moi et me regarda d’un regard qui mélangeait l’interrogation, la peur et la colère. Je me levai pour aller saluer l’homme qui souhaitait me parler, mais je fus devancé par ma mère qui me repoussa doucement de la main et se dirigea calmement vers la porte.


- « C’est à quel sujet ? » interrogea-t-elle le visiteur d’une voix fragile
- « Pardonnez-moi, je ne me suis pas présenté. Cyryl Pryziak, je suis envoyé par Mikolaj Miemsky pour lui présenter monsieur Vladic. »
- « Quelque chose de grave ? » insista-t-elle,
- « Tout dépend de lui madame. » rétorqua le grand homme avec un large sourire.


Ma mère tourna les talons, me dévisagea avant de partir dans sa chambre, suivie de ma sœur.
Je m’approcha de la porte, regarda le mafieux qui effaça son sourire et m’invita à sortir : « Monsieur Vladic, Mikolaj vous attend ». Il s’écarta de la porte, et je fus surpris de voir un deuxième homme plus mince, mais lui aussi en imper noir, placé sur le côté. Il me fixait avec un regard noir. Je suivis Cyryl dans les escaliers, et le second homme ferma la marche.

 

*Dzień dobry panienko : Bonjour, mademoiselle
*Prosze : S’il vous plaît

 

Arrivé dans l’entrée, Cyryl mit son feutre sur sa tête, le réajusta, puis sorti de l’immeuble ; une voiture noire nous attendait dans la rue. L’homme qui me suivait me doubla nerveusement et m’ouvrit la porte arrière de la voiture en m’invitant d’un geste à monter. Je me baissa pour entrer, m’installa sur le siège et j’entendis « Bonjour, Alexey ». C’était Iwan, assis à côté de moi, qui me regardait d’un air amusé. Je le regarda à mon tour avec sans doute de grands yeux puisqu’il éclata de rire. J’avais plus envie de le frapper que de rire avec lui, mais je me força à sourire. Je n’eût cependant pas la patience d’attendre la fin de son fou-rire pour lui demander ce que je faisais dans cette voiture de la mafia assis à côté de lui :
- « C’est quoi ce bordel ?! »
- « Calme-toi ! C’est pas ce que tu voulais ? » répondait-il en finissant de rire
- « Si ! Mais je pensais pas que tu serais à côté de moi ! »
- « Tu devrais me remercier au lieu de t’énerver… »
Cyryl nous interrompit :
- « On y va ? »
- « Ouais, ouais, je lui expliquerais en route »
- « Expliquer quoi ?! » insistai-je, agacé
- « Bon écoute, c’est moi qui ai parler de toi à Miemsky. »
- « Toi ?! Comment ? »
- « Laisse moi finir ! Il y a 15 ans, quand mon père est mort, il m’a avoué qu’il était Glowa* pour Miemsky. Peu après, ils sont venus me chercher, j’ai pus parler à Mikolaj Miemsky, il m’a expliquer la situation depuis le début et m’a proposer d’entrer dans la famille. J’ai accepter, je suis rester un moment comme bodoni*, et Mikolaj m’a proposer de devenir Glowa assez rapidement, comme mon père. Et puis, j'ai prouver ma loyauté, je me suis rapproché de Mikolaj, et son zastępcą* est mort peu de temps après. Il m'a proposer de prendre sa place, et j'ai naturellement accepté. »
- « Et… Mon père était aussi… ? »
- « Non, non, je te rassure, je pense qu’il te l’aurait dit. Il était au courant que j’étais dans la famille Miemsky, et il m’aidait parfois pour certains boulots, c’est d’ailleurs avec l’argent que ça lui rapportait qu’il pouvait mettre à manger dans vos assiettes. C’est pas avec ce qu’il gagnait à l’usine qu’il pouvait s’en sortir. C’était quelqu’un de bien, ton père, il m’a souvent aider à me sortir de certaines situations… Délicates. »
- « Et maintenant, c’est mon tour ? »
- « Non, toi c’est autre chose. Miemsky connaissait ton père, et ça va certainement jouer en ta faveur, mais ton cas est une autre histoire. Tu va vite voir, on est arrivé. »

 

*Glowa : équivalent du Capo dans la mafia polonaise (voir l’article "La mafia" dans "Contextes et précisions")

*Bodoni : soldat (gros bras) de la mafia polonaise

*Zastępcą : sous-chef ou bras droit dans la mafia polonaise

 

La voiture noire se garait devant une immense maison claire, visiblement récente et assez jolie, chose assez rare, surtout à Lodz. Je n’avais jamais vraiment visité toute la ville, je ne savais donc pas où on était précisément. Le petit homme, toujours aussi nerveux, descendit de voiture et m’ouvrit la porte. Je le suivis ensuite, accompagné d’Iwan.
- « Qu’est-ce que je dois lui dire ? Comment je dois me comporter ? »
- « Il ne te tranchera pas la gorge parce que tu t’es assis au mauvais endroit, si c’est ça ta question. C’est un homme compréhensif, il sait d’où tu viens, il ne se compliquera pas sur les manières. Tu es intelligent, je pense que tu ne fera pas de gaffes suffisamment énorme pour qu’il t’en veuille. Laisse-le parler et réponds à ses questions si il t’en pose. »


Nous arrivions devant un grand portail lorsqu’un homme, d’une cinquantaine d’année et en costume chic, vint nous ouvrir. Il salua Iwan, lorsque le petit homme nerveux me foudroya du regard en regagnant sa voiture, puis celui qui nous accueillait me serra la main en m‘invitant à le suivre :
- « Filip » se présenta-t-il
- « Alexey » me présentai-je à mon tour
- « Je sais » répondis l’homme en me souriant.

 

Nous traversions une grande allée, longée de fleurs et de grands buissons qui empêchait tout vis-à-vis. Elle nous mena à une grande porte en bois massif, que Filip ouvrit. Il nous fit entrer dans une vaste entrée richement décorée. Un grand lustre trônait sur un large escalier blanc que nous grimpions. Arrivé à l’étage, nous franchissions un long couloir. Au bout de celui-ci, Filip ouvrit une porte et me fit signe d’entrer. « Bonne chance » me dit Iwan.


J’entra dans la pièce. Un grand bureau était au centre, avec derrière un grand fauteuil vide, en contrejour d‘une immense baie vitrée. Je tourna la tête et vu un homme en costume noir, dans la pénombre. Il était tourné vers moi, les bras derrière le dos. Il alla s’asseoir à son bureau et m’invita à m’installer sur un des deux fauteuils en face de lui. Je le distingua alors. Il avait un visage rond, des yeux gris clairs qui attiraient toute mon attention. Des cheveux impeccablement coiffés, grisonnants mais légèrement dégarnit qui lui donnaient un air plus jeune qui ne devait certainement l‘être. Je lui donnais une bonne cinquantaine d’années. Après l’avoir observé quelques secondes, je pris place et il démarra la conversation.

- « Alexey Vladic… Sachez avant tout que votre cas m’a longuement intéressé. Je dois avouer que le braquage d’une bijouterie n’aurait pas attiré mon attention si Iwan ne m’avait pas vanté votre préparation et votre sérieux. De plus, je crois savoir que votre père était aussi très fidèle à ma cause. Je lui en ai toujours été reconnaissant, et j’ai été terriblement désolé d’apprendre sa mort… Mais passons. Je pense que vous savez pourquoi vous êtes là ? »
- « Heum… Je crois savoir, oui »
- « Voyez-vous, braquer une bijouterie est une chose. Préparer ce braquage en est une autre ; et croyez-moi que je sais de quoi je parle. Beaucoup de mes hommes n’auraient pas été capable de prendre la moitié des précautions que vous avez prises. L’équipement, le sang-froid, la rapidité vous ont accompagnés, de telle manière que personne n’aurait été au courant de quoi que se soit si le gemmologue n’avait pas essayer de parler au KBW. Mais je vous rassure, toutes les bouches ont été liées par mes soins. Vous n’aurez pas à vous inquiétez de quoi que se soit tant que vous ne me faites pas faux bond. »
- « Ce n’est pas mon but ! » ajoutai-je spontanément
Il gloussa, puis repris :
- « Je m’en doute bien. Iwan m’a aussi parlé de votre détermination. D’où vient votre envie de rentrer dans notre famille ? »
- « Eh bien… Vous devez savoir que mon père ne gagnait pas grand-chose à l’usine, et ce travail avait tendance à beaucoup le fatiguer. On ne peut pas dire que ça m’a beaucoup pousser à faire la même chose que lui. J’ai envie d’un… Parcours différent. Me démarquer des autres. Et je me suis toujours attaché à des valeurs que je reconnais parfaitement dans votre cause. »
- « C’est ce que je voulais entendre ! En dehors de ça, vous connaissez les risques ? Nos objectifs ? Notre histoire ? »
- « Concernant les risques, je crois que je craindrais moins pour ma santé qu’à l’usine. Si je dois mourir, ça sera dignement, et utilement. Et c’est aussi pour ça que j’aimerais me rallier à vous. Vos objectifs, je crois qu’ils sont semblables à d’autres mafijna et… »
Il m’interrompit soudainement :
- « Je vous arrête tout de suite, je n’aime pas vraiment cette… appellation. Nous valons mieux que ses durèn* de russes, qui se revendiquent de la mafia mais n’en ont ni les valeurs, ni la mentalité. Ici, parlez de famille ; parce que c’est avant tout bel et bien une famille. Vous apprendrez sûrement par mes hommes que mes origines influent directement sur l‘organisation et la hiérarchie de la famille. Et on en arrive sur notre histoire. Elle sera essentielle si vous voulez rejoindre notre cause, et la comprendre. Vous devrez la connaître par cœur, mais vous devrez cependant la garder pour vous. C’est pour ça que personne ne la connaît vraiment en ville ; je vous laisserais le plaisir de la découvrir auprès de mes hommes. »


Je hocha la tête en signe d’accord. Je m’attendais à ce qu’il me salue et me laisse partir, mais il se contenta de se pencher sur son bureau et d‘y appuyer ses avant-bras. Il soupira, puis poursuivis :
- « Vous devez savoir que la plupart de mes hommes sont contre votre entrée parmi nous. Vous l’avez déjà sûrement remarqué, mais certains de mes hommes de mains tenteront de vous dissuader. Je vous demande de les ignorer, mais de ne surtout pas oublier leurs actes. Ceux-ci ne seront pas dignes de confiance. La majorité de mes hommes seront cependant ravis de vous accueillir, ce sont des gens bien. Ils vous feront certainement quelques taquineries, mais c‘est un moindre mal. Mes hommes sont bons, et ceux qui se mettrons en travers de votre chemin seront sanctionnés. Mais c’est pour éviter toute querelle que j’attendrais avant de vous faire entrer dans la famille. Vous aiderez Iwan pendant quelques temps, pour que tout le monde se fasse à votre nouvelle condition. Et sa me permettra de vous évaluer. »
- « Entendu, ça ne me pose aucun problème. »


Il ricana à nouveau, puis repris :
- « C’est que vous n’avez pas vraiment le choix ! Vous apprendrez sur le tas, et vous connaîtrez les détails lors de votre entrée. Avant cela, laissez le temps faire. Je veillerais à ce que votre initiation se passe bien, et surtout n’oubliez jamais : j’aurais toujours un œil sur vous. »
- « Très bien, merci monsieur. »
- « Vous pouvez y aller. »
- « Pożegnanie*. »

 

* Durèn : imbéciles, idiots
* Pożegnanie : Au revoir

 

Je refermais la porte derrière moi, ravi et complètement rassuré. Je retraversa le grand couloir, redescendit dans l’entrée et je trouvais Filip et Iwan qui riaient ensemble. Ils me regardèrent descendre les escaliers avec un grand sourire.
- « Alors ? Comment ça c’est passé ? » demanda Iwan
- « Tu devra encore me supporter quelques temps » lui répondis-je en riant.
- « Je n’ai pas eu le temps de me présenter ! » s’exclama Filip « Je m’appelle Filip, comme je te l’ai dit. Je suis chargé de la protection rapprochée de Mikolaj, donc si tu veux le tuer tu va devoir m’en parler d’abords ! » plaisanta-t-il.
- « J’y penserais » poursuivis-je en riant.


Nous continuions à bavarder quelques minutes dans l’entrée, puis Filip nous proposa de manger, proposition que moi et Iwan acceptions volontiers.
Nous le suivions jusque dans une petite cuisine, où 3 femmes d’une trentaine d’années s’activaient à préparer le repas. Filip attira leur attention pour me les présenter. Une femme s’approcha.
- « Anita, la femme de Mikolaj ! Autant te dire que tu ne peux rien envisager du tout » déclara-t-il en gloussant
Anita était une femme sublime, blonde, charmante et visiblement la plus jeune.
- « Dzien dobry, pani* » déclarai-je en m’inclinant.
Anita rejoignis son plan de travail, lorsque les deux autres jeunes femmes me saluaient.
- « Daria, la fiancée d’un ami que tu connaîtra certainement bientôt… »
Daria était une femme brune, souriante, qui m’avait l’air bien aimable. En quelques sorte, ce n’était pas écrit sur son front qu’elle était la fiancée d’un mafieux.
« …et Irena, ma femme. »
Irena, à l’image de Daria, était souriante. Mais sa retenue m’empêchait de comprendre si elle était heureuse ou non ici.
Je les salua, puis nous passions dans le salon, tout aussi grand que le reste de la maison. La pièce était meublée d’une longue table en bois robuste au centre, entourée de plusieurs chaises. Elle était éclairée par de larges vitres, teintées pour éviter que les voisins ou les passants puissent voir ce qu‘il se passe à l‘intérieur.


* Dzien dobry, pani : Bonjour, madame

 

A une extrémité de la table étaient assis 3 jeunes hommes qui discutaient autour d’un verre. Filip prit les devant et alla murmurer quelque chose à l’oreille de l’un d’entre eux. Il alla ensuite chercher quelque chose dans le buffet, et l’homme à qui il s’était adressé se retourna lentement, toujours assis sur sa chaise. Les 2 autres hommes me regardaient avec attention.
- « Alors c’est toi ! » me déclara le premier en souriant, « Viens donc t’asseoir avec nous ! »
Filip apporta du buffet 2 autres verres. Iwan s’assit en face de moi, et Filip repartit dans la cuisine. L’homme qui m’avait invité nous servit, toujours en souriant. Un second homme prit la parole :
- « Si tu savais quel bordel t’as mis dans nos conversations ! » déclara-t-il en riant
- « On ne parle plus que de toi ! » ajouta le troisième homme.
- « On avait bien besoin d’un nouveau. Ca doit faire au moins 3 ans que personne n’est entré ! » repris l’homme qui m’avais servi
- « Je vous arrête tout de suite, rien n’est fait ! » déclarai-je
- « Boarf, Mikolaj prends beaucoup trop de précautions. Personne ne râlera, j’en fais mon affaire ! »
- « Je peux même deviner ceux qui le feront ! Bogdan… Celui-là, quoi qu’on fasse, il n’est pas d’accord. Il serait dans une autre famille on s’en rendrait même pas compte ! »
- « Bogdan ? » leur demandai-je
- « C’est le petit nerveux qui est venu te chercher avec Cyryl. » répondit Iwan
- « C’est une petite nature… Il tient même pas la wodka. Je suis sûr qu’il est même pas polonais. » bafouilla le troisième homme, visiblement éméché, en buvant son verre.
- « Si on se compare à toi, personne ne tient l’alcool !! » s’éclaffa le second.
- « De toutes manières, on verra bien. Vous en êtes pas à votre premier verre, mais trinquons ! Au futur nouveau venu ! » proposa Iwan en levant son verre.
- « Na zdrowie ! » Criions-nous tous en cœur en levant nos verres.

 

Filip revenu de la cuisine alors que je reposais mon verre. Il fixa Iwan d’un air grave, qui hocha la tête et se leva.
- « On y va. » dit-il, presque sur un ton autoritaire.


Je le suivit jusqu’à l’extérieur. Il me fit monter dans une petite Lada 2105 noire et prit le volant.
- « On va où ? » lui demandai-je, inquiet
- « On rentre, Filip a quelques trucs à régler dans la maison et… Il a pas besoin de nous. » répondit-il en démarrant.
- « Ouais, je vois. »
- « Sinon, comment tu as trouvé le boss ? »
- « Intéressant… Il a l’air de quelqu’un de sympathique ! Il est sûr de lui… Il connaît les mots juste pour exprimer ce qu’il veut dire. Mais il a l’air aussi de savoir se faire respecter »
- « C’est exactement ça, tu l’a bien cerné. Tout ses hommes le considèrent un peu comme un père, et je dois dire que c’est justifié. Il est juste, et si il décide des sanctions, c’est que c’est mérité. Tu as dus remarquer qu‘il est aussi très attaché à ses traditions »
- « Oui, il m’a parler d’origines ? Je crois que tu as beaucoup à m’apprendre sur l’histoire de la famille. »
- « Effectivement il y a un paquet de trucs à dire. Il est d’origine sicilienne. Normalement, dans les familles polonaises, c’est un véritable merdier. Une inspiration russe, des modifications soviétiques, des influences ukrainiennes… On s’en sors pas nous-mêmes. Mikolaj a simplifier les choses, et a réinstaller le système de hiérarchie sicilien, tout en gardant sa… Sympathie polonaise ! »

 

Arrivé en bas de notre immeuble, Iwan me dit de descendre.
- « Monte, je me gare. Va parler à ta mère, elle doit s’inquiéter. »

J’avais complètement oublié la réaction de ma mère et ma sœur le matin même, lorsque Cyryl était venu me chercher. Mon cœur se serra et l’appréhension m’envahis.


Je monta les marches des escaliers lentement, en réfléchissant à ce que je pourrais leur dire. Arrivé devant le seuil de la porte, je pris une grande inspiration et j’entra dans l’appartement.
Ma mère était assise sur la table de la salle à manger. Elle riait. Pour la première fois depuis 3 ans, elle riait aux éclats. Ma sœur se tenait en face d’elle, l’air satisfait, affichant un grand sourire. Ni l’une ni l’autre ne m’avait remarqué, et j’en profitais pour ne pas interrompre ce moment de complicité entre elles. Une fois son fou-rire finit, ma sœur me regarda, en gardant son grand sourire. Ma mère se tourna à son tour.
- « Tu la connaissais celle-là ? » me demanda-t-elle
- « Je… J’ai pas entendu la blague »


Et elles recommencèrent à rire en cœur, toute les deux. Mon angoisse s’envolait, je souri et m’en alla dans la chambre.

 

 

Première publication : 22-02-2014 14:22:33

 


20/04/2015
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The Limbic Brain : Prologue 2 : Le braquage [3/7]

 

Dès le lendemain, nous répétions une dernière fois, j’embrassa ma mère, je salua Iwan et nous nous mettions en route pour la bijouterie. Je réalisais assez mal ce que je m’apprêtais à faire, ce qui limitait mon stress et mon appréhension.

 Arrivé à la bijouterie, Maciej garait la voiture sur le trottoir de l’autre côté de la rue, en face de la bijouterie. Nous marchions quelques mètres, puis nous traversions du côté de la bijouterie. Une petite ruelle donnait l’accès à la porte arrière de la bijouterie, que Maciej déverrouilla, non sans mal. Nous enfilions nos cagoules, entrions doucement dans la bijouterie et poursuivions notre plan. Maciej alla débrancher le boîtier de l’alarme pendant que je m’occupait de l’expert. Celui-ci analysais attentivement un diamant à la loupe. Je fus pris d’un léger tournis, je me concentra quelques secondes et pointa mon arme factis sur la nuque du gemmologue tandis que je posais ma main sur sa bouche pour éviter les hurlements qui auraient alerter la vendeuse.

 A ma grande surprise, l’expert était incroyablement calme, comme si il avait l’habitude de ce genre de situation. Il posait lentement le diamant et sa loupe et garda ses mains sur la table. Je n’osais rien lui dire, impressionné par son grand calme. Maciej revint après quelques minutes. Je le regarda, il hocha la tête et je levais le gemmologue de sa chaise pour l’emmener à la boutique. Je passais le Makarov à Maciej et immobilisait les mains de l’expert, nous nous placions devant la porte qui menait au magasin, et Maciej ouvrit brutalement la porte en criant « Pas d’agitation et tout se passera bien ! ». La jeune vendeuse nous regarda avec de grands yeux pendant quelques secondes, avant que Maciej pointe le pistolet vers celle-ci. Elle se mit au sol rapidement en poussant un cri. Je jetais le gemmologue avec elle, qui l’imita sans attendre. Maciej gardait nos otages pendant que je remplissais nos grands sacs. Je m’appliquais à choisir les vitrines avec les plus gros bijoux et les plus grands prix. 25 000 000, 32 000 000, 27 000 000, et même 45 000 000 PLZ*. Des prix qui défilaient devant moi, que j’enfournais rapidement dans mon sac. J’entendis la jeune vendeuse sangloter, j’embarquais quelques colliers et je fis signe à Maciej de partir. Nous courions vers la voiture que Maciej démarrais en trombe, et nous démarrions en un crissement de pneus.

 

*PLZ : Zloty ancien (ou zlotych, ou troisième zloty), où 1 nouveau zloty PLN = 10 000 ancien zloty PLZ.

           Ici, 25 000 000 PLZ = 590 € ; 45 000 000 PLZ = 1 061 €

 

 

Arrivés à notre quartier, nous nous garions dans le garage, retirions le sac remplit de bijoux, rentrions dans l’immeuble et toquions à la porte d’Iwan, sans échanger un mot. Iwan ouvrit la porte, nous regarda tour à tour puis fixa le sac. Il releva la tête avec un grand sourire et nous invita d’un geste à entrer. Nous nous regardions avec Maciej, et nous nous sommes mit à rire en rejoignant la table où trois verres de wódka nous attendaient déjà.

- « Alors ? » demanda Iwan en prenant son verre

- « C’était… Intense ! » répondit Maciej en gloussant

- « Ca a été rapide et efficace, comme j’aurais voulu que ça se passe. » ajoutai-je

- « Et la suite du programme ? N’oubliez pas pourquoi vous avez fait ça ! »

- « Je pense qu’on va devoir attendre un peu avant de devoir essayer quelque chose. Je dois dire que je n’avais pas vraiment penser à ça… Comment on va pouvoir prendre contact avec eux ? » interrogeai-je Iwan

- « Tu le saura bien assez tôt ! Ces gens-là, s’ils veulent te retrouver, ils te retrouvent ! » me répondit-il en se levant pour nous resservir.

 Nous buvions encore un ou deux verres, puis Iwan débarrassa la table pour que nous puissions admirer notre butin. Maciej saisit le sac qu’il avait garder à côté de lui et le vida sur la table. Une quantité innombrable de bagues, colliers et diamants se déversèrent sur la table. Iwan resta abasourdit devant autant de bijoux, je le regarda en riant et lui dit : « Ne t’inquiète pas, tu aura le droit à ta part ! »

 Nous riions quelques instants, puis Maciej commença à séparer le tas en trois parties égales. Iwan l’interrompit en lui disant :

- « Non, non, je me contenterais du reste. C’est votre boulot, je n’ai fais que superviser. C’est à vous que ça revient. »

- « Merci Iwan ! Mais tu prendra bien ta part tout de même. Sans toi on n’aurait pas pût aller jusqu’au bout ! » répondit Maciej en réduisant la part d‘Iwan.

 

Une fois que tout le monde avait sa part, chacun rentra chez soit. Nous remerciâmes encore une fois Iwan pour sa participation, puis Maciej regagna son immeuble et moi mon appartement. Ma mère était assise devant la table de la cuisine, en fixant un verre d’eau posé devant elle qu’elle tenait entre ses mains. Elle leva la tête doucement avec un regard abattu puis bu une gorgée. Je me rendit dans ma chambre, où se trouvait ma sœur qui regardait par la fenêtre. Je profitais qu’elle ne m’ai pas entendu pour choisir un beau collier, mettre le sac sous mon lit et retourner voir ma mère. Elle se tenait cette fois la tête avec la main, le coude posé sur la table. Je m’approcha d’elle, le collier derrière le dos, elle me regarda puis je lui tendit le bijoux : « Bonne fête, maman. »

 

 

 

Première publication : 04-02-2014 18:03:40

 

 


20/04/2015
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The Limbic Brain : Prologue 2 : La Mafijna [2/7]

Arrivé à ma majorité, lidée de travailler à lusine me rebutait. Jen avait longuement discuter avec Iwan, il mavait bien dit que cest le destin de tous les hommes dans cette ville, et que si je voulais faire autre chose de mes mains, il fallait le prouver au plus grand nombre. Je savais ce qu’il sous-entendait : les gens qui ne voulaient pas aller à lusine à Lodz étaient obligés de se faire remarquer par la Mafijna (Mafia polonaise), très présente dans le Nord de la ville.

Cette discussion avait éveillé en moi une idée. Dès le lendemain, jen parlais avec mon ami denfance, Maciej, avec qui javais fait mes premiers petits vols. Il habitait une rue proche de la mienne, et dès que loccasion se présentait nous nous voyions. Il connaissait tout de ma vie, et je connaissais tout de la sienne. Ses deux parents étaient mort lorsquil était très jeune, cétait donc son grand frère qui le gardait. Nous nous ressemblions beaucoup, et nous partagions ce manque de motivation pour le travail à lusine. Je lui parla donc dun projet de vol denvergure, dans une petite bijouterie située dans un village à quelques kilomètres de Lodz. Si nous arrivions à nous montrer ingénieux et créatif, peut-être que la nouvelle remontera jusque dans les journaux de Lodz, et la Mafijna n‘était jamais très loin des nouvelles journalières. Cette idée lui plaisait, et comme moi il ne se rendait pas compte de ce que signifiait Mafijna, comme la plupart des gens de la ville, nous les idéalisions.

Je réfléchis encore à cette idée le soir même. Celle-ci m’effrayait tout de même, il s’agissait bien de braquer une bijouterie ! Puis je repensais à mon père, aux soirs où il rentrait épuisé, et où il consolait sa fatigue dans l’alcool. Je me refusais cette avenir, et m’endormis encore plus sûr de mon choix. A partir de ce jour, lorsque nous nous voyions avec Maciej, c’était pour préparer notre plan. Notre vie ne contenant pas d’occupations spéciales, nous y passions toutes nos journées. Je parlais notamment de nos idées à Iwan, qui les approuvait, ou non.

Après 3 mois de peaufinements du plan, de repérage du lieu, de récupération des plans, du matériel nécessaire, d’apprentissage de la conduite et de préparation physique, nous recherchions un véhicule à utiliser. Maciej avait déjà appris à voler des voitures (son frère lui avait appris), et au bout de quelques jours nous trouvions une vieille Moskvitch 408* en plutôt bon état dans une ruelle à quelques centaines de mètres de nos appartements. Il était important pour nous de la voler et non pas d’en emprunter ou d’en acheter une, par soucis de discrétion. Nous savions bien que les soldats du KBW* n’étaient pas spécialement intelligents, et n’auraient même peut-être rien à faire d’un vol dans une petite bijouterie près de Lodz, mais nous ne voulions pas non plus leur faciliter la tâche ou prendre un quelconque risque.

Dès le lendemain de notre repérage, Maciej la volait et l’emmenait dans le garage qu’Iwan nous prêtais pour l’occasion. Il m’avait aussi confier un Makarov factis*. Une semaine après la récupération de la voiture, nous nous rejoignions chez Maciej pour récapituler le déroulement de l’opération. Nous rentrions par l’arrière de la bijouterie, où se trouvait le boîtier central de la caméra et des alarmes. Il y aurait juste à débrancher tous les câbles qui se présenteraient pour rendre notre passage inconnu. Nous prendrions en otage l’expert en diamants toujours présent dans l’arrière boutique et l’emmènerions dans le magasin avec la vendeuse. Nous n’aurions plus qu’à briser les vitres qui nous séparaient de la fortune, de l’embarquer dans nos sacs et de nous enfuir à bord de la Moskvitch. « Si tout se passe bien, personne ne sera blessé, et nous serons riches et célèbres ! » déclara en riant Maciej. « N’oublie pas notre but. » ajoutais-je sèchement. Je tenais à garder les idées claires, de ne pas me laisser emporter par l’euphorie ou le stress grandissant. Rien n’était fait, et personne n’aurait put prévoir si tout se passerait bien ; un contretemps est vite arrivé.

 

*Moskvitch 408 : Voiture russe fabriquée de 1964 à 1975, exportée sous le nom de "Scaldia" en Europe de l'Ouest.
*KBW : Garde nationale et police politique en République populaire de Pologne, équivalent du NKVD en URSS.
*Makarov factis : Reproduction non dangereuse d'un pistolet Makarov.
 
 
Première publication : 21-01-2014 18:03:42
 
 


20/04/2015
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The Limbic Brain : Prologue 2 : Le décès [1/7]

Je m'appelle Alexey Vladic. Je suis né en Pologne, dans la banlieue défavorisée de Lodz, avec ma jeune sœur et mes deux parents. Mon enfance a été assez pauvre, rythmée par les quelques vols qu’on organisait entre amis et les retours de l‘usine de mon père, qui avait tendance à forcer un peu sur la wodka.

Un jour, lorsque je n’avais que quinze ans, on sonna à la porte de notre misérable appartement. J’entrouvris la porte de la chambre que je partageais avec ma sœur, et j'aperçus Iwan, notre voisin. Une cinquantaine d’année ; il avait un visage qui inspirait la confiance, assez sympathique. C’était un bon ami de mon père, ils travaillaient d’ailleurs dans la même usine. Mais cette fois-là, il ne souriait pas. Il murmurait sur le palier quelque chose à ma mère. Je n’entendis pas quoi, mais au bout de très peu de temps ma mère s’effondra dans ses bras. Je compris assez vite que quelque chose de grave était arrivé. Voulant savoir quoi, je sortis brusquement de la chambre, écarta doucement ma mère de l’encablure de la porte et demanda à parler à Iwan. Il jeta un regard désolé en arrière et me prit par l’épaule pour m’emmener vers son palier.

J’entrais doucement à l’intérieur, attendant qu’il m’invite à m’asseoir. Son appartement était encore plus petit que le nôtre. Une gazinière surmontée d‘un placard, un petit frigo, une table et deux chaises meublaient la pièce, faiblement éclairée par une unique ampoule. Une porte fermée devait abriter sa chambre.

Il m’invita à la table, je m’assis sur une des deux chaises rouillées et attendis qu’il parle. Il se frotta le visage avec les mains, soupira, me regarda dans les yeux et me dit :

« Alexey… Je n’ai pas envie d’embellir les choses pour toi. Ton père est mort. Je ne sais pas quoi te dire de plus… Je sais que tu pourra faire face à ça, que tu es assez mature pour assumer ton nouveau rôle. Tu devras... Aider ta mère, et ta sœur, à faire face à tout cela. Tu devra devenir l’homme de ta famille. Et tu pourras toujours compter sur moi si tu as besoin de quoi que se soit. »

Plus Iwan parlait, plus je me rendait compte de ce qu’il se passait. Je baissa les yeux, fixa la table longuement. Iwan continuait à parler pendant 1 ou 2 minutes, puis un lourd silence s’installa. Mes yeux se remplirent de larmes, mais je me refusait de pleurer, je voulais prouver à Iwan que j’étais à la hauteur de ce qu’il pensait de moi. Il me regarda, se leva et alla chercher une bouteille d’un liquide blond clair et deux petits verres dans le placard au-dessus de sa gazinière. Il les posa sur la table, ouvrit la bouteille et remplit les deux verres d’un geste rapide, s’assit et me tendit un verre. « Ca t’aidera à tenir, camarade. Moi, ça m’a aider. » me dit-il en me regardant avec fierté et un léger sourire.  Je savais qu’Iwan vivait seul depuis que sa femme était morte, mais personne n’avait su me dire de quoi. Je levait les yeux doucement, Iwan tendait toujours le verre vers moi. Je le saisit, et nous déclarâmes ensemble : « Na zdrowie ! * » en levant nos verres.

Il bu cul-sec, je fis de même. Je n’avais encore jamais bu de wodka, et encore moins de la Zubrówka. Je dois dire que la vanille si typique de cette wodka sont un peu couverts par les 40° d’alcool qu’elle contient. Je l’ai remercier, il m’a saluer et je suis retourner auprès de ma mère qui continuait de pleurer, en compagnie de ma sœur.

Au fil du temps, je me rapprochais d’Iwan. Les soirs où j’allais mal, je sonnais chez lui et nous parlions un peu. Nous nous racontions nos vies respectives, et, bien que plusieurs années nous séparaient, il savait se rendre intéressant, avec des anecdotes que je comprenais.

Lodz était dépourvue d’école. Je ne savais donc ni lire, ni écrire. Lorsque Iwan l’apprit, il s’empressa de sortir un vieux cahier grisâtre poussiéreux, et il m’apprit à lire et écrire. J’appréciais grandement sa démarche. Il se montrait patient, attentionné. D’une certaine manière, c’était un deuxième père ; et moi son premier fils.

 

*Na zdrowie ! : "Santé !" en polonais

 

 

 

Première publication : 08-01-2014 12:05:21

 

 


20/04/2015
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The Limbic Brain : Trame Principale : Prisonniers Systématiques. [1/?]

 

 

     -"Et la suite je la connais..." soupira Natasha en se levant

Alexey baissa le regard et les larmes semblèrent lui monter aux yeux. Après quelques minutes, les deux jeunes sortirent de l'appartement. Cyryl et Iwan les attendaient devant le véhicule noir de la famille Miemsky, tous deux habillés de noir et l'air triste. Ils baissèrent les yeux lorsque Alexey monta en voiture, sans un mot. La voiture démarra, dans le silence le plus total, Cyryl au volant. Ils empruntèrent une petite route, jusqu'à un carrefour, les menant au cimetière de la ville.

Le petit groupe descendit de voiture, et entra dans le cimetière avec une triste mine. Ils s'arrêtèrent devant une tombe, Alexey s'agenouilla lourdement, les yeux rouges. Natasha posa sa main sur son épaule, de la même manière qu'il l'avait fait quelques semaines plus tôt, lors de leur rencontre. Iwan et Cyryl, quant à eux, restèrent debout derrière eux.

Maciej Towarzyski, 1962-1981

 

 

 

     -"Djeffh Anderson, jugé pour le meurtre de Shrila Patel, et probable assassin de six autres personnes à Lodz, Pabianice et ses environs. Des hommes sous les ordres de l'agent d'élite Henryk Pryziak travaillent actuellement à la recherche de preuves pouvant s'ajouter à celles déjà acquise. C'est la meilleure équipe du KBW qui existe dans tout le pays, croyez moi, ils ne vous lâcheront pas, si des preuves existent, ils les trouveront. Je vois que votre dossier est étrangement vide. Comme si quelqu'un avait essayé de vous faire disparaître. J'ai eu énormément de mal à trouver des informations sur vous M. Anderson. Né en France, parait-il, vous étiez étudiant ? Anderson, ça sonne plutôt... Américain, non ? Pourquoi un petit étudiant français voudrait-il entrer en Pologne ? Voici un facteur d'accusation supplémentaire ! "

La juge tourne son regard en direction d'Henryk :

"Monsieur Prizyak, veuillez trouver les éléments d'inculpation nécessaire qui autorisation la peine de mort pour ce condamné étranger."

Un homme habillé d'un costume se lève dans la salle :

-"Madame la juge, vous ne pouvez pas ! La peine de mort a été abolie dans notre pays ! Ce n'est pas légal !"

-"Silence !", répond t'elle, agressivement.

"En tant que représentant de l'Etat, je décide des sentences comme je le souhaite."

 

Il est très tôt, le matin.
Un crissement aigu résonne en boucle dans la tête de Djeffh, perdu. Il ne comprend pas, lui qui n'a toujours pas retrouvé la mémoire. Le jeune homme est habillé en noir, menotté. Une légère barbe naissante et le crâne rasé récemment. Le juge frappe de trois coups de marteau, signe de la fin de l'audience.

 

La juge reprend son calme, et poursuit, en observant le jeune homme :

"Vous savez, j'ai appris récemment que votre chère pays réfléchie à l'abolition de la peine de mort. La situation est assez cocasse, permettez moi d'en rire. Voici une enquête fort passionnante ! M. Anderson, vous rejoindrez immédiatement la seconde prisons de Radogoszcz, à Lodz, où vous serez enfermé dans une cellule protégée pour criminel violent, et sous haute surveillance ! Les prisons en Pologne sont quelques peu différentes de celles en France, alors ne vous attendez pas à y trouver un endroit confortable. Nous nous reverrons dans une semaine, pour discuter de votre sort, d'ici la, comportez-vous bien, ou vous pourriez voir votre temps de vie légèrement raccourcie. Fin de l'audience, rendez-vous le 6 mai, à 16 heure ! Messieurs, conduisez le prisonnier à Radogoszcz Wtórny*." (*La prison Radogoszcz était une prison nazie pendant l'occupation. Après la 'guerre', les prisonniers ont tous été exécuté et le bâtiment est aujourd'hui un lieu touristique. 'Radogoszcz Wtórny' ou 'la seconde Radogoszcz' est une prison fictive, inventée pour l'histoire.)


Deux hommes s'approchent de Djeffh, l'un le relève de force et le second lui fait signe d'avancer jusqu'à la sortie. Une grande salle, avec des bancs sur le côté, la porte principale est à l'opposée du siège du juge. Les hommes sortent de l'endroit, un grand bâtiment ancien construit sur plusieurs étages. Les gardes du korpus l'entourent, et le conduisent jusqu'à une grande camionnette appartenant au KBW, où ils montent tous les trois.

 

 

 

 

     Alexey se leva péniblement. Natasha le prit par le bras, tout en restant devant  la tombe fleurie. Après quelques minutes de recueillement, Alexey leva la tête, en observant un arbre,  au loin, derrière les grilles du cimetière. Iwan passa à ses côtés, et lui prit l'épaule délicatement pour l'inviter à partir. Cyryl se dirigea vers la voiture en premier. Le silence était pesant, et aucun de trois amis d'Alexey n'osaient lancer un sujet de conversation. Une fois à la voiture, Cyryl, toujours au volant, finit par dire :

-"Je t'emmène chez Mikolaj... Il voulait te parler, je crois."

Alexey répondit par un hochement de tête, avant que celle de Natasha ne vienne se reposer sur son épaule. Une fois à destination, Cyryl laissa descendre le jeune couple avant de repartir avec Iwan.

Natasha attendit dans la salle à manger, en papotant avec quelques mafieux.

La porte du bureau était ouverte, mais Alexey resta devant la porte en attendant que Mikolaj ne le remarque.

-"Entre... Entre. Assieds-toi." invita Mikolaj, gêné. Alexey s'assit devant lui, en essayant de camoufler sa tristesse. Il fixait le sol, entre ses deux chaussures.

"Tu sais... Se sont des choses qui arrive dans ce genre de boulot. Il faut que... Tu t'y fasse. Je comprend que sa doit pas être facile, mais... C'est le destin !"

Alexey leva les yeux, rouges, et fusilla Mikolaj du regard.

-"Le destin ?! Le DESTIN ?! C'était MON ami ! C'est toi qui l'a vu se faire tuer ?! C'est toi qui l'a vu se vider de son sang, sans pouvoir rien faire ?! NON ! Et tu t'en foutrais sûrement ! Tu ne le connaissais pas ! Personne ne pouvait le connaître ! Je le connais depuis que je suis gosse putain ! Et je l'ai vu CREVER ! CE FILS DE PUTE L'A TUÉ ! T'ENTENDS SA ?!" Alexey s'est levé brutalement de sa chaise, la faisant tomber en arrière. Mikolaj le regarde avec de gros yeux ronds, ne sachant pas quoi répondre.

"IL EST MORT ! Une balle, c'est pas le destin !"

Mikolaj resta figé devant la réaction de son nouveau membre. Alexey tourna alors les talons, et claqua la porte en sortant nerveusement. Dans les escaliers, il croisa Bogumil.

-"Tiens ! Alexey. Je voulais justement te voir..."

-"C'est pas le moment." répondit Alexey sèchement en continuant sa route

-"Attends !" insista-t-il

Alexey finit par s'arrêter et se retourner vers lui en soupirant. Ce dernier poursuivit

"Je suis désolé pour Maciej. Je l'ai pas beaucoup vu, mais ça semblait être un bon gars. Tu sors du bureau de Mikolaj ?"

-"Ouais..."

-"Ah, d'accord. Il faut pas lui en vouloir, tu sais... Il est très préoccupé en ce moment. Il pouvait pas prévoir ce qu'il s'est passé, et crois-moi, je le connais depuis bien longtemps, ça l'affecte."

Alexey hocha la tête et se dirigea vers la cuisine, pour retrouver Natasha.

-"Il y a quelqu'un qui te cherchait... Tu l'as vu ?"

-"Ouais, Bogumil..."

-"Qui c'est ce Bo... Bogumil ?" demanda-t-elle, toujours handicapée par son accent

-"C'est le Doradca* de la famille" répondit Alexey d'un air détaché

-"Le... Dora... Dor... Suka* !" s'énerva Natasha

"On rentre ? Gwidon m'a dit qu'il peut nous ramener." reprit-t-elle en constatant qu'Alexey restait perplexe.

Alexey plongea alors son regard noir dans celui de Natasha. Elle fut complètement déstabilisée, bien qu'elle savait que ce regard ne lui était pas directement adressé. Elle baissa les yeux. Alexey sortit alors brutalement de ses pensées, comprit que son regard avait touché Natasha, et releva doucement la tête de sa petite amie en la prenant par le menton. Il replongea son regard dans le sien, cette fois-ci plus tendrement, tout en s'efforçant de sourire. Natasha souri à son tour, avant de l'embrasser amoureusement. Malgré la difficulté de cette épreuve, Alexey sait qu'il pourra toujours compter sur Natasha pour le soutenir.

 

*Doradca : Consigliere, en polonais (voir l'article "La Mafia" dans "Contextes et précisions")

*Suka : Juron russe, exprimant l'agacement (au même titre que "putain" ou "merde"), utilisé également en polonais.

 

 


     Dans le véhicule, le jeune homme est extrêmement silencieux, son esprit est ailleurs. Il sait qu'il subira la peine de mort.

Rien n’empêchera cet événement inévitable. Et cela lui convient.

Djeffh souffre. Et la mort lui semble être sa seule issue de secours.


-"Reste calme, et tout se passera bien. Tu vois ça ? Ne m'oblige pas à te frapper avec, ça fait encore plus mal que tu ne pourrais le croire.", affirme l'un des garde, en brandissant une matraque en métal.

Le second homme du Korpus, installé à la place conducteur, se tourne vers son collègue et lui affirme, en lui donnant une seringue :
-"Ne prenons pas de risques, il pourrait être violent."

Le soldat acquiesce, et saisit la seringue. Il l'a secoue quelques secondes avant de l'approcher du bras de Djeffh, délicatement et visiblement peu rassuré. Pourtant, le jeune homme ne réagit pas, et le garde en profite pour lui injecter le produit.
Djeffh se sent lourd, comme soudainement épuisé, et comprend que ceci résulte du produit qui vient de lui être administré.
Le véhicule démarre. Une forte pluie commence à tomber à l’extérieur. Le ciel est noir, recouvert de nuages sombres. La route semble longue à Djeffh et il finit par céder à l'effet du produit.

A son réveil, la camionnette s'arrête devant un immense mur en béton, renforcé de barbelés sur ses sommets.
Le soleil est presque à son zenith, et des nuages le masque encore de temps à autres.
Ils s'approchent d'un grand portail d'environ cinq mètres de haut, également renforcé, que des gardes ouvrent, avant de vérifier le véhicule et de le faire entrer. Djeffh lève les yeux et remarque un grand espace avec deux grand bâtiments en longueur séparés par des grilles et opposés parallèlement. Les deux soldats sortent le jeune homme de la camionnette, le conducteur descend du véhicule et fouille Djeffh. Il saisit les objets dans sa poche et les lance dans un carton que porte le second.
Une fois ceci terminé, ils le font avancer jusqu'à un second portail amenant au bâtiment de droite que quatre autres gardes ouvrent, avant de prendre le relais, en demandant à Djeffh d'avancer. Les hommes l'accompagnent jusqu'à une sorte de couloirs sombres, où de nombreux prisonniers sont installés, comme si l'endroit leur appartenait, protégé par des barreaux solide et un portillon, que l'un des garde ouvre avec une grosse clef jaune pâle. Le garde le plus costaud pousse Djeffh dans le couloir noir et lui dit d'un ton étrange, presque paniqué :
-"Nous te laissons ici. Avance jusqu'à la porte au fond, un gardien t'ouvrira. Ne parle pas aux détenus, on appelle cet endroit 'le couloir du vice'... Si tu tient à ton cul, baisse les yeux et avance jusqu'au bout sans broncher.", Djeffh lui lance un regard interrogatif, puis baisse les yeux et avance, sans bruit. Des dizaines d'internés jonchent le passage, et sont logés dans des cellules ouvertes. Des hommes efféminés et des transsexuels habillés comme des femmes sont affalés sur terre, semblant épuisés, et d'autres, visiblement les chefs, tous habillés de rouge et possiblement d'origine russe dirige leurs « esclaves ». L'un d'eux, grand, barbu, dit à un des ses collègue, à voix haute, pour que Djeffh l'entende :
-"Regarde celui là, c'est pas un polonais. Les frères payeraient chère pour son cul. héhéhé."
Ils rient ensemble.
Djeffh les ignore et poursuit son chemin. Arrivé au bout, il se présente devant la grille, et aperçoit, sur sa droite, un jeune garçon allongé au sol, apeuré et blessé qui lui chuchote, d'une voix fragile :
-"Aide moi... S'il te plaît... Aide moi..."
Un homme en rouge, baraqué s'avance de son pas lourd vers lui et le frappe d'un puissant coup de pied dans la mâchoire :
-"Ferme là, malen'kaya shlyukha* !" (*petite pute, en russe)
Le garde arrive derrière la grille, qu'il ouvre, avant de tirer Djeffh par le bras et de refermer rapidement l'entrée, sous les regards vicieux et malsains des Russes.

Il conduit Djeffh sur une sorte d'estrade, puis montent un escalier qui débouche sur un nouveau couloir plus large, où les cellules sont placées face à face et où circulent de nombreux veilleurs.

Une affiche indique "niebezpiecznych więźniów* !" (*prisonniers dangereux, en polonais)
Les deux hommes s'avancent jusqu'au bout de la place, où le garde demande à un second, tenant un grand trousseau de clefs, quelques mètres plus loin :
-"Hé ! Ouverture cellule 46."
Le second garde, jeune, environ vingt ans, accourt, trouve la bonne clef, puis s'exécute. Djeffh entre dans la geôle, puis remarque qu'un prisonnier y est déjà installé, et mange ce qui ressemble à une pomme.

Les deux gardes referment la cage, sous un grincement strident, et retourne à leur position respective.


Djeffh reste immobile, debout quelques secondes, avant de s’asseoir sur le lit.
La cellule est petite, environs sept ou huit mètres carré. Deux lit avec des matelas très peu épais se font face, plaqués contre le mur le plus long, et sur le côté droit, un lavabo et les toilettes, cachés derrière un renfoncement dans le mur. Sur la dernière façade, celle faisant face aux barreau de la grille, est placé un banc en bois.
Le prisonnier termine rapidement son fruit avant de s'approcher d'un pas énergique de Djeffh et de lui tendre la main. Pas de réaction. Après plusieurs secondes, il lève les yeux pour observer l'homme. Comme lui, il est jeune, et a peut être le même âge. Il est habillé d'un short noir et d'un tee-shirt rouge délavé ordinaire. Petit, avec une silhouette de sportif, mais amaigri et visiblement très épuisé, sans doute par le rythme de vie des prisonniers. Il a le teint mate, et est bien rasé, aussi bien au niveau du crâne qu'au niveau de visage. Il s'installe à côté de Djeffh.
-"Salut, euh je suis Denis ! Denis Tadeusz ! Mais on m'appelle D-tatt ici. Euh."
Djeffh, reste muet, ne montre toujours aucune réaction.
"Euh. Mec j’espère que t'es pas un de ces tarés qui parle pas et qui te viole sous la douche ! Je suis pas trop fan de ça tu vois le truc, euh."
Le silence s'installe dans la petite pièce. Denis se relève du lit et commence à enchaîner énergiquement quelques pompes sur le sol, avant de courir sur place.
-"Ici y'a rien à faire le matin ! C'est bientôt l'heure de la sortie ! Euh. Remarque, dans la cours y'a pas grand chose à faire non plus, mais au moins on prend l'air, tu vois. Chaque jour que je passe ici, c'est une épreuve que dieu me lance. Si je tient le coup, il m'aidera à me tirer d'ici ! euh."
Djeffh l'observe de nouveau, avec pessimisme, et d'une manière interrogative, avant de retourner à ses pensées.

Une cloche sonne. Les gardes et les veilleurs se mettent en place devant les barreaux des cellules. L'un d'entre eux hurle en s'adressant aux détenus :
-"C'est l'heure de la sortie ! Pas de conneries comme hier, sinon les coups de matraque vont pleuvoir et vous passerez l'après midi dans vos cellules ! Ouvrez les lourdes !!"
Denis accourt devant la grille, près à sortir. Il se tourne vers Djeffh :
-"Emmène toi, je te présente aux gars !"
Les deux jeunes hommes sortent de la cage et descendent les marches, puis Denis conduit Djeffh jusqu'à la cour, à l’extérieur.
-"Cześć les gars, 'Mozg' comment ça va ? Boris, euh. Bonjour !", salut-il, avant de pointer du doigt un homme musclé, lui aussi habillé en rouge :
"Mec regarde. Lui, avec le débardeur, c'est Sergei. Le bigboss du gang des Russes. Ils dirigent tout ici, on rêve tous secrètement de lui éclater les dents, mais les membres du gang sont trop nombreux. Vaut mieux les avoir en amis, tu vois ? Il arrive, laisse moi lui parler."
Le colosse s'approche. Il est grand, carré, et a une démarche solide. Son visage est très abîmé, il a une barbe, et une grande cicatrice traversant son sourcil gauche. Ses cheveux sont rasés court sur l'intégralité du crâne, et un tatouage de l’emblème soviétique est visible sur la partie supérieure de son bras gauche.
-"Qu'est ce que tu fous ici, D-Tatt ? J’espère que tu as mon blé, sinon tu va finir en robe, mon mignon."
-"Euh. Ouais j'ai tout l'argent, tiens ! 420PLN, je te donnerais le reste aujourd'hui, promis ! euh."
-"Ahahaha. J’espère pour toi. Hé, toi le nouveau, tu sais comment ça se passe ici ?"
Djeffh ne répond pas. Denis prend la parole :
-"Euh, non attend, je vais lui expliquer, Sergei !"
-"Qu'est ce que tu attend, dépêche toi !"
-"Euh oui ! Bon, lui c'est Sergei, le boss des Krasnyy Zmeya *. Si tu veux éviter les ennuis, tu vas devoir bosser pour lui, et en échange d'un peu d'argent, ils te protégeront des autres gang. Pour reconnaître les Zmeya, c'est simple, ils sont tous habillés en rouge. Moi, je suis tatoueur, c'est ça mon travail. L'argent, c'est la clef de la survie ici, si tu refuses de bosser... Tu finiras dans 'le couloir du vice', et tu serviras de pute aux autres... Les gars de Sergei te trouveront un tee-shirt rouge, je m'occupe de tout. Désolé de te le dire comme ça, ici c'est la jungle. Alors tu sais comment tu vas gagner du fric, euh?" (*serpent rouge)
Djeffh lance un regard froid à Sergei, et ne baisse pas les yeux. Sans prononcer un mot, il en dit long sur ce qu'il pense.
Le russe sourit et répond d'un ton vantard :
-"Haha. Je te laisse jusqu'à ce soir pour te trouver une activité. Passé ce délais, tu pourra dire adieu à ta virginité anale ! Allez. Bonne journée les filles. Hahaha."


Cette prison paraît très étrange à Djeffh. Il pensait être enfermé dans une sorte de goulag, pourtant cet endroit n'y ressemble en rien.
Djeffh et D-tatt marchent ensemble, et longent les grilles qui forment les limites de leur cour, avec celle des prisonnières. Au loin, les grands murs en béton entourent intégralement l'endroit. L'herbe sur le sol est irrégulière, et n'a sans doute pas été entretenue depuis longtemps. Des petits tas de graviers sont éparpillé un peu partout dans la cour.
Denis parle, Djeffh l'entend, mais ses pensées l'occupent bien trop et il ne retient pas ce qu'il lui explique. La pause se termine quand la cloche retentis d'un son puissant, suivie d'un écho qui vient étrangement résonner dans la cour.
Djeffh semble surpris par ceci et reste figé quelque secondes, semblant s'interroger sur ce qui lui semble être anormal.
Denis s'avance et le questionne :
-"Quelque chose ne va pas ?!"
La cloche s'interrompt, et le silence reprend place.

 

 

Alexey et Natasha sortirent par l'entrée principale du bâtiment, où Gwidon les attends.

Cyryl s'empressa de les rejoindre à l'extérieur et attrapa Alexey par l'épaule.

-"Alexey, ça va aller ? Je... Je sais ce qu'on ressent, quand on perd quelqu'un d'important."

Malgré lui, Cyryl se confia à Alexey sans raison apparente.

"J'ai perdu ma mère quand j'étais jeune... Au début, elle avait juste des sautes d'humeur. Puis elle a commencé à dire des choses sans aucun sens et à agresser des gens dans la rue... Elle était psychotique. Qu'est ce que j'aurai pu faire, putain ?!" finit-t-il en serrant les dents.

Cyryl respire fort. Depuis qu'Alexey et lui se connaissent, il ne l'a jamais vu comme ça. Cyryl, qui semblait habituellement si solide et inébranlable, parait aujourd'hui encaisser difficilement le poids des souvenir. Il reprend la parole :

-"Enfin... Tout ça pour dire que... Je connais ça. C'est dur. Mais tu t'en sortira. Tu verra, ce n'est qu'une question de temps."

Cyryl regarde Alexey droit dans les yeux, tout en hochant la tête comme pour renforcer ses dires, puis retourne à l'intérieur.

Alexey, Natasha et Gwidon montent en voiture. 

Le trajet parait long pour le garçon, et il se remémore des moments passés avec son ami Maciej. 

La colère prend peu à peu le dessus sur la tristesse. Il en veut à la terre entière, et s'en veut aussi à lui même. 

En regardant par la vitre du véhicule, il voit un groupe d'amis jouant avec un ballon. Il aimerait leur faire vivre ce qu'il endure. Alexey se sent mal, et ne supporte pas l'idée que des gens puissent être heureux. Il ordonne à Gwidon qui conduit :

-"Arrête la voiture !"

-"Quoi ? On est a 500 mètres !"

-"Arrête la voiture !!"

Gwidon s'exécute et Alexey sort du véhicule. Natasha le suivit précipitamment

-"Alexey, où vas-tu ?!"

-"Laisse moi !" cria-t-il en partant rapidement

-"Alexey !" appela-t-elle un dernière fois avant qu'elle ne le perde de vue.

Il emprunta une allée bondée de monde et mit un violent coup de pied dans une poubelle qui se renversa et roula, avant d'hurler :

-"Putain !"

 

 

Alors que la nuit tombe, Natasha s'inquiète de ne pas voir Alexey revenir chez lui. Ewa entre dans la chambre, et referme la porte derrière elle :

-"Il faut qu'on parle." affirme la sœur d'Alexey, d'un ton agressif.

-"Qu'y a t-il?" demande Natasha, remarquant une certaine colère.

-"Je ne connais pas exactement la nature des activités de mon frère, mais je ne suis pas dupe ! Tu sais ce qu'il fait, tu sais qu'il vend des produits illégaux, qu'il fait des choses dangereuses, qu'il utilise des armes à feu et sans doute même qu'il a déjà tué des gens, mais tu ne dis rien? Tu ne l'empêche pas de faire ça ? Quelle genre de petite amie es-tu ?!" questionne Ewa, énervée et les yeux plein de larmes. Un court silence s'installa, Ewa soupira avant de reprendre

"Je t'apprécie beaucoup Natasha, tu le sais, mais je ne supporte pas voir mon frère changer comme ça ! Tu en sais surement plus que moi, et je ne comprend pas pourquoi tu ne t'oppose pas à tout ça !"

Natasha reste muette. Elle ne sait quoi répondre, et sait qu'Ewa a raison. Mais c'est le choix d'Alexey. C'est lui qui a choisit cette voie. Elle ne se sentirait pas capable de changer sa détermination. Elle qui sait tout de son parcours, de ses efforts pour en arriver là, elle ne pourrait pas contredire Alexey. Et, elle-même n'a connu que cet univers sanglant et sans pitié, elle n'a aucune idée de ce à quoi pourrait ressembler une vie honnête. Et les exemples qu'elle a put croiser ne l'encourage pas du tout. 

 

 

La nuit tombe. Des hommes du Korpus parcourent les rues annonçant le couvre feu. Alexey n'y prête pas attention et continue de marcher sur un trottoir, seul, et toujours plongé dans ses souvenirs douloureux. Deux gardes s'approchent de lui, l'un d'eux lui dit :

-"Monsieur ! Couvre-feu. Rentrez chez vous."

Remarquant qu'Alexey les ignore, le premier fait un signe de tête au second, qui sort une arme et s'avance jusqu'à lui. 

Alexey s'arrête alors net de marcher, et le regarde.

-"Qu'est ce que tu veux, toi ?", agresse t'il le garde armé.

-"Baisse d'un ton, paysan. Rentre chez toi ou j'te plombe." lança-t-il, puis ria cyniquement, avant de se tourner vers son collègue, lui aussi hilare. Alexey fronce les sourcils et s'élance sur l'homme, saisi son arme, avant de lui tirer une balle dans la gorge et d'aligner le second garde d'une balle en pleine tête avant que celui ci n'ai le temps de dégainer. Du sang gicle et s'écoule sur le trottoir.

-"Paysan." grogne Alexey, crachant au visage du corps inerte a ses pieds.

"Sa vous suffit pas de..." son visage se ferma brutalement. Ses yeux se remplirent de larmes.

"Et puis merde !" cria-t-il en tentant de se ressaisir

 

Le lendemain, très tôt, après avoir passé la nuit dehors, Alexey se présente devant la bâtisse de Mikolaj.

Il entre dans le bâtiment, épuisé, et aperçoit Cyryl et Filip, déjà sur place, installés autour d'une table dans la cuisine.

Ils lui font signe de venir et Alexey les rejoins.

-"Tu as l'air fatigué. Tu as dormis?", questionne Filip.

Alexey hoche négativement la tête.

Le jeune homme s'installe, et Cyryl lui sert un verre. D'autres membres sont dans le salon.

Mikolaj et Bogumil, suivis de Bogdan et d'autres membres de la famille, passent dans la cuisine pour faire une annonce dans le salon. Alexey se leva et suivit le groupe, avant de passer devant l'attroupement qui s'était formé autour de Mikolaj, au fond de la salle. Celui-ci observe Alexey, remarque sa fatigue plus que visible, puis prend la parole.

 

-"Mes amis, aujourd'hui nous avons beaucoup de travail. Tout d'abord, un de mes contact au Nord de la ville a repéré un camion trimbalant 2 tonnes de clopes. Iwan et moi avons organisé la mission de manière à ce que la marchandise soit ici dès ce soir. C'est relativement simple. C'est un camion surveillé. Il arrive du Nord du pays et va jusqu'au sud, s'arrête plusieurs fois, a différentes tours de contrôle où des hommes vérifient la validité de leurs papiers. Une quinzaine de gardes du korpus tout au plus seront dedans et autour du camion, armés. Lorsque le camion entre dans la région, il s'arrête au centre de contrôle. En principe, les gardes repartent tout de suite après le contrôle. Voilà comment on procède :

Antoni et Gwidon sont au centre de contrôle en ce moment même, et éliminent les traînards qui y sont. Ils vont se faire passer pour les contrôleurs et vont faire en sorte que les gardes du camion ai des autorisations invalides. Ils les inviteront à manger à l'intérieur le temps de régler leur problème d'autorisation. Donc Alexey et Cyryl, vous profiterez du moment pour récupérer le camion."

Alexey l'interrompt :

-"Ouais c'est un jolie plan. Mais qu'est ce qui te fais croire que les gars du KBW vont laisser les clefs du camion sur le contact?", lance-t-il

Mikolaj sourit et rengaine :

-"Effectivement. Ta réflexion me plait beaucoup. C'est donc la raison pour laquelle vous aurez besoin d'un spécialiste du vol de véhicule. Bogdan, tu vas avec eux."

-"J'aurais mieux fais de fermer ma gueule." marmonne Alexey.

Bogdan ne semble pas très enchanté non plus, mais ne fait aucune remarque.

 

 Alors que Mikolaj donne des ordres pour d'autres missions, Cyryl dirige la troupe vers la voiture. Il donne une arme à Alexey et Bogdan, puis monte  au volant. Alexey est étonné qu'une mission lui soit attribué aussi vite, surtout après les récents événements. 

Ils doivent être au centre de contrôle peu avant midi, l'heure à laquelle le camion passera. Le soleil tape fort et la température ambiante monte rapidement. 

Durant le trajet, Alexey ignore volontairement Bogdan, malgré son envie de lui fracasser le visage sur la vitre.

Alors que le calme a prit place dans la voiture de Cyryl, Bogdan semble soudain pris d'un fou rire.

Alexey le questionne :

-"Qu'est ce que t'as à rire ? "

Bogdan s'arrête puis lui répond :

-"Je viens de comprendre ! En fait t'es un malin ! Tu as joué le héro avec la blondasse, et  maintenant tu te la tape, hein? Malin, malin !"

-"Ferme ta gueule. Quand tu saura traiter une femme avec respect tu pourra me faire des remarques."

-"Eh ben elle a dut en voir passer, du respect, hein !"

Cyryl l'interrompt :

-"Ca suffit ! Encore une remarque du genre et on te laisse sur la route, Bogdan !" déclara-t-il fermement en le regardant dans le rétroviseur.

Alexey se réinstalle correctement puis renvoie à Bogdan :

-"Moi, ma gueule me permet d'avoir une copine."

 

 

 

     Djeffh et Denis rejoignent leur bâtiment.
-"J'ai entendu dire que tu es Français ? Tu sais, si tu crois que les prisons en Pologne sont comme chez toi, tu te trompes... Ici les gardes sont pas des rigolos... Enfin si tu es avec les Zmeya, tu ne craint rien. Les russes ont tout les pouvoirs, et ce sont eux qui dictent les règles. Ils enfreignent les lois passibles de peine de mort, comme faire prostituer des personnes, mais le KBW ne dit rien... Parce qu'ils sont soudoyés, mais surtout parce qu'ils ont peur aussi. Si tu savais le nombres d'armes que possède le gang ici... D'ailleurs je serais pas surpris que l’Etat cache l'existence de cette prison au peuple. Tout le monde a peur des Zmeya... Crois-moi, te faire entrer dans ce clan, c'est la meilleure chose que je puisse faire pour toi ici. Euh. A midi, on rejoins le self pour manger, et l'après midi, les cellules sont ouvertes jusqu’à l'heure du couvre feu. Euh. C'est à ce moment qu'on doit bosser pour amasser du fric. Tout un système économique a été mis en place par les gangs, dans le but d'avoir le pouvoir. C'est très compliqué... Normalement, les matons devraient nous envoyer aux travaux forcés... Casser des briques, réparer des bâtiments, coudre, enfin tu vois ? Mais ils s'en battent les couilles."

Les prisonniers rentrent dans leurs cellules respectives, et les grilles se referment d'un grincement strident, accompagné des bavardages entre détenus, le tout propageant un bruit assourdissant.
Le calme reprend peu a peu sa place.
Djeffh s'installe sur le banc, et croise les bras, encore pensif.
Denis soupire et s'installe sur le lit, tend son bras sous celui ci, et ramasse un livre, qu'il ouvre.
-"C'est dur de pas déprimer ici, tu vois... La plupart des gars deviennent fou dès la première semaine. Certains jouent aux cartes pour passer le temps. On peut aussi discuter... Euh. Enfin si tu veux, mais c'est pas trop ton truc je crois. Dans mon cas, j'ai ça : la Bible catholique. Ça me maintient en vie... Dieu est bon, il m'a aidé de nombreuses fois et..."
Djeffh l'attrape par le poignet, le coupant dans ses paroles, puis lui lance un regard noir, avant de répondre :
-"Dieu... Est un fils de pute."

 

 

     Presque une heure a passé. Cyryl se gare derrière des buissons. Le centre de contrôle est de l'autre côté de la route, à une centaine de mètres. Ils aperçoivent Gwidon et Antoni qui sont installés, avec chacun une tenue de contrôleur, installés dans les cabines longeant la route.

-"Jusqu'à présent, tout à l'air de s'être bien passé. Espérons que ça continue." commente Cyryl. Les trois hommes partent à pieds.

Ils n'auront pas attendu longtemps puisqu'ils voient déjà au loin le camion de marchandise arriver. Un grand véhicule blanc, très long, avec sans doute une dizaines d'autres hommes à l'intérieur. Le chauffeur arrête son camion devant les cabines où se trouvent Gwidon et Antoni.

Gwidon s'approche en premier et salue amicalement les gardes, demandant leurs papiers.

-"Bonjour messieurs ! Pas trop long le trajet ? On vérifie vos papiers rapidement et on vous laisse partir."

Les hommes du Korpus acquiesce, en souriant, ne se doutant de rien.

"Ca alors, c'est pas commun !", s'écrie Gwidon récupérant le passeport de l'homme côté passager. 

Celui ci questionne, en riant :

-"Un problème ?"

Gwidon acquiesce :

-"Oui. Désolé, nous allons devoir vous faire perdre du temps. Ce passeport parait plutôt vieux, et nous avons ordre de vérifier que ce ne soit pas un faux. C'est les nouvelles règles, arf ! L'Etat ne veut prendre aucun risque, vous le savez surement aussi bien que moi."

Le passager répond :

-"Mince alors. Vous en avez pour longtemps?"

-"Je ne saurais trop vous dire. Je dois voir ça avec mon supérieur, et il est en pause. Bon, vous savez quoi ? Allez déjeuner à la cafeteria ! Je vous offre le repas, c'est normal."

Les hommes du Korpus semblent satisfait :

-"Ah merci beaucoup ! Allez les gars, c'est la pause !" affirme le conducteur, descendant du véhicule, et ouvrant la porte arrière du véhicule d'où sort une dizaine d'hommes.

Antoni et Gwidon leur montre le chemin, et les accompagnent à l'intérieur.

Cyryl se redresse, et observe partout autour. Il ne voit plus personne arriver de la route, c'est le bon moment.

Les trois hommes quittent leur cachette, et rejoignent le camion. La porte du côté conducteur est encore ouverte, mais ils ont pensé à enlever les clefs.

-"Bogdan, à toi de jouer." affirme Cyryl.

Alexey fais le guai, alors que Cyryl et Bogdan sont concentré sur le démarrage du camion, ne prêtant plus attention à ce qui se passe autour.

Soudain, il aperçoit un garde du Korpus, le conducteur, ressortir du bâtiment suivis de prêt par Gwidon qui lui dit :

-"Ce n'est pas très grave, vous verrez ça plus tard !"

-"Je préfère jouer la sécurité, sait-on jamais. Je ferme juste la porte a clef et je vous rejoins." affirme le garde.

Alexey le remarque et s'empresse d'alerter ses deux complices :

-"Un mec se pointe ! Tu peux démarrer ?"

-"Nan ! C'est un système plus complexe qu'une voiture ordinaire, hein ! J'y arrive pas..." grogne Bogdan, stressé.

Alexey ferme la porte du camion, et reste seul à l'extérieur. Il se réfugie rapidement derrière le véhicule, en faisant attention de ne pas se faire repérer. Il dégaine son arme et attend l'arrivée du garde.

 

-"Ne bouge pas !!" hurle Alexey à l'homme, en prenant un accent russe, pointant son arme sur sa tempe, et prenant soin de rester dans son dos pour qu'il ne puisse pas voir son visage.

-"Doucement ! Que... Que voulez-vous?" demande le garde, paniqué.

-"Donne moi les clefs, et enlève ta veste !"

-"Q-Quoi?"

-"Fais-le !!" ordonne Alexey.

Le garde s'exécute et lui tend sa veste ainsi que la clef.

Le jeune homme s'empresse d'enrouler la veste autour de la tête du conducteur, pour lui masquer la vue, et le fait tomber à terre d'un coup de pied. Il grimpe dans le véhicule, et démarre énergiquement avant d'accélérer et de quitter les lieux à toute vitesse, au volant du véhicule.

 

Cyryl n'en croit pas ses yeux :

-"Bravo gamin ! Bien joué !"

Bogdan fait la mou :

-"Ouais... Pas mal, hein."

Alexey semble satisfait et répond, toujours avec l'accent russe :

-"Merci camarade."

-"Cet accent russe est vraiment dégueulasse par contre !" affirme Cyryl, en riant.

-"Pas grave. Ce qui compte, c'est que bientôt les gars d'Andreinov vont voir tout le KBW débarquer dans leur planque."

Cyryl acquiesce en souriant.

Malgré la fatigue, Alexey à su gérer la situation, très stressante, sans problème.

 

 


Première publication : 26-06-2014 00:00:42


20/04/2015
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