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Dukkha, l'internet noir.

The Limbic Brain : [FINAL] Prologue 1 : Le cerveau limbique [8/8]

 

    Allongé dans son lit, seul, Djeffh ne cesse de réfléchir à son crime de la veille. Il se questionne, 

s'interroge, et ne sait pas s'il doit regretter son geste. Un meurtre est un acte grave, mais il l'a fait pour son amie. Aurait il dû trouver un autre moyen moins violent. Où n'est ce qu'un meurtre de plus sur la liste? Il ne sent plus de remords, et ceci le perturbe.
Aucune réponse ne lui vient à l'esprit.
Le bruit de quelques gouttes de pluie qui tombent à l'extérieur et frappent la vitre, résonnent dans la 
chambre. Il peine à sortir du lit. Djeffh rejoint la salle de bain, et s'observe dans le miroir au dessus du lavabo. Le jeune homme ne se sent pas bien : son corps lui semble très lourd, les résonnements 
s'intensifient et lui déchire les tympans. Il a la tête qui tourne, et sa vision commence à se troubler.
Djeffh sent que son corps va tomber, alors il se retient au lavabo, mais il s'affale lourdement au sol, et entraine le lavabo dans sa chute, sur le carrelage de la pièce. Soudain il entend la porte d'entrée s'ouvrir et une voix qui hurle de détresse :
-"Djeffh ?!"
Le jeune homme reconnait la voix de son amie, et se relève, péniblement. Shrila accourt vers lui, et le 
regarde droit dans les yeux, paniquée :
-"Suleyman est en ville !"
Djeffh sent qu'il va à nouveau chuter et s'assied sur le lit.
Il réfléchit de longs instants, étourdi, et pense "Comment est ce possible?!". 
Djeffh ne comprend pas. La jeune fille le saisit par le bras et lui demande :
-"Djeffh, est ce que tu pense qu'il est vraiment dangereux?"
Il lui lance un regard interrogatif, la dévisage, elle poursuit :
"Y'a t'il des choses sur lui que tu ne m'as pas dit?".
La jeune fille s'assied à côté de lui, et prend sa main dans les siennes. 
Djeffh est perturbé, et n'arrive vraisemblablement pas à comprendre la situation. Il tourne son visage vers Shrila, mais ses yeux observent le sol.
-"Euh... Suleyman..."
-"Dis moi, Djeffh. Parle moi. Qu'est ce que je dois savoir?"
-"Tu te rappelle quand... On est partis récupérer le sac d'armes? Suleyman est rentré seul dans le bâtiment, et on a entendu un coup de feu..."
-"Tu sais ce qui c'est passé?"
-"Heum... C'était l'immeuble où vivait son grand frère. Apparemment, ils ne s'entendaient plus très bien. Suleyman est entré récupérer ses armes, du moins c'est ce qu'il nous a dit, mais en fait, il voulait principalement récupérer de la... Drogue. Ses médicaments. Son neveu de dix ans lui a ouvert la porte de l'appartement et a refusé de le laisser entrer... Alors Suleyman l'a tué... Puis a récupéré la drogue. Il a aussi volé une seringue et de la 'morphine', avant de nous rejoindre en courant. Il m'a dit qu'il comptait s'en servir pour se suicider..."
 
La jeune fille le regarde très étonné, ébahie. C'est un nouveau coup dur, et une nouvelle révélation qui la surprend énormément. Djeffh lève la tête vers le plafond et poursuit :
-"Le matin où on est partis... Je croyais qu'il était mort. Suleyman m'a avoué qu'il comptait se donner la mort dans la nuit... C'est pour ça que j'ai préféré partir. Il était un danger pour nous, certes, mais je refusais que tu le vois mort..."
Shrila lâche la main du jeune homme, et reste muette, choquée. Puis elle répond d'une voix faible :
-"Pourtant... Le capitaine est toujours en vie. Tu crois qu'il... Nous veut du mal?"
-"Je... Je n'en sais rien. Mais dans le doute, je préfèrerai partir d'ici."
La jeune fille acquiesce.
-"J'ai deux amis qui peuvent nous héberger. Ils habitent dans une taverne, une centaine de 
mètres plus bas, et ont de la place au sous-sol. Ils dirigent un petit mouvement de 'résistants' contre le KBW. Mais ne t'en fais pas, on ne risque rien là bas."
Djeffh récupère le sac remplit de fruits, mais Shrila le retient par la main : 
-"Non. Inutile de s'encombrer. On... On aura besoin de rien."
Le jeune homme se questionne mais accepte. Shrila le conduit dans une petite ruelle, derrière les 
lotissements, et ils arrivent rapidement devant la taverne, où les deux hommes les attendent sur le seuil de la porte. 
Le premier est plutôt grand et mince. Il a petit bouc, et semble être 
quelqu'un de propre, soigné. Il tend sa main à Djeffh et lui dit, de sa voie rauque :
-"Salut ! Je s-suis Henryk. Entrez, je vous prie."
Le second homme, plus petit mais également très mince, tient un morceau de pain dans sa main 
gauche. Il a de vieux vêtements mais en parfait état. L'homme pose son pain sur la table à l'entrée et 
salue Djeffh amicalement :
-"Klemens. Heureux de vous connaître."
Ils entrent à l'intérieur, Henryk les conduit au sous sol.
-"Ne prenons pas de risques inutiles, ici vous êtes en total s-sécurité."
Djeffh observe le lieu. Un petit coin est séparé et caché par un mur qui ne monte pas jusqu'au 
plafond, où sont caché une baignoire, un évier et les toilettes. L'endroit est grand et vide, hormis les 
deux lits situés à environ deux mètres l'un de l'autre, et deux lampes murales, placées de manière à 
éclairer toute la pièce. 
Djeffh s'assied sur un lit. En posant ses coudes sur ses genoux, il remarque un petit coffre sous la 
seconde couche. Il s'approche et saisit celui ci. L'objet est assez poussiéreux, en bois ancien et 
vernis. Il l'ouvre, et trouve une centaine de plumes plus ou moins grandes et de différentes couleurs, entassées à l'intérieur. 
Shrila s'approche et referme le coffre. Elle lui dit gentiment :
-"C'est ma collection de plumes..."
La jeune fille prend l'objet dans ses mains, et le serre contre elle. Djeffh comprend que malgré leurs 
faible valeurs monétaires, ces plumes ont une grande valeur sentimentale pour elle.
 
La matinée passe, et Djeffh remarque que Shrila est extrêmement silencieuse. Il se demande ce qu'il se passe, et lui demande :
-"Shrila? Quelque chose ne va pas?"
Elle ne semble pas entendre, comme perdue dans ses pensées. Il s'approche :
-"Shrila?"
La jeune fille lève la tête, et le regarde, comme surprise de le voir :
-"Oh? Désolé, je... Je suis un peu chamboulé avec tout ces événements. Mais ça va.", assure t'elle en souriant, avant de replonger dans ses rêveries.
Le jeune homme décide de la laisser tranquille, et sais qu'elle a besoin de temps. Il monte à l'étage, rejoindre Henryk et Klemens.
La taverne est fermée, aucun client n'est entré, et les deux hommes ont une discussion plutôt animée. Djeffh s'approche et s'assied sur le tabouret à côté de Henryk. Celui ci demande :
-"Comment te sens tu? Tu arrive à supporter t-tout ça?"
Djeffh lui répond, en prenant un verre propre :
-"Tout ça?"
-"Oui. Les événements. C'est difficile à v-vivre. Enfin j'imagine."
-"Hum... C'est surtout bizarre."
-"Comment ç-ça?"
-"Shrila..."
-"Un problème avec S-Shrila?"
-"Elle ne me parle plus..."
Djeffh baisse son regard :
Klemens l'admire, stupéfait, et répond :
-"Ce n'est que passager, ça lui passera !"
Il ne semble pas convaincu, et relève la tête. 
L'endroit devient calme pendant quelques minutes, puis Henryk engage la conversation :
-"Dis moi, euh... Djeffh, c'est ç-ça? Shrila t'a expliqué qu'on a des 'problèmes' avec le KBW?"
Il hoche la tête.
"Bien. J'ai réfléchis un peu. On a quelques volontaires en f-forme, en est tu Djeffh? J'ai appris que le Korpus reçoit des armes en grande quantité par les trains de marchandises. Qu'est ce que vous diriez d'aller leur emprunter quelques fusils?"
Klemens le regarde avec de grands yeux et demande brusquement :
-"Qu'est ce que tu racontes?! Tu veux attaquer un train? Pour récupérer des armes? On pourrait tout aussi bien en voler aux gardes, surtout en pleine nuit quand ils ne sont plus très frais !"
-"Attend attend ! J-je ne parle pas de voler deux ou trois fusils. Je p-parle de toute une cargaison ! Et c'est le moyen parfait pour montrer à ces trou du cul qu'on est p-pas des rigolos !"
-"C'est trop risqué."
Henryk déroule une petite carte sur le bar, et affirme :
-"Ecoute mon plan, j'ai tout prévu ! Voici l'itinéraire exact du train. J'ai cherché, et t-trouvé un endroit, sans aucune surveillance. Une toute petite zone, 5 kilomètres. On entre, on ressort, on les débarrasses de 200 armes pleines à craquer de m-munitions. Imagine ! Ce sera bien plus facile de recruter des gars avec autant de matériels !"
-"Je... Je sais pas. Hé, Djeffh, tu en pense quoi?"
Il pose son verre sur la table et répond, tout en remplissant de nouveau son récipient :
-"Pourquoi ferais je ça?"
Henryk approche son visage du sien :
-"T-tu veux protéger Shrila, bon? Voilà ce que je te propose. Tu m'aide pour ce coup, et je vous envoie, toi et elle en pays libre : la France. Fini la dictature et les gardes à tout les coins de rue ! C'est exactement ce que tu veux, je le sais."
-"Comment pourrai je être sûr de ça?"
-"Parle en à Shrila. O-on se connait depuis longtemps, elle te dira que je s-suis quelqu'un de confiance."
Djeffh réfléchit et prend rapidement sa décision :
-"Ca va. Je marche. Mais au moindre coup fourré..."
Il lève son regard noir vers Henryk, qui comprend parfaitement ses menaces.
L'homme barbu acquiesce, puis se retourne vers son ami, Klemens :
-"E-et toi? Tu décides quoi?"
-"Euh... C'est trop risqué pour moi... Je peux aider à superviser le coup, mais je ne vais pas sur le terrain. Désolé."
Henryk montre son large sourire puis prend une bouteille de vodka en main :
-"Bien ! On organise le coup dès ce soir. C'est un formidable projet. En attendant, b-buvons !"
 
L'après midi passe. Djeffh s'inquiète pour Shrila, qui est restée sans bouger dans son lit, dans ses pensées, sans dire un mot. Il décide d'aller lui parler, simplement. Et de lui raconter la possibilité que lui offre Henryk.
Le jeune homme la rejoins, se met à genoux, devant elle, et lui demande :
-"Shrila... Comment tu te sens?"
Pas de réponse.
"Tu sais, pour les plumes... J'en ai trouvé caché dans le matelas, chez toi... Je me disais que tu les cherchais peut être et... Hum. Henryk... Henryk m'a parlé d'un projet. Si je l'aide, il peut nous envoyer en France. Tu entend? On sera libre. Plus de problème pour nous, la liberté. J'ai envie d'aller là bas, avec toi Shrila."
Il pose sa main sur le genoux de la jeune fille, et remarque qu'elle a les larmes aux yeux.
"Ne pleure pas... Parle moi, je t'en supplie. J'ai besoin de toi ! Tu es la seule bonne chose qui soit arrivé dans ma vie. Tu m'as redonné confiance, tu m'as redonné envie de vivre. Sans toi... Je ne suis qu'un animal sauvage perdu."
Djeffh observe la tristesse de la jeune fille, mais ne comprend pas. Il pensait qu'elle serait heureuse de l'offre de Henryk, mais au lieu de ça, quelque chose semble la ronger de l'intérieur, et il ne sait pas comment l'aider. 
Il s'assied sur le lit, et la prend dans ses bras.
 
La nuit tombe. Djeffh rejoins les deux hommes à l'étage, pour organiser le braquage du train. Henryk l'accueille avec un grand sourire. Il l'invite à rejoindre la table et à prendre un verre. 
Henryk s'assied et déplie une grande feuille, qui a jauni, sans doute à cause de la fumée de cigarette.
-"B-bon. Voilà tout ce dont nous avons besoin. Je vous explique. D-demain, à l'aube, avant le lever du couvre feu, nous irons récupérer tout le matériel utile à la réussite du projet. Voici vos rôles : Klemens, tu vas à la gendarmerie. T-tu alertera le Korpus que la bijouterie des frères Lewandowski se fait braquer. Tu devras être bon comédien, c-car sortir pendant le couvre feu est grave, en revanche, si tu arrives à les convaincre, ils te seront reconnaissants de les avoir p-prévenu ! C'est la plus grande bijouterie de la ville ! L-les gardes ne devraient pas hésiter longtemps. Une fois que tu les aura bernés et qu'ils seront partis sur place, t-tu devras prendre la fuite. Je t'expliquerai ça plus en détails après. Pendant que la diversion est en place, Djeffh tu ira rejoindre un ami marchand à la sortie de la ville. Il p-porte un faux nom, juste par sécurité : Eryk Melcer. Il te donnera plusieurs caisses, dont une qui c-contient la Thermite. Un produit fantastique ! C'est un alliage d'aluminium m-métallique et d'oxyde de fer. Sa réaction chimique génère une chaleur si intense, q-quelle fera fondre la porte en acier du train en dix secondes ! Il te fournira également une caisse avec six Makarov. Si tout se passe b-bien, on ne devrait pas les utiliser, mais je préfère ne pas prendre de risque. Je te fournit une voiture. C'est une 125P noir avec le c-cigle du KBW gravé dessus ! Autrement dit, une voiture de service du K-Korpus. Ne me demande pas comment je l'ai eu ! Si tu croises des gardes, ils ne te remarqueront sans doute même pas ! Tu vois, tout est sécurisé. Shrila et toi partirez bientôt pour la France.", affirme t'il, sûr de lui.
Djeffh sourit, mais après quelques secondes, se questionne et lui demande :
-"Et toi? Que fais tu dans tous ça?"
Henryk sourit et répond en essayant de garder son sérieux :
-"C'est génial. Mon plan, je le t-trouve parfait. Djeffh tu rejoindra le 'lieu de sécurité'. On ira tous les deux là bas. C'est au sud d-de la ville, un grand entrepôt, des caisses partout, des grues, du matériel de transport, et surtout, des centaines de t-travailleurs ! Ce qui veut dire qu'on sera complètement dissimulés dans la foule. Si jamais l'un de nous se fait r-repérer, cet endroit sera parfait pour semer les gardes. Voici le plan que j'ai dessiné de l'entrepôt."
Henryk déplie une nouvelle grande feuille jaunâtre, puis pose un grand sac plastique avec des vêtements sur la table.
"C'est ici qu'il y'a le plus de t-travailleurs. Et comme je suis un parfait génie, j'ai même réussi à nous dégoter les t-tenues des employés de l'entrepôt. Vous les porterez avant de partir. V-vraiment, je ne vois pas comment le plan pourrait échouer ! Bon? Ensuite, Djeffh je t'attendrais ici, tu vois? C'est un petit hangar. Il m'appartient. On d-déposera tout le matériel la bas. Pendant ce temps, Klemens rejoindra la taverne, q-quand tu sera de retour, moi je rejoindrais Djeffh au hangar. C'est ici que tu termine t-ta mission, Klemens. La seul chose que tu aura à faire, c'est tenir la b-boutique, comme tout les jours. Personne ne se doutera de rien. Une fois arrivé, c-change toi. Quand les gardes comprendront que le braquage de la bijouterie était bidon, ils chercheront à te retrouver. C'est p-pourquoi tu dois impérativement porter la tenue de l'entrepôt quand tu ira à la gendarmerie. 
Ils penseront que tu travaille là bas, et iront tout à fait l-logiquement, t'y chercher. 
Normalement, Djeffh et moi ne devrions plus être sur place quand ils viendront, mais dans tout les c-cas, ils ne s'occuperont pas de nous, car, dans mon hangar, on se changera avec des vêtements qui passeront inaperçu. On s'échappera avec la 125P, et le plan sera un succès !"
Henryk semble satisfait de sa prestation, mais Djeffh doute et le questionne :
-"Et ensuite? Pour le train?"
-"Quand on sera t-tous rentré à la taverne, je vous expliquerai la suite du plan. Nous devrions allez dormir, d-demain on se lève de bonheur."
 
Les trois hommes retournent à leurs chambres respectives, pour dormir.
Djeffh s'allonge dans son lit, se recroqueville sur lui même. Il réfléchit à ce plan, et doute de sa réussite. Même si Henryk à visiblement tout prévu, il est stressé. 
 
Très tôt, le matin :
-"Djeffh, réveille t-toi.", chuchote Henryk, en secouant l'épaule du jeune homme.
Il se lève, passe rapidement ses mains sur ses yeux, qui s'habituent doucement à la lumière émise par les lampes murales, et affirme :
-"Je suis prêt."
-"Bon. T-tient, enfile le costume de l'entrepôt. La voiture est prête, elle t'attend dehors."
Djeffh le remercie d'un signe de la tête, et s'apprête à monter à l'étage, Henryk lui dit :
-"Attend. Prend ceci. C'est la carte qui t'amènera jusqu'au marchand. J'ai c-coloré la route à suivre en rouge pour aller au sud de la ville, tu vois? Souviens-toi, son nom est Eryk Melcer. Et là, en bleu, c'est pour rejoindre l'entrepôt."
Il acquiesce, et enfile rapidement la tenue. Djeffh observe Shrila, encore endormie. Tout ce qu'il va faire aujourd'hui, il le fait pour elle. Le jeune homme reste figé, droit debout, et doute. 
Il sort, et trouve le véhicule avec le logo du KBW. 
Djeffh démarre. 
L'hésitation l'envahi peu à peu, mais il essai de se concentrer. La réussite de cette mission est la clef de sortie pour la liberté.
 
Djeffh suit l'itinéraire à la lettre.
La route jusqu'au sud de la ville lui parait longue. Il aperçoit quelques gardes, visiblement ivres, qui discutent sur un banc. Ils ne le remarquent pas. 
 
Le trajet se termine, il se gare sur un petit parking à cinq places, toutes libres. L'endroit est très calme. Le léger souffle du vent s'entend de l'intérieur de la voiture.
Il remarque une caravane un peu plus loin, et juste à côté, une voiture blanche sale, les pneus boueux, d'une marque que Djeffh ne reconnait pas. 
Il attend. Après quelques minutes, les phares du véhicule blanc s'allument. Puis s'éteignent, et se rallument à nouveau. Djeffh comprend que le conducteur lui fait des appels, et descend de sa 125P. Il s'approche de la voiture blanche, et le marchand en fait de même.
-"Euh... Vous êtes Eryk Melcer?", demande Djeffh, ébloui par les phares encore allumé. L'homme lui fait signe de le suivre.
Ils se retrouvent derrière le véhicule. 
-"Tu es à l'heure.", répond d'un ton étrange l'homme en ouvrant le coffre."
"Deux caisses. Tout y est, tu ne les ouvres pas, inutile de vérifier. Tu prend, tu te casses, et tu oublies mon visage. Compris?"
Djeffh acquiesce en fronçant les sourcils. De nombreuses questions trottent dans sa tête, mais il préfère obéir et suivre le plan. Le jeune homme empile les deux caisses, et les porte jusqu'a son véhicule. Celles-ci lui semblent étonnement légères. Une fois les caisses chargées à l'arrière, il se tourne, et remarque que le marchand est déjà parti, sans bruit.
-"Je le sens pas ce coup...", pense-t-il à haute voix, en remontant dans son véhicule.
Maintenant, direction le hangar de l'entrepôt. Il se dirige vers le centre de la ville, le couvre feu doit être levé maintenant. Djeffh empreinte la route principal, puis prend une avenue. En arrivant sur la place du marché, il aperçoit la foule qui semble agité. Des femmes, des hommes et des enfants courent, tous dans la même direction et des cris de panique se font entendre. 
-"Bon sang, qu'est ce qu'ils ont, tous?!"
Djeffh descend de son véhicule, et part sur la place en courant, une femme âgée le bouscule et tombe à terre. Il s'approche et  l'aide à se relever, puis demande :
-"Madame, que se passe t'il?"
Elle semble effrayée :
-"Le KBW ! Ils font une descente à la Taverne. Ils ont tués Henryk !!"
Djeffh n'en revient pas. Il blanchit à vu d'œil, et reste figé sur pace. La femme poursuit sa fuite en courant et Djeffh retourne à son véhicule, en marchant, les bras tombant, comme foudroyé par ce qu'il vient d'entendre. 
-"Comment... Est... Ce... Possible?!"
Il monte en voiture, se tourne et attrape les caisses, qu'il ouvre d'un geste brusque. Elles sont vides :
-"Le fils de pute !!", hurle t'il en frappant son volant de toutes ses forces.
"Traitre ! Tu nous as balancé? Klemens, salopard,  tu es un homme mort !"
La colère lui monte à la tête, ainsi que la folie. Tout ceci l'empêche de réfléchir. Doit il se rendre à la taverne, où est sans doute encore Shrila, ou se débarrasser de Klemens? Dans le second cas, où pourrait il être en ce moment? Se rendre à la taverne serait prendre un risque énorme, et protéger Shrila reste sa priorité. Djeffh doit prendre sa décision rapidement.
-"Réfléchit, réfléchit !"
Le jeune homme sait qu'il sera repéré s'il se rend sur place, surtout avec sa tenue de l'entrepôt. -"Henryk à dit qu'il cache des tenues dans son hangar. C'est risqué, mais c'est le seul moyen... Tien bon, Shrila ! J'arrive !!", dit il avant de foncer en direction de l'entrepôt, sans attacher sa ceinture.
Djeffh saisit la carte fournit par Henryk qui indique le chemin à suivre pour trouver le hangar. Il l'ouvre et cherche le lieu, en même temps qu'il conduit, paniqué et à plus de 120 km/h en pleine ville, évitant de peu les nombreuses voitures en circulation. 
-"Là !"
Il fonce, puis après quelques minutes intenses arrive dans l'entrepôt et trouve rapidement le hangar, facilement reconnaissable, construit de plaques métalliques épaisses rouillés et rouge. Il se gare juste devant la porte d'entrée, sort en courant du véhicule, force la porte en la frappant brutalement et entre dans le bâtiment, 
sombre, où il ne voit rien. Il marche deux ou trois mètres, sans visibilité. Soudain les néons au plafond s'allument, l'un après l'autre en émettant un petit bruit singulier à ces objets. Djeffh est ébloui et entend le bruit d'une arme qu'on charge, puis une voix d'homme qui lui cri  :
-"A terre, les mains sur la tête !"
Il ouvre les yeux, et découvre des vingtaines d'hommes armés, des gardes du KBW qui l'encerclent, l'un d'entre eux est même monter sur l'échafaudage qui relie deux passerelles, elles aussi encombrés d'homme armés, qui s'opposent , avec un fusil à lunette, en position de tir.
Djeffh les observe, complètement perdu, ne comprend pas. 
-"A terre, immédiatement !", répète l'un des gardes du Korpus.
Cette situation est incompréhensible. 
Dans l'un des coin du hangar, il remarque un escalier, d'où descendent trois personnes. 
-"Klemens?! ... Shrila? Henryk...", reconnait il, intrigué et sous le choc.
Ses trois amis passent le cercle que forme les gardes, et Henryk continue seul jusqu'à lui.
-"Echec et mat. Djeffh Anderson, vous êtes en état d'arrestation."
Le jeune homme tombe genoux à terre, les yeux grand ouvert, littéralement paralysé et dépassé par l'événement.
Shrila est immobile, tête baissé.
En regardant son amie, qui est à environ cinq mètres de lui, il remarque ses larmes, qu'elle semble essayer de retenir.
-"Shrila? Que se passe t'il? Je ne comprend plus..."
-"Djeffh... Je suis désolée. Je n'ai pas voulu..."
Il est perdu. En sueur, au milieu de la foule. Son cœur bat plus vite que jamais. Elle poursuit :
"Djeffh... Tu es un criminel. J'ai voulu éviter ça... Mais ma conscience m'empêche de laisser un meurtrier en liberté. J'ai appris pour les deux hommes au bar... J'ai su que c'était toi dès l'instant où j'ai entendu la nouvelle."
Le jeune homme, s'allonge, raide, au sol, les yeux rouges. Il comprend tout désormais. La présence improbable de Suleyman en ville, le plan complètement loufoque pour braquer le train, la voiture du KBW fournit par Henryk et Shrila qui ne lui parlait plus, tout était prévu. Calculé.
-"Tu... M'a manipuler... Shrila?", questionne t'il d'une voix faible droit dans les yeux, encore allongé sur le goudron du hangar.
Elle baisse les yeux, ne pouvant pas affronter de face ce que peut ressentir Djeffh.
Le jeune homme est perturbé, ses émotions reprennent le dessus, il n'a plus aucun contrôle. 
Colère, tristesse, haine, amour, peur, déception. 
-"Exactement, comme Suleyman l'avait prédit... Tu m'as manipulé... Salope !!", hurle t'il, fou de rage, en se relevant, et fonçant d'un pas lourd vers la jeune fille, comme un bélier qui charge, l'attrapant par le col de sa chemise et la décollant du sol de toute sa puissance animal.
Djeffh n'a jamais eu un tel regard. 
Indescriptible. 
Et en larmes. Sa rage prend le dessus, il plaque violemment la tête de la jeune fille et l'assomme à de nombreuses reprise d'une rage incontrôlable, d'une brutalité hors normes, le bruit des os qui se brisent résonnent dans le hangar. L'un des garde pointe son arme :
-"Lâche la !!!", hurle t-il.
Mais c'est déjà trop tard. 
Shrila est complètement ensanglantée, détruite.
Elle utilise le peu de force qu'il lui reste pour serrer ses mains, comme pour faire une prière, et regarde Djeffh, dans les yeux. Son regard se vide de toute son âme petit à petit, elle meurt, vidée de son sang. 
Le garde panique et tire deux balles, dont une qui touche l'épaule de Djeffh. Il lâche Shrila, et ils s'écroulent tous deux à terre. Une flaque de sang s'étale sur le sol. 
Djeffh reprend son souffle. Il réalise. C'est un monstre. Une immense tristesse l'envahi. Il vient de tuer son amie. Brutalement. Celle qu'il avait juré de protéger, la seule personne qui comptait pour lui. Ses émotions, ses impulsions impossibles à maîtriser, viennent d'anéantir le seul espoir de joie, de bonheur et d'amour qu'il avait.  
-"Non...", dit il d'une voix faible, les yeux en larmes dirigés vers son amie. Il pleure, et rampe jusqu'a son cadavre, la prend dans ses bras :
"Shrila? Non. Ne... meurt pas... Je ne peux pas vivre sans toi, par pitié reste avec moi..."
Les larmes coulent à flot, il sert très fort le corps de son amie défunt :
"Pourquoi me faire subir ça? Dieu, pourquoi?! Je ne vous ai rien fais !", il se relève, posant délicatement le corps inerte, et hurle de toute sa voix :
"Qu'est ce que tu as contre moi, hein? Vien te battre si t'as des couilles, je t'attend !! Ramène toi fils de pute, on va régler nos comptes ! Tu as détruit tout ce que j'avais !! Vien te battre, c'est un putain d'ordre !!!"
Les gardes se regardent les uns les autres, ne comprenant pas. Djeffh perd la tête, et n'a plus aucune lucidité, même sa propre vie n'a plus aucun intérêt à ses yeux. Il frappe violemment le mur métallique à de nombreuses reprise de toute ses forces, jusqu'à ce que ses phalanges soient en sang. L'un d'eux hurle :
-"Ca suffit !", avant de tirer une nouvelle fois sur le jeune homme, touché de plein fouet dans le bas du dos. Il chute à nouveau lourdement. Dans un dernier souffle, il remarque le bijou, toujours dans la poche de la jeune fille. Il saisit difficilement le collier de rubis, qu'il sert très fort dans sa main. Henryk s'approche, et lui met les menottes. Djeffh lui lance un regard, vide, ne montrant plus le moindre signe de résistance. 
Il ne ressent plus rien. 
Le néant. 
Plus de colère, plus de tristesse, plus de haine, plus d'amour, plus de déception.
Plus de peur. 
Djeffh s'évanouit, dans l'immense flaque de sang noir, souhaitant mourir ici.

 


 

Première publication : 08-05-2014 13:40:13

 

 



20/04/2015
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