widenet.blog4ever.com

Dukkha, l'internet noir.

The Limbic Brain : [FINAL] Prologue 2 : Rosyjski krwi [7/7]


 

 

Si vous n'avez pas encore lu les chapitres précédents, lisez-les ICI avant de lire ce chapitre !

 

Les semaines passèrent. Je fis quelques boulots pour Iwan, je livrais des cigarettes, je l'escortais quand il devait "parler" à quelqu'un, ou tabasser les commerçants qui refusaient de payer leurs taxes*. Maciej et moi mettions de côté l'argent que nous gagnons, et pouvions nous offrir des vêtements ou des vivres plus facilement qu'auparavant. Je faisais régulièrement le point avec Iwan pour le bar russe, et il finit par me dire que Mikolaj avait accepté d'envoyer une escouade au bar russe "Tovarishch"*, celui qui était supposé héberger l'usurier qui avait agressé ma sœur. Dès le lendemain de cette annonce, il vint me parler à mon appartement.

-"Alexey, il faut qu'on parle du... Enfin de ton problème d'argent." dit-il quand je lui ouvrit, visiblement gêné par la présence de ma mère dans la cuisine.

-"Ouais, je te suis." l'invitai-je à sortir

En entrant rapidement dans l'appartement, il commença à m'expliquer avant que je n'ai le temps de m'installer à la table :

-"J'ai le feu vert de Mikolaj, il m'a dit qu'il pouvait prendre quelques hommes et faire un petit coucou à nos voisins russes. Mais il ne veut pas de bain de sang, il a bien insister, il veut pas se faire remarquer en ce moment."

-"En ce moment ?" m'interrogeai-je à voix haute

-"Oui... Heu... Je t'expliquerais plus tard. Il faut que je file. Je voulais juste te dire qu'on fera ça demain, prévient Maciej. Cyryl m'a dit qu'il avait pas casser du russe depuis longtemps et que ça lui manquait, Mikolaj m'a demander de prendre Bogdan et 2 autres hommes de main qui ont besoin d'un peu d'entraînement. Avec toi, on sera 7. C'est juste question de les impressionner un peu, rappeler à qui est la ville, en tabasser 2 ou 3, casser des verres et on part. Rien de plus !"

-"Ouais ça me va. Tant qu'ils laissent ma famille tranquille..."

-"Parfait. Bon je te laisse, je viendrais te chercher, il faudra qu'on récupère un peu d'équipement avant de se rendre là-bas ! Aller, à demain."

 

*commerçants qui refusaient de payer leurs taxes : la mafia exige parfois une "taxe de protection" que tous les commerçants d'une zone doivent payer. En temps normal, cet impôt illégal est censé protéger les marchands des voleurs et braqueurs, mais c'est souvent en refusant de payer qu'ils ont les plus gros ennuis.

*Tovarishch : "Camarade" en russe.

 

Comme promis, Iwan vint me chercher chez moi le lendemain matin. Il nous emmena, Maciej et moi, chercher de l'équipement. Il rencontra un homme alors que nous l'attendions dans sa Lada. Celui-ci lui donna une kalachnikov et un grand sac de sport, avant qu'Iwan retourne à la voiture. Il mit le fusil d'assaut dans le coffre, s'installa au volant et donna le sac à Maciej, assit à l'arrière.

-"Ouvre le sac, y'a une petite surprise pour vous dedans !" dit il avec un large sourire

Maciej ouvrit la fermeture éclair du sac avec précaution, et en sortit deux costumes emballés dans un film plastique.

-"C'est pas le grand luxe, mais ça sera toujours mieux que vos vieux chiffons que vous avez là" dit Iwan en regardant les vêtements que Maciej tendait

"Je vais vous déposer chez vous pour que vous vous changiez."

-"Et le fusil ? Il va servir à quoi ?" demandai-je, plutôt inquiet par la présence de ce type de calibre dans la voiture

-"Si tout se passe bien, on s'en servira pas. On peut pas se contenter de leur faire les gros yeux, il faut être un minimum convaincant !"

-"Et puis si ça se passe mal, on leur éclate la tête, c'est ça ?" ricana Maciej

-"Ouais, si ça te fait plaisir de t'attirer la foudre de Mikolaj, je t'en prie !" répondit-il en gloussant

Iwan nous déposa à l'appartement de Maciej. Nous nous changions rapidement, et avant de sortir, Maciej m'interpella :

-"Ah, attends, j'ai faillis oublier !"

Il s'éclipsa dans sa chambre, avant de ressortir avec une longue batte de baseball en bois dans les mains.

-"Ca fait un petit moment que je la garde pour une bonne occasion, l'heure est venue nan ?" ajouta-t-il en riant

Nous descendions retrouver Iwan dans sa voiture, et nous partions rejoindre Bogdan, Cyryl et les 2 autres hommes promis par Iwan la veille. A notre arrivée, ils se cachaient dans une ruelle proche du bar, pour ne pas que les russes qui entraient et sortaient se méfient de quelque chose. Lorsque nous les rejoignons, Cyryl me souri en me saluant, comme s'il était content de me voir. Il nous félicita pour notre nouvelle tenue, puis Iwan prit la parole pour faire le point sur les rôles de chacun.

Les deux hommes qui nous accompagnaient, Gwidon et Jerzy, s'avéraient déterminés et prêts à en découdre. J'ignorais la raison de la motivation des membres de la famille sur un problème que j'estimais personnel, mais je ne voulais pas commencer à me poser des questions alors que je touchais la solution à mes problèmes du bout des doigts. Cependant, je ne pus m'empêcher de constater que Bogdan était plutôt passif à la situation.

Une fois les rôles bien décernés, Iwan nous regarda tour à tour, comme pour tester la motivation dans nos regards ; nous l'étions tous. Il hocha la tête, et nous partions d'un pas déterminé vers le bar. Au moment où nous allions passer le seuil, deux russes voulaient sortir, Iwan et Maciej les poussaient, avant que Cyryl ne tire 2 coups de feu en l'air. Les russes accoudés au comptoir se levèrent rapidement, et sortirent par réflexe leurs armes. Les autres hommes, éparpillés autour d'un billard ou assis à des tables nous regardèrent. Certains étaient menaçant, d'autres surpris, et j'en vis quelques-uns s'éclipser rapidement par une porte dans le fond. Cyryl, Iwan et Maciej restaient en avant de notre groupe, tandis que moi, Gwidon, Jerzy et Bogdan restaient en arrière. Le bar était parsemé de rouge, quelques tableaux représentant Brejnev* ou Staline décoraient la place et un drapeau russe surmontait le comptoir, situé à droite. Des barrières en bois séparaient des tables sur le côté gauche de l'entrée, et un billard était un peu plus à l'écart, juste en face de nous.

-"Qu'est ce que vous foutez là, les Polacks* ?" demanda le barman calmement en servant une wodka à un poivrot qui ne prêtait même pas attention à ce qu'il se passait

-"On est là pour vous calmer un peu." répondit tout aussi calmement Iwan, tout en passant la kalachnikov à Gwidon. Cyryl en profita pour me passer rapidement un FB TT*, que je cala directement à ma ceinture pour avoir les mains libres.

J'en profita pour jeter un œil à Maciej, qui semblait dévisager un des russes qui tenait ce qui ressemblait à un PSM*, tout en gardant sa batte sur son épaule.

-"Calmer pourquoi ?" poursuivit le barman

Iwan se retourna vers moi, me lança un regard interrogatif avant de me faire signe d'avancer. Il me prit par l'épaule et continua :

-"Un Vladic, sa dit quelque chose à quelqu'un ?" demanda-t-il au groupement qui c'était formé face à nous.

-"Ouais." répondit une voix roque derrière le groupement. Un homme s'approcha. Je le reconnut aussitôt, c'était l'agresseur de ma soeur. Il portait encore quelques traces de notre bagarre.

-"C'est lui ?" m'interrogea-t-il

Je fixa l'homme qui c'était présenté,

-"Ouais." répondis-je sèchement tout en continuant de le fixer. Il ne semblait absolument pas inquiété par la situation.

Iwan lui fit signe de s'approcher. Il s'exécuta avec un sourire prétentieux, et s'arrêta juste devant lui. Iwan me fit un signe furtif en direction de Maciej, je compris ce qu'il voulait dire. Je tendit la main vers sa batte, qu'il me donna rapidement. Je la saisit du bras droit, et je redressa la batte en me retournant pour frapper le russe en pleine mâchoire. Celui-ci s'écroula au sol en laissant du sang s'échapper de sa bouche, alors que le groupement de rouges* emphatisais par quelques gloussement ou sifflements. Je m'approcha et passa au-dessus de l'usurier qui gémissait en se tenant la mâchoire à deux mains.

-"La prochaine fois, tu dira s'il vous plait." lui lançais-je avant de lui donner un second coup dans le nez avec le manche de la batte. Il perdit connaissance.

L'assemblée nous regardait, le groupe qui avait dégainé leurs armes nous lançaient des regards noirs et menaçants, et les personnes qui étaient attablés s'étaient reculés, ne voulant pas s'engager dans cette histoire. Je me tournais pour rejoindre le groupe, repassa derrière Iwan, et lorsque je me retourna je vis un des russe près du comptoir me viser avec son arme. J'eus à peine le temps de voir Cyryl pointer son arme en retour que le coup partait déjà. Quelques secondes après, le russe s'effondra au sol. Iwan renversa la table située devant lui pour s'abriter, Gwidon et Jerzy l'imitèrent, Cyryl se jeta derrière une petite barrière sur le côté et quant à moi, je tira quelques balles en me dirigeant dans un renfoncement dans un mur, juste devant l'abris de Cyryl. Les russes, eux, s'éparpillèrent dans le bar. La majorité s'échappèrent par la porte arrière, tandis qu'une dizaine d'autres tiraient en s'abritant derrière des tables qu'ils venaient de renverser. Les tirs se faisaient soutenus, mais nous ne tirions pas encore, le temps de retrouver nos esprits.

-"Pourquoi t'as tiré bordel ?!" hurla Bogdan à Cyryl, pour le réprimander de m'avoir sauver

-"Il allait le flinguer !" répondit Cyryl, visiblement nerveux

-"Bah au moins il nous aurait plus fait chier..." murmura Bogdan en serrant les dents, avant de tirer sur le barman et se réfugier derrière le comptoir.

 

*Brejnev : Chef de l'Etat russe de 1964 à 1982

*Polacks : surnom péjoratif donné aux polonais

*FB TT : adaptation polonaise du Tokarev TT soviétique.

*PSM : arme compacte et légère utilisée par les hauts officiers de l'armée rouge, la police russe et le KGB.

*rouges : surnom péjoratif donné aux communistes, en référence au "drapeau rouge".

 

-"Iwan, qu'est ce qu'on fait ?!" cria Gwidon

Iwan était assis contre la table, et insérait son chargeur dans son pistolet

-"TIREZ !" hurla-t-il en se redressant et en alignant le premier russe

Cyryl l'imita, puis ce fut au tour de Gwidon et de sa kalachnikov. Il ne s'attendait pas à avoir un tel recul, il tira sa première rafale et son fusil partit en l'air et toucha le lustre qui surmontait le comptoir, qui s'effondra.

-"Putain mais t'es dingue ?! Y'avait Bogdan !" cria Jerzy avant de se précipiter derrière le bar pour lui porter secours. Il s'éclipsa quelques secondes, avant de revenir à sa position et de dire à Iwan, la voix chevrotante :

-"Il est plus là !"

-"Quoi ?! Putain... On verra ça tout à l'heure. Butez déjà ces fumiers !"

La fusillade dura plusieurs longues minutes. Alors que Cyryl venait de vider son chargeur sur sa cible, je prenais le relais et tirais 3 balles en plein torse d'un russe dans un beau costume qui tentait de fuir. Je me remis à couvert, en j'entendis Maciej me crier :

-"Bien joué, mon ami !" avant qu'il ne se redresse à son tour et ne tire dans l'épaule d'un adversaire qui s'écroula en hurlant.

-"T'as trouver où ton arme ?!" lui demandai-je, interloqué par le fait qu'il ai une arme alors qu'il était entré sans.

-"Demande à Iwan !"

-"J'étais armurier dans une autre vie" répondit-t-il, avant de laisser passer sa tête sur le côté de son abri. Il reprit :

"Y'en a plus qu'un !"

Cyryl jeta un coup d'œil. Il fixa quelque chose attentivement. Je regarda à mon tour, et vu un tout jeune adolescent qui levait les mains, au milieu des traces de sang sur les murs et des cadavres.

-"Meeerde !" m'écriai-je

Iwan se leva. Ses yeux s'écarquillèrent. Il jeta son arme derrière lui et s'approcha du jeune garçon. Il devait avoir une quinzaine d'années, les cheveux courts. Il ne semblait pas vraiment apeuré, mais ni pour autant serein. Iwan s'agenouilla devant lui. Il lui murmura quelque chose, que je ne réussis pas à entendre. Le jeune garçon lui répondit plus distinctement, mais je ne compris pas non plus, il parlait en russe.

-"Allez, dégage." dit Iwan en se redressant. L'adolescent suivit son conseil et couru vers la porte d'entrée pour sortir.

Un petit silence s'installa.

-"Hé, Cyryl, il arrive quoi à ton flingue là ?" demanda Maciej

Cyryl  regarda son Makarov. Son pontet* était tordu et le canon fumait encore alors qu'il avait cessé de tirer depuis plusieurs minutes.

-"Qu'est ce que..." pensa Cyryl tout haut

-"Montre-moi ça ?" lui dis-je en tendant ma main vers son arme

Il me passa son arme. Je la tournais dans tous les sens pendant quelques secondes, et je lui rendit.

-"C'est de la merde, un pistolet à eau aurait durer plus longtemps !" constatais-je

-"Quoi ?"

-"Regarde ça...", je lui montra le levier de sûreté*, "...sur un Makarov, la sécurité est vers le haut. Là, le levier est levé, pourtant tu tires quand même !"

-"Et ça veut dire quoi ?" me demanda-t-il d'un air inquiet

-"Attends, attends, j'ai pas fini !" lui répondis-je en riant, "regarde là. Normalement, du côté gauche, il y a un anneau de dragonne. Et là, y'a rien !"

-"Ce qui veut dire ?" insista-t-il, inquiet

-"Tu l'as eu où ton calibre ?"

-"Marché noir..."

-"J'espère que tu connais le nom du vendeur, parce que c'est un faux !"

-"Et d'où tu sais tout ça toi ?"

-"Mon père aimait bien les armes. Il avait une petite collection de livres, je passais mes journées à les lire. Et ça m'est resté !"

-"Ben mon vieux, t'as choisis la bonne voie pour que ça te soit utile !" dit-il en tournant les talons pour sortir. Nous le suivions, et rentrions chez Mikolaj pour lui faire un compte-rendu. Maciej et Cyryl prirent une voiture, et Iwan, Gwidon, Jerzy et moi prenions la Lada.

-"Et Bogdan ?" demanda Jerzy une fois que nous étions en route

-"La zone grouille de russes. Le Korpus va pas tarder à débarquer et à boucler tout le quartier, voire même le KGB. Alors si tu veux retourner là-bas pour chercher cet imbécile, libre à toi, mais pour le moment c'est moi qui conduit, donc t'attendra qu'on soit arrivé."

-"Le KGB ?!" s'exclama Gwidon

-"Jusqu'à preuve du contraire, le KGB est russe... Je sais pas si t'as remarqué, mais le bar était russe. Pour le moment, notre beau Pays est communiste. Donc, oui, le KGB va débarquer. Il est peut-être même déjà là-bas."

-"C'est possible qu'on ai tuer des agents du KGB ?" demandai-je à mon tour

-"Pourquoi tu demandes ça ?"

-"Jai vu... Un des russe, avec un PSM."

-"T'es sûr de ça ?!" demanda Iwan, presque menaçant

-"Je suis sûr de rien. C'est pour ça que je demande."

-"Bon... Bah... Du moment qu'il est mort, il devrait plus nous balancer." répondit Iwan, vraisemblablement préoccupé.

 

*pontet : partie demi-circulaire sous la détente d'une arme

*levier de sûreté : mécanisme de sûreté (appelée communément "sécurité") qui bloque la détente et empêche le tir d'une arme à feu

 

A notre arrivée chez Mikolaj, Filip nous accueillis.

-"Alors les gars, comment ça s'est passé ?" demanda-t-il en ouvrant la porte

-"Bof" soupira Iwan en entrant

-"Aïe... Monte avec Alexey, il vous attend déjà."

-"Il est de bonne humeur ?" insista Iwan

-"Ho merde, à ce point là ? Je crois pas qu'il est énervé."

-"Ouais, à ce point là..." déclara Cyryl en entrant à son tour

-"Le faites pas attendre, le bureau est ouvert. Et vous quatre, venez avec moi, vous allez me raconter." dit-il en se dirigeant vers la cuisine.

Iwan et moi montions à l'étage. Il semblait très stressé, et je finis par l'être aussi. Arrivé dans le grand couloir, j'aperçu la porte du bureau grande ouverte. Mikolaj était derrière son bureau, et observait  l'extérieur pas sa grande baie vitrée, dos à la porte. Iwan frappa délicatement avant d'entrer.

-"Entrez, entrez. Je vous attendais." dit-il, tout en continuant de regarder dehors.

Nous nous asseyions sur les deux fauteuils devant son bureau. Iwan me lançait de grands regards inquiets, comme un mauvais élève qui allait se faire disputer par ses parents. Mikolaj se retourna et s'asseyait doucement à son bureau en soupirant.

-"Eh ben, vous en faites une tête !" nous lança-t-il, attendant visiblement une réponse. Constatant que nous n'osions même pas le regarder, il poursuivit :

-"Qu'est ce qu'il c'est passer ?"

Iwan s'éclaircit la gorge avant de prendre la parole, en fixant un stylo posé sur la table devant nous.

-"Ils ont... Tirés" répondit-il faiblement

-"Quoi ?!"

J'aperçu les mains d'Iwan trembler l'espace d'un instant, j'étais très impressionné par le pouvoir qu'avait Mikolaj sur lui. D'habitude si calme et sûr de lui, il semblait en l'espace de quelques minutes, devenir un vieil homme affaiblit. Mais malgré la honte qu'il dégageait, Mikolaj ne se laissait pas attendrir, et dévoilait une face impitoyable que j'ignorais jusque là.

-"Ils nous ont tirés dessus... On a été obligé de répondre..."

-"Vous lez avez tués ?! TOUS ?!" cria Mikolaj

Je me sentis obligé d'assumer mon rôle dans cette histoire

-"C'est de ma faute, j'ai frapper l'usurier qui avait agressé ma sœur et un des..."

-"Je me fiche de tes explications ! Vous imaginez même pas dans quelle merde vous nous mettez !" hurla-t-il en se levant brutalement de sa chaise, avant de continuer : "Il y a eu des témoins ?!"

-"Non, ils sont tous morts. Ceux qui se sont échappés... Sont partis avant qu'on ne tire." répondis-je

-"Iwan, je suppose que tu sais que sortir les armes dans un bar soviétique n'est pas réconfortant ?"

-"J'en suis parfaitement conscient..." dit Iwan en regardant ses chaussures

-"De surcroit, tu sais ce qu'il se passe en ce moment ?!"

-"Oui..." répondit-t-il, honteux

-"Et toi, Alexey ?" me demanda Mikolaj en me menaçant du regard

-"Heum... Non..." dis-je, honteux à mon tour

-"Les autorités sont après nous. On a localisé de nouveaux résistants anticommunistes en ville, dans ce qu'il semblait être un bar. Je voulais prendre contact avec eux, mais ils les ont attaqués ce matin. L'étau se resserre. Je vous avais demander de rester discret pour ne pas attirer en plus le KGB sur le terrain, je vous avez fait CONFIANCE, vous saisissez ? Sa fait un bon mois que j'ai plusieurs hommes surveillés, et je crois que nos versements à répétition* ne suffisent plus, c'est aller beaucoup trop haut dans les échelons. Et en plus de ça, si les russes commencent à nous chercher les ennuis, je peux directement mettre le feu à la ville*. J'avais accepter de vous confier cette mission parce que j'avais besoin de leur mettre un petit coup de pression, mais je ne pensais pas pour autant décimer leurs rangs."

-"Excusez-moi, monsieur, mais je ne connaissais pas tous ces éléments... De plus, c'est les russes qui ont tirés en premier, d'une certaine manière." déclarais-je en légitimant notre fusillade

-"Je vais essayer de ramasser les morceaux de vos conneries, mais croyez-moi, si il y a le moindre problème avec les russes, je n'ai rien à voir avec cette histoire, et je serais même prêt à leur offrir vos têtes, si ça peut me permettre de sauver le reste de la famille."

Un court silence s'installa. Le stress m'étouffait, mais je tentais de rester calme et de ne pas me laisser impressionner.

-"Disparaissez." conclu Mikolaj en se retournant pour scruter l'extérieur par sa baie vitrée.

Iwan se leva rapidement, et sortis précipitamment. Je le suivis en refermant la porte derrière moi. Arrivé dans l'entrée, il se retourna vers moi, le regard anxieux.

-"Ecoute Alexey... Fais profil bas pendant quelques temps. Mikolaj était énervé, ne reste pas sur ce qu'il vient de se passer, il saura passer l'éponge, mais uniquement le moment venu."

-"Sa ira pour toi ?" demandai-je, inquiet de son état

-"Oh, oui, t'en fait pas, c'est pas la première fois qu'il pique une crise. Va retrouver Cyryl, moi je rentre, c'est plus tellement de mon âge toutes ses conneries." gloussa-t-il en passant la porte.

 

*versements à répétition : pot-de-vin, moyen souvent employé par la mafia pour empêcher les autorités de trop "vérifier" leurs activités

*Mettre le feu à la ville : La plupart des affrontements entre les mafias et les autorités se finissent par une mise à feu et à sang de la ville.

Je fis quelques pas dans l'entrée. Je n'avais jamais encore vécu un moment aussi brutal. Tout ce sang, tous ces cadavres, tous ces deuils... Je m'asseyais quelques instants dans les escaliers pour reprendre mes esprits, en prenant mon visage entre mes mains. Après quelques minutes, je repris un peu de vigueur et je décida de visiter la grande maison. Je démarra ma visite par un couloir sur la droite dans l'entrée. Deux ou trois mètres plus loin, une porte en bois clair était placée juste avant l'angle. Je ne m'y aventura pas et continua de longer le couloir, parsemé de grandes photos encadrées, une plaque sous les tableaux indiquant le nom de la personne représentée. Je reconnus naturellement Mikolaj et Iwan, plus jeune d'une bonne dizaine d'années chacun, l'un en face de l'autre, dans un beau costume sombre et encadrés dans un plus grand cadre que les autres. A la droite de Mikolaj, aussi encadré plus largement, un homme d'un certain âge, accommodé d'une petite moustache. Je ne l'avais jamais vu auparavant, pourtant il semblait être un membre important et estimé de la famille. Sa plaque indiquait un certain "Bogumil Zabojcaik", je me promis de demander des renseignements sur cet homme. Je continua ma visite. Après quelques portraits, je vis Filip et Cyryl, accompagnés de plusieurs dizaines d'hommes que je n'avais jamais rencontrés. Je compris alors que la mafia était beaucoup plus conséquente et puissante que je ne l'imaginais. Au bout du couloir, je fus très surpris de trouver le portrait du fameux Lech Walesa, que j'avais aperçu à de nombreuses reprises sur des affiches dans les rues de Lodz.

Alors que je m'apprêtais à achever ma petite promenade et de faire demi-tour pour retrouver Cyryl et les autres dans le salon, j'entendis comme des sanglots en provenance de l'autre côté du couloir. Je m'immobilisa quelques secondes pour mieux distinguer ce bruit, et les sanglots se firent plus distincts. Je pris l'initiative de m'approcher de la source. Après avoir passer un second angle, je déboucha sur une impasse qui donnait sur une unique porte en bois usé. Cette partie du bâtiment semblait moins bien entretenue que le reste. Au fur et à mesure que je m'approchais, j'entendais plus clairement des apitoiements.

-"Non... Non... S'il vous plait..." entendis-je une fois mon oreille collée à la porte. Cela semblait être une voix de femme. J'ouvris la porte doucement, elle grinçait légèrement et je crus me faire entendre. Elle donnait sur un escalier en bois éclairé par quelques lampes murales. Je le descendit précautionneusement, en entendant de plus en plus fort les gémissements et les appels à l'aide. Après avoir traversé un petit couloir aux murs de pierres étroit et au sol poussiéreux, j'arriva dans une petite sale sombre, éclairée par une faible ampoule. En dessous de celle-ci se trouvait une jeune  femme blonde, qui pleurait en regardant le sol devant elle. Elle semblait avoir été frappée à de nombreuses reprises, attachée à une chaise en bois. La colère m'étouffa subitement, quel pouvait être l'animal ayant put frapper une jeune femme sans défenses ?

Ma question trouva vite sa réponse. Une silhouette sortis de l'ombre et s'approcha de moi en passant à côté de la prisonnière. Une fois planté devant moi, je reconnus le petit individu : Bogdan.

-"Qu'est ce que tu fous là toi, hein ?!" m'agressa-t-il

-"C'est plutôt moi qui devrait te poser cette question." répondis-je en lui lançant un regard noir.

-"Quoi ?!"

-"Où est-ce que t'as fuis dans le bar ?!" l'agressai-je à mon tour

-"J'ai pas fuis, j'ai suivis ceux qui partaient !"

-"Et t'as eu la magnifique idée de ne pas nous prévenir, et de choper une fille dans la rue pour l'attacher dans la cave ?!" criai-je

-"Mais qu'est ce que tu me racontes toi ?! Elle était dans la voiture d'un des russkoff, je l'ai descendu et je l'ai amener ici, hein. Je suis sûr qu'elle sait quelque chose cette petite garce."

-"Et tu veux qu'elle te dises quoi ?! Qu'est ce qu'elle devrait savoir ?! On est pas partis là bas pour interroger les jeunes innocentes !"

-"On est pas partis non plus pour tuer tout le monde que je sache hein !"

-"C'est sûr que t'aurais préféré que je me fasse descendre !"

-"Honnêtement ? Ouais. Tu m'emmerdes depuis que Cyryl t'as adressé la parole hein."

-"Pauvre petite chose, et la seule manière que t'as trouvé pour te venger, c'est de te défouler sur la première personne que tu trouvais ?! C'est lâche. Mais bizarrement, ça m'étonne pas de toi."

-"De quoi tu te mêle, hein ?!" aboya-t-il en me poussant

-"Me touche pas !" ordonnai-je en le repoussant

-"Sinon quoi ?" demanda-t-il sournoisement en affichant un sourire malsain

-"Sinon ça." répondis-je sèchement en me dirigeant vers lui pour lui lancer un puissant coup de poing dans la mâchoire.

Il s'écroula par terre, et mit quelques secondes pour reprendre ses esprits, avant de se jeter sur ma jambe pour me mettre au sol à mon tour. Je tomba lourdement en soulevant la poussière autour de moi. Je l'attrapa par la gorge en le maintenant en dessous de moi, alors qu'il tentait d'appeler à l'aide. Il me donna un coup de genoux dans le rein, ce qui lui permit de se dégager. Alors qu'il essayait de se relever, je le tacla de la main et il retomba sur le dos. Je me jeta alors sur lui, me retrouvant à nouveau au dessus de lui, et je lui asséna cette fois plusieurs coups de poings dans le visage. Entre 2 coups, il me rejeta avec une telle force que je me remis debout et que je heurta le mur de pierre derrière moi. Ma vision se troubla. Je devina que Bogdan se releva en titubant, et se dirigea vers moi, non sans mal. Alors même que je me ressaisissait, il tenta de me frapper à son tour. J'eus juste le temps de m'écarter, son poing frappa alors la pierre violement et il poussa un hurlement de douleur. J'en profita pour lui attraper la nuque et frapper sa tête contre le mur. Il retomba au sol, et je le releva par le col pour le plaquer au mur. Il avait le visage boursouflé, le nez en sang, et respirait très rapidement. Je supposais que j'étais dans le même état, mais, lui, n'osait même pas me regarder. Il observait le sol autour de nous. Je le secoua pour soutenir son regard, et il me fixa dans les yeux pendant quelques instants. Je voyais qu'il voulait dire quelque chose, j'ignorais quoi, mais il décida de maintenir le silence dans la pièce, percé de temps à autres par les sanglots de la jeune femme toujours attachée sur la chaise. Soudain, j'entendis la porte de la cave s'ouvrir brutalement, et des bruits de pas de plusieurs personnes, qui semblaient descendre les escaliers rapidement. Bogdan et moi-même regardions Maciej, Filip, Cyryl et Jerzy envahir la salle.

-"Putain mais qu'est ce que vous foutez vous deux ?!" cria Filip

Maciej et Cyryl s'approchèrent pour nous séparer. Cyryl m'écarta de Bogdan et envoya ce dernier vers Jerzy. Filip remarqua que nous étions sonnés, et que nous ne nous rendions pas compte de la situation.

-"Laisse Filip, je m'en occupe. Emmène l'autre en haut." demanda Maciej en me prenant par l'épaule pour m'emmener plus loin dans la pièce. Jerzy en fit de même avec Bogdan pour l'emmener à l'étage. Cyryl me lança un petit sourire avant de suivre les autres.

-"Qu'est ce qui t'as pris ?" me demanda Maciej calmement, en saisissant une chaise sur le coté pour me faire asseoir.

-"C'est... C'est vraiment un enfoiré..."

-"C'est pas tellement nouveau ! Pourquoi tu l'as frappé ?"

Je répondis par un geste de la main vers la jeune femme.

-"C'est qui ?"

Je haussa les épaules. Maciej alla vers la prisonnière, et s'agenouilla devant elle. Elle était dos à moi, je ne voyais donc pas ce qu'il se passait. Il se redressa au bout de quelques instants, et me regarda en faisant un légère mou et en haussant les épaules. Je m'approcha à mon tour pour la détacher de la chaise. Elle leva alors faiblement la tête, regarda Maciej, puis moi, et nous demanda d'une voix fébrile :

-"Qui êtes-vous ?"

Je remarqua alors qu'elle avait un fort accent russe. Nous nous regardâmes quelques secondes avec Maciej, avant qu'il réponde

-"Moi, c'est Maciej, et lui, c'est Alexey. On te veut pas de mal, d'accord ?"

-"Ou... Oui... Je m'appelle Natasha Nikolaiovna Ananiev..."

-"Qu'est ce qu'il s'est passé tout à l'heure ? Comment tu es arrivé ici ?" demandai-je à mon tour. Je remarqua l'espace d'un instant que l'émotion l'envahissait.

-"Le... Ce... Type... A tué mon père... Quand il voulait s'enfuir d'un bar..."

-"Qu'est ce qu'il faisait là-bas ?"

-"Il... Il a quitté la Russie il y a 6 mois pour venir ici... Il était chef de quartier*, mais le quartier s'est rebellé contre le commissariat, et mon père a été accusé d'avoir causé la révolte... Il a dût fuir ici* pour retrouver un ancien ami, il aurait put le faire passer en RFA*. Il devait le rencontrer au bar russe, mais il a été attaqué... Il a bien tenter de fuir, mais cet ublyudok* l'a tué quand il montait dans la voiture. Moi je l'attendais à l'arrière... Après l'avoir tué, son meurtrier m'a fait sortir de la voiture... Je pensais que c'était le KGB, et qu'ils allaient me tuer à mon tour, mais il m'a emmené ici et il m'a poser des questions sur un type... Andreinov... Mais je ne le connais pas !"

-"Oui, oui, ne t'inquiète pas... On ne te fera rien, d'accords ? Il faut que tu te calmes." l'assurai-je en m'agenouillant pour la regarder dans les yeux.

Maciej m'attrapa par le bras et m'emmena à quelques mètres pour me chuchoter quelque chose

-"Elle a  vu son père se faire tuer il y a moins de 2 heures, il faut la laisser seule pour se reprendre ! Qu'est ce que tu compte faire avec elle ?"

-"Comment ça qu'est ce que JE compte faire avec elle ?!"

-"Je sais pas... Je vais quand même pas la prendre !"

-"On peut pas la laisser ici... Je vais la prendre chez moi."

-"Tu as besoin d'aide ?"

-"Ouais, il faudrait faire diversion... Emmène Cyryl à l'écart, demande-lui de m'emmener chez moi, je peux pas y aller à pieds. Dis-lui de me rejoindre quand vous serez partis avec les autres, je veux pas me faire voir. Et puis... Ca sera déjà pas mal. Merci..."

-"Tais-toi ! Tu voudrais quand même pas que je te laisse dans cette situation tout seul ?! Je vais faire ça. Reste là. Console-la un peu, elle a vraiment pas l'air bien..."

-"Pas tellement étonnant !"

 

* Chef de quartier : Dans l'organisation soviétique (KGB), un chef de quartier est une personne chargée de surveiller (espionner) les personnes dans un quartier, pour éviter les "contre-révolutions" (pour éviter les contestations du gouvernement soviétique)

* Il a dût fuir : Les personnes soupçonnées d'être contre-révolutionnaires sont condamnées à la peine de mort

* RFA : République Fédérale d'Allemagne, contrôlée par les français, les britanniques et les américains (en dehors donc de tout contrôle soviétique)

* Ublyudok : enfoiré, en russe

 

Maciej emprunta l'escalier montant à l'étage. Tous ses événement précipités me firent réfléchir. Je me sentais le besoin de parler à un ami, un ami fiable, comme Maciej, que je connais depuis toujours. Je me demandais comment lui vivait tout ça. Contrairement à moi, le sang et la violence ne semblait pas lui poser de problèmes. Peut être est il plus fait pour ce boulot que moi.

 

Je réfléchis quelques instant, puis décida de passer à autre chose. Je m'approcha de Natasha, toujours assise sur la chaise. Face à elle, j'observais son visage. Elle avait de magnifiques yeux bleus, qui devaient certainement être mis en valeur par la lumière faiblarde et les nombreuses blessures qu'elle avait au visage. Je ne la connaissait quasiment pas, et pourtant, je me sentais déjà proche d'elle.

 

-"Je vais te loger chez moi. Je vis avec ma mère et ma sœur... Elles ne sont pas au courant pour la mafia, ni pour la fusillade, et je préfère que ça reste comme ça. Elles s'inquiéteraient pour moi... C'est normal. Tu comprend ?"

Natasha acquiesça.

"On a qu'à dire que tu es ma petite amie, tu es d'accord ?"

Elle leva les yeux, et sembla gênée par cette proposition. Elle rougie, et mon cœur s'emballa. Un sentiment étrange me prenait subitement.

 

Cyryl débarqua brusquement dans la pièce :

 

-"Maciej fait diversion, venez, la voiture est dans la ruelle derrière."

 

J'aida Natasha à se lever et Cyryl nous conduisit dans un couloir à l'étage menant à une sortie. La voiture nous attendait. Cyryl avait laisser le moteur tourner, et à peine nous fîmes montés dans le véhicule qu'il démarra.

 

Durant le trajet, je sentis que Natasha était attristée. Je ne savais pas comment réagir, je me contenta de poser ma main sur son épaule pour lui exprimer mon soutien, et lui faire comprendre qu'elle peut compter sur moi.

Cyryl me lança un regard via le rétroviseur, et entama la discussion :

-"J'étais un peu retissent à ton entrée dans la famille, pour être honnête. J'avais peur que tu sois trop mou, que tu ai peur de prendre des initiatives, comme il y en a trop dans la famille. Tu m'as volé le privilège de tabasser Bogdan, tu le sais ça?", dit il sérieusement, avant de laisser entendre un léger rire.

Je savais que Cyryl était généralement peu ouvert au dialogue et que peu de personne pouvait se targuer de l'avoir pour ami. Etonnement, il semblait vouloir nouer des liens avec moi, comme j'avais pus le voir avant la fusillade.

"Comment tu te sens?", me demanda t-il en ralentissant pour emprunter l'intersection et se garer devant mon immeuble.

-"Ca peut aller. Tout ça arrive si subitement... Mais je pense pouvoir m'en remettre", lui assurai je, pour lui montrer que je n'abandonnais pas pour autant mon projet concernant la mafia.

Il acquiesça, avant de descendre et d'ouvrir la portière de Natasha, pour l'aider à marcher.

Je remercia Cyryl, et continua seul avec Natasha jusqu'au seuil de la porte de notre appartement. J'hésita quelques instant, réfléchissant à quoi répondre à ma mère, en cas de question. Je posa la main sur la clanche pour l'ouvrir, mais quelqu'un derrière la porte me devança.

 

-"Alexey ? Que fais-tu déjà là ? Qui est-ce?", interrogea Ewa, surprise.

J'entra, sans dire un mot, lui faisant signe de m'aider à faire marcher Natasha.

-"Je... Je ne sais pas quoi te dire, Ewa.", répondis-je, calmement, conduisant la jeune fille jusqu'à ma chambre.

Bizarrement, ma sœur ne posa pas d'autres questions. J'imagine qu'elle avait peur et ne préférait pas connaitre la nature de mes occupations.

-"Maman arrivera d'ici une heure. J'espère que tu aura plus de réponse à lui donner...", dit-elle, avant de rejoindre la cuisine.

 

J'installa Natasha sur mon lit et lui dis :

-"Il y a une salle de bain à côté. Tu peux te nettoyer un peu si tu veux. Repose-toi, ici tu ne craint rien."

Ewa entra dans la chambre avec un verre de jus de pomme et des vêtements propres lui appartenant, qu'elle posa à côté de Natasha.

 

Le soir arriva rapidement. Comme prévu, j'annonça à ma mère que Natasha était ma petite amie. Elle fût heureuse de la rencontrer, et pour éviter les questions supplémentaire, je la présenta comme polonaise.

 

 

Le lendemain, Maciej frappa de bonne heure à la porte de notre appartement.

Natasha dormait encore, et je décida de la laisser avec Ewa. Je savais qu'elle était entre de bonnes mains.

Maciej et moi marchions jusqu'à un parc, et nous nous installâmes sur un banc.

C'était le moment parfait pour faire le point, et discuter de tous ses événements difficiles.

-"Comment tu fais pour rester aussi fort face à tout ça... Je veux dire... Parfois, je pense à tout le sang qu'on fait couler. Ce n'est peut être que le début. On s'en est bien tiré jusqu'à présent, mais qui nous dit qu'une prochaine fois, ce ne sera pas l'un de nous qui prendra une balle?"

Il m'écoutait, pourtant il semblait ailleurs. Préoccupé par autre chose.

J'aperçu les yeux rouges de Maciej et décida d'interrompre la discussion. Il semblait mal, étrangement, lui qui a toujours était très solide.

Maciej ne me paraissait pas apte à discuter, et je l'invita à continuer notre promenade.

J'avais toujours ce besoin de m'exprimer, de donner mon ressenti sur les événements. Mais pour la première fois depuis que je connais Maciej, il ne me réconforta pas. Je me demandais ce qui le préoccupait autant, mais n'osait pas lui poser la question.

Je ne pu pourtant m'empêcher de terminer la discussion :

"Si jamais je venais à... Mourir, lors d'une fusillade ou autrement, occupe toi d'Ewa et de maman... S'il te plait".

 

 

Première publication : 31-05-2014 14:22:36

 



20/04/2015
0 Poster un commentaire

A découvrir aussi


Ces blogs de Loisirs créatifs pourraient vous intéresser