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Dukkha, l'internet noir.

The Limbic Brain : Prologue 1 : Chemin sans espoir [6/8]


 


     -"Debout les jeunes, une longue journée nous attend !" dit Suleyman en ouvrant le vieux rideau, puis les volets en bois.
Shrila se réveille la première. Elle s'approche de Djeffh, encore endormit, et l'embrasse sur la joue. Le
capitaine qui assiste à la scène, sourit.

Il ouvre une porte qui mène à une petite salle de bain derrière la chambre :
-"Si vous souhaitez prendre une douche, n'hésitez pas. On a de l'eau chaude, du savon, et même du
shampoing. C'est génial, non?"
Suleyman quitte la pièce et redescend, on peu entendre le craquement des vieilles planches de
l'escalier.
Djeffh commence à ouvrir les yeux, la jeune fille est assise à côté de lui et le regarde. Sa vision est
trouble et la lumière du soleil sur le corps de la demoiselle forme un halo blanc autour de sa silhouette.
Il tend sa main un peu au hasard :
-"Est ce que tu est un ange?", demande t'il.
-"Peut être bien."
Sa vision s'éclaircit et devient plus net.
Djeffh sourit et lui lance:
-"Mon petit ange, tu as besoin d'un bon coup de peigne."
Les deux jeunes rient.
Après s'être échangé quelques regards, ils partent prendre une douche ensemble.

Le soleil arrive à son zénith, Djeffh et Shrila rejoignent Suleyman dans le jardin.
-"Alors? Ca fait un moment que je vous attend !", dit il sérieusement, avant de rire lui même :
"Je ne suis pas crédible en capitaine strict, n'est ce pas?"
Shrila hoche la tête.
L'homme range ses outils de jardinage dans un grand sac de tissu militaire.
-"Djeffh et moi partons à la supérette. Le patron est un vieil ami, on ne devrait pas avoir de problème
particulier. Shrila, j'ai préparé des vêtements pour toi. Je n'aime pas beaucoup te voir dans cette tenue.
Si les soldats du KBW arrivaient ici par hasard, ils comprendraient directement que tu es celle qu'ils
cherchent avec tes habits traditionnels d'Inde... Euh... Comment tu appelle ça ?"
-"Un Sari?", répond la jeune fille.
-"Exactement. Tiens."
Il lui tend une grand bassine avec des vêtements propre.
"Ils sont encore humides. Met les à sécher au soleil, et tu pourra les porter dès cet après midi. Un vieux jean et un pull fin à manches longues. C'est pas vraiment à la mode, mais ça passe partout."
Shrila le remercie et prend les vêtements.
-"Bien. Djeffh, nous partons de suite."
Il se tourne vers la jeune fille et finit :
-"Shrila, tu sais ce que tu as à faire cette après midi? Il y a des gants sur la table là bas. Tu sais
reconnaître les fruits mûres je pense. N'oublie pas d'enlever ceux qui sont pourris des arbres. Nous
serons de retour dans moins de deux heures. Essaie de rester à l'ombre, le soleil tape fort aujourd'hui."

Les deux hommes s'avancent vers la voiture, le capitaine monte à la place passager. La jeune fille
retiens Djeffh quelques secondes et l'embrasse une dernière fois, avant de le laisser rejoindre
Suleyman. Ils se sourient.

Djeffh démarre la FSO.
Aucun nuage dans le ciel. La température monte très vite dans le véhicule, et le temps est sec.
-"On aura de la chance si on ne se prend pas un orage au retour.", explique Suleyman.
Le capitaine sort son tube de médicament de la poche de sa veste, et avale un cachet.
Djeffh regarde l'homme, sans dire un mot, mais l'ex soldat comprend ce qu'il pense :
-"Ne t'en fais pas, j'ai quelques douleurs dans le dos, sûrement à cause du jardinage. Ça passera !"
Djeffh acquiesce.
Il se concentre de nouveau sur la route, mais une question lui vient à l'esprit. Il hésite et finalement, il se décide à la poser :
-"Sul'... Tu crois que Shrila m'aime parce qu'elle a pitié de moi?"
Il semble étonné par cette remarque du jeune homme :
-"Je ne sais pas. Qu'en pense tu? Shrila est une fille très bien, non?"
-"C'est une fille bien..."
-"Elle t'aime pour toi. Tu dois avoir une totale confiance en elle. Écoute, tu ne dois pas suspecter le pire et voir le mal partout. Tu es trop méfiant, Shrila est une jeune fille très bien, je n'ai aucun doute."
Djeffh sourit et semble rassuré.
-"Merci."
Ils poursuivent leur trajet.

Djeffh longe une grande route dans les champs, puis arrive a un carrefour. En empruntant le virage, il se tourne vers le capitaine et remarque qu'il est assoupi. Djeffh termine la trajectoire et suis un chemin de terre.
Il jette à nouveau un coup d'œil à Suleyman qui dort toujours. Le jeune homme lui donne un léger coup d'épaule pour le réveiller.
-"Pardon? Oh. Excuse moi, je ne sais pas ce qui m'a pris. Je suis assez fatigué..."
-"Par où je dois allez?", interroge Djeffh.
-"Là, prend la prochaine à gauche."

La supérette se trouve à l'entrée d'un petit village. Des fleurs de toutes sortes jonchent les chemins, les allées et les rues, l'odeur agréable des plantes est fortement amplifié par la chaleur de l'atmosphère.
Suleyman demande à Djeffh de se garer juste devant la porte sur le côté de la boutique, là où sont
entreposés des pompes à essence et les barils de gaz :
-"Ça sera plus simple de les charger d'ici."
Le jeune homme s'exécute, s'arrête au plus prêt, puis relève le frein à main.
Suleyman descend du véhicule, observe les environs, puis explique :
-"Je rentre à l'intérieur récupérer tout se dont nous avons besoin. Toi commence à charger des
bouteilles dans la voiture, on en prend 5 ou 6, essaie d'en entrer le plus possible. Tiens, prend les
gants sous mon siège."
Il enfile la paire de vieux gants du capitaine, et s'approche des bombonnes de gaz. Il
attrape la première et la soulève délicatement pour jaugé le poids de celle ci. Il ne ressent aucune
difficulté et la tiens de sa seule main droite, pendant que la gauche ouvre le coffre de la FSO. Une fois
celle ci chargée, il observe l'intérieur du véhicule pour voir quelle serait la meilleure manière de placer le plus de barils possible.
Au retour, il en prend une dans chaque main, et les monte sans problème dans l'arrière du véhicule.
Djeffh entend la porte du magasin s'ouvrir, se tourne et voit Suleyman soulever péniblement deux sac
plein. Il s'avance vers lui et prend le sac le plus lourd.
-"Fiou. Tu sais que j'aimerais bien avoir la même force que toi, parfois." dit le capitaine en riant.
"Bon, on doit pouvoir entrer encore une bouteille, si on place les autres correctement."
Suleyman en prend une et fais signe à Djeffh de l'aider à la porter. Ils tiennent chacun un bout, mais le
capitaine semble ressentir une difficultés :
-"Ahhh ! Mince ! Attend, ma main à glisser."
Il secoue sa main de douleur et remarque qu'il c'est coupé avec un morceau tranchant dépassant de la bouteille de métal.
-"C'est pas vrai !"
Djeffh charge le dernier baril dans la FSO et s'approche de l'homme, qui sert son poignet avec sa main :
-"Ça va aller?"
-"Oui oui, ne t'en fais pas."
Djeffh entre dans le véhicule, ouvre le sac de course, et prend un tissu propre encore dans son
emballage plastique. Il demande à Suleyman :
-"Enlève ta main, je vais faire un bandage pour éviter l'hémorragie."
-"Non laisse, ce n'est qu'une petite coupure, ça ira."
-"Sul', je sais ce que je fais."
-"Laisse moi tranquille, je te dis que ça va aller !", lui hurle t'il en le repoussant d'un coup d'épaule.
Djeffh le foudroie du regard, le dévisage, et comprend qu'il ment.
Il enlève de force sa main de la coupure, et s'apprête à lui faire un bandage, quand quelques chose
l'interpelle :
-"Bon dieu. Ton sang... Il est blanc !"
Le jeune homme pâlit à la vision de l'étrange liquide.
Suleyman baisse la tête, prend le tissus et le sert lui même autour de sa plaie.
Djeffh reste droit, debout, sous le choc pendant de nombreuses minutes, avant de rejoindre le
capitaine dans le véhicule, abasourdie.

Un silence c'est installé dans la voiture. Djeffh est perturbé.
-"Sul'... Est ce que tu as..."
L'homme baisse la tête, puis l'interrompt.
-"Oublie... Ce que tu as vu, ce n'est rien du tout."
Djeffh se tourne vers lui, le regard fixe :
-"La fièvre, la fatigue, les crises de nerfs... Le sang blanc. Tout ça c'est..."
Suleyman sais qu'il a comprit.
-"Ne dis rien à Shrila. S'il te plaît."
Djeffh freine brusquement, et s'arrête au milieu de la route.
Les larmes commencent à monter, mais il se retient de toute sa force, avant de questionner l'homme :
-"Il te reste combien... Combien de temps?"
Le capitaine respire très fort :
-"Je ne sais pas... Je n'ai jamais reçu aucun soins. Cinq ou six mois, au mieux", répond il en hochant la tête.


Les nuages commencent à masquer le soleil, et la pluie tombe. Après quelques heures de route sans
aucune parole, sous un orage fort, ils sont enfin de retour à la maison de Suleyman.
Le ciel est sombre, gris, d'une couleur très triste.
Djeffh aperçoit Shrila au loin, dans une allée sous une sorte de serre faite de bois où elle cueille les
fruits d'un grand mûrier qui se prolonge sur tout la forme de l'abri. Celle ci les voit arriver également et décide de les rejoindre. Lorsqu'elle y est, Shrila remarque que les deux sont anormalement calmes, et demande à Suleyman :
-"Tout va bien?"
Il sort les deux sacs remplis du coffre :
-"Oui. Oui. On a tout ce qu'il nous faut pour un bon mois..."
Elle s'avance vers Djeffh et le questionne en murmurant :
-"Qu'est ce qu'il a?"
Il reste figé, ne répond pas, ses cheveux humides, et l'eau qui s’écoule sur son visage ne semble pas
le faire réagir. Il rejoins le capitaine, l'aide à porter les sacs jusqu'à l'intérieur de la maison.

L'après midi passe dans l'interrogation totale. Djeffh aimerait en savoir plus. Comprendre ce qui est
arrivé à Suleyman, l'aider à trouver un moyen de guérison. Il sait que son ami va en mourir, s'il ne fait
rien.

La soirée arrive, la nuit commence à tomber. Ils passent à table. Le capitaine à préparé un plat de veau et de haricot frais. A nouveau le silence s'installe.
Shrila lance de nombreux regards interrogatifs à Djeffh, et elle comprend rapidement que celui ci ne
peut répondre à cause de la présence de Suleyman.

La nuit est bien tombée, et Shrila fait signe à Djeffh de le suivre à l'étage, Suleyman est assis sur le
vieux canapé et sirote une boisson alcoolisée, peut être de la vodka.

Les deux jeunes se retrouvent dans leurs chambres à l'étage, Djeffh entre en second et Shrila referme
la porte derrière lui.
Elle se tourne en sa direction, lui s'est assis sur le lit, et le regarde fixement.
La jeune fille semble avoir des tas de questions à lui poser, mais ne trouvant pas les mots, Djeffh
commence à lui parler :
-"Shrila... Quelque chose tourne en boucle dans ma tête. Je me demande... Qu'est ce qu'il y'a... Après la mort? Et si le cerveau ne mourrai pas... Pas en même temps que l'homme, mais continuait de penser éternellement. Alors que tout autres sens auraient disparus du corps... Il n'entendrait plus, ne sentirait plus, ne verrait plus... Mais le cerveau continuerai de penser... Est ce que ça se passe comme ça? Ce serait comme si... Le corps était enfermé dans une boite noire, sans odeurs, sans sensations, sans rien, totalement vide. Ca serait sans doute une véritable torture..."

La jeune fille le regarde ébahi, puis comprend que quelque choses de grave s'est passé :
-"Que vous est il arrivait? Pourquoi me demande tu ça?"
Il baisse la tête, semble vouloir tout avouer, mais se retient.
"Parle moi, je t'en supplie !"
Djeffh se prend la tête dans les mains, relève les yeux, le regard vers Shrila, il avoue.
-"Suleyman... Il a un cancer. Une leucémie..."

La jeune fille est sous le choc. Elle s'assied lourdement au sol, et les larmes commencent à lui monter
aux yeux.
-"Est ce qu'il t'a dit..."
-"Six mois... Environs... Il ne voulait pas que je t'en parle..."

Djeffh s'approche d'elle et la prend dans ses bras. Shrila est effondrée. L'homme qui a tout fait pour les sauver va mourir, et ils ne peuvent rien faire. Même s'il ne le montre pas, Djeffh est abattu. Et pensif.

Le lendemain matin, Djeffh se lève à l'aube. Il reste assis pendant de nombreuses minutes, immobile
sur le lit. Il entend le bruit de plusieurs voitures à l'extérieur. Djeffh n'y prête pas attention. Il pose sa
main sur l'épaule de la jeune fille et la secoue légèrement pour la réveiller. Celle ci se tourne vers lui, et cache ses yeux du soleil traversant la fenêtre avec sa main.
-"Djeffh? Qui y a t'il?"

Le jeune homme ouvre la bouche mais aucun mot ne vient. Shrila se redresse dans le lit, et le regarde
avec insistance droit les yeux :
-"Ça va aller?"
Djeffh acquiesce.
-"Shrila... Est ce que... Tu pense que Suleyman est quelqu'un de bien?"
La jeune fille semble étonné de cette question, mais ne répond pas.
"Je veux dire... Est ce que tu pense que... Cette bonne action qu'il a accomplit... Nous sauver... Quand il a apprit qu'il avait un cancer, peut être qu'il a eu peur... Pour son âme. Peut être qu'il demande pardon à Dieu... Les soldats du KBW... Ce sont rarement des gens bien."

Shrila est confuse, puis presque énervée, mais elle ne répond pas. La pensé de Djeffh se tient, elle le
sait, les membres du Korpus sont recrutés pour tuer. Elle est perdue et ne sait plus quoi penser. Shrila se demande où tout cela les mènera.
Djeffh prend sa main, et la regarde dans les yeux :
-"Quoi qu'il arrive... Je jure de te protéger. Moi aussi je... Je dois demander pardon auprès de Dieu."

Shrila quitte la chambre et entre dans la salle de bain, pour prendre une douche. Djeffh reste assis
encore quelques minutes sur le lit, avec beaucoup de questions en tête. Il veux s'assurer que
Suleyman ne soit pas un danger pour Shrila. Jusqu'à présent, le capitaine a toujours eu toute l'amitié et les bon sentiments de Djeffh, mais ce dernier est méfiant : que se passe t'il dans la tête d'une
personne atteinte d'un cancer? Que se passe t'il dans la tête de quelqu'un condamné à mourir?

Il descend au rez de chaussé d'un pas motivé. Djeffh va profiter que son amie soit occupée pour aller
questionner Suleyman. Il sort de la maison, et, sur le seuil, observe autour de lui, cherche Suleyman du regard, et l'aperçoit dans le jardin.
Le ciel est gris mais il ne pleut plus.
Il hésite d'abord à le rejoindre mais finalement s'y décide et marche d'un pas énergique. Une fois à sa
hauteur, il fait signe à Suleyman de laisser ce qu'il est en train de faire.
Celui ci se lève et demande :
-"Tu veux me dire quelques chose?"
Djeffh le percute du regard, comme s'il essayais de rentrer dans sa tête, de savoir à quoi il pense.
Le capitaine le regarde à son tour, et semble étonnement calme. Il commence :
-"Cette veste que tu portes, elle appartenait à mon grand frère. Elle te vas très bien."
Djeffh s'avance de plus en plus :
-"Sul'? Est ce que tu est une menace pour Shrila et moi?"
L'homme lui lance un regard étonné :
-"Tu... Djeffh, tu dois comprendre que, tout ce que j'ai fait, pour vous sauver, je l'ai fait parce que je
trouvais ça juste. Tu est en droit de t'interroger, c'est vrai, mais comprend que ce que j'endure... C'est pas facile. Par moment, j'ai simplement envie de pleurer, et je me demande... 'pourquoi moi?'... Je sais que toi aussi tu as un passé lourd, j'ignore ce que tu as vécu... En fait, je crois que toi et moi, on est exactement pareil. Je me confie rarement, et je ne fais quasi jamais confiance aux gens. J'aime la solitude. J'aime les animaux aussi. L'espèce humaine, me révulse parfois... Tu vois. Toi et moi, on a beaucoup de points communs."
Djeffh baisse la tête mais suis l'homme du regard.
"Tu sais, quand j’étais gosse, mon frère avait toute l'attention de ma mère, je me suis toujours senti
repoussé, comme si je n'était pas désiré. Lui recevait toute sa fierté. Mon frère est devenu soldat du
KBW très jeune, mais ce n'était qu'un criminel. A 20 ans, je me refusais d'emprunter le même chemin
que lui... Je ne trouvais aucun travail, alors ma mère ma mise à la porte. Du jour au lendemain, je me
retrouvais sans rien. J'ai penser un temps au suicide..."
Un cri interrompt l'homme. Shrila sort de la maison en courant et hurle aux deux hommes :
-"Par ici, vite !"
Ils accourent vers elle :
-"Que se passe t'il?" demande le capitaine.
-"Des voitures, la maison la bas ! Des dizaines !"
Djeffh se tourne dans la direction du bruit, plisse les yeux pour mieux voir.
Des dizaines de voitures s'arrêtent devant la maison à quelques centaines de mètres, derrière les longs champs.
Suleyman prend Shrila par le bras :
-"Oh, seigneur, on doit partir immédiatement !"
Djeffh se tourne :
-"Le KBW?!"
-"Pire. La mafia Russe."
Ils entrent dans la bâtisse, Suleyman remballe tout le matériel acheté la veille et les fruits cueillis dans
son sac militaire. Djeffh l'aide, puis demande :
-"Où sont les armes?"
-"Dans ma chambre, le meuble à côté du lit, tiroir de droite !"
Il s'y précipite.
Shrila est paniquée mais décide d'aider l'homme à porter le sac dans la voiture.
-"Qu'est ce que la mafia vient faire dans cette histoire?!"
-"Toute ces voitures, le parrain de la mafia russe doit sûrement être avec eux !"
-"Quoi?!"
-"S'il vient se reposer ici, et c'est ce que je pense, ils vont fouiller toutes les maisons alentours, et s'ils nous trouvent, on est foutu !"
-"Mais... Je ne comprend pas, ils n'ont rien contre nous?!"
Suleyman lui lance un regard inquiet, et répond :
-"Non. Mais ils ne prennent aucun risques."
Djeffh les rejoins en courant, le sac d'armes dans une main et un grand baril d'essence dans l'autre.
Ils placent en vitesse tout le matériel dans le coffre, et montent en voiture.
Djeffh desserre le frein a main, enclenche la première vitesse et accélère à fond, passe très vite ses
rapports, il emprunte un petit chemin de terre qui contourne les champs, puis prend une sortie menant sur la route avec un dérapage maîtrisé, qui lui permet d'accélérer sans perdre de vitesse. Djeffh semble savoir où il va :
-"On a besoin d'essence ! La supérette de ton ami, il y'en a la bas."
Suleyman acquiesce, signe de son accord.

Le danger est loin maintenant, mais ils ne pourront sans doute plus retourner dans la maison. Djeffh est attristé, car encore une fois, son désire de calme et de paix s'envole. Ils arrivent sur les lieux et se garent devant la pompe à essence d'où il fait le plein.
Shrila et Suleyman sortent le baril du coffre et le portent jusqu'à une seconde pompe pour le remplir.
Une fois le plein fait, le jeune homme les rejoins et porte le baril, très lourd, puis le remonte dans le
coffre.
Il s'apprête à quitté le lieu, mais Shrila l'interrompt :
-"On ne devrait pas... Payer, pour l'essence?"
Djeffh démarre et répond crûment :
-"C'est un ami de Suleyman."
Ils reprennent la route.
Djeffh roule des heures durant, réfléchissant, se demandant où aller, où vivre. Il repense à la vieille
grange, le souvenir le plus lointain qu'il ai, le moment où il se réveille dans le noir, allongé dans la paille,frigorifié, gelé, dans le froid total. Il se demande si les deux vieillards vivent toujours la bas, et si c'est le cas, comment prendre possession de leur maison sans tuer personne et sans que Shrila ou Suleyman n'apprennent ce qui s'y est passé. Le jeune homme est en pleine réflexion.
Cette décision semble bien trop lourde à prendre pour lui. Mais son seul désir désormais est de
protéger son amie, quel qu’en soit le prix.
Il doute. Ne sait pas quoi faire, et espère impatiemment que quelqu'un propose une idée qui lui évitera se retour au passé.

Le silence semble décidément vouloir s'installer dans la voiture, seul le bruit du moteur, poussé à
bout, comble le vide.
Djeffh jette un œil discret, observe le capitaine, assis à sa droite. Celui ci le remarque, et le regarde à
son tour, avant de demander :
-"Une idée pour la suite?"
Shrila passe sa main dans ses cheveux pour se recoiffer, et demande :
-"Est ce que... Est ce qu'habiter en ville est envisageable?"
Le calme reprend place, Suleyman semble dubitatif. Djeffh la questionne :
-"Tu connais un endroit où vivre, en ville?"
-"Oui. La maison de ma mère. Elle n' y vit plus parce que... Enfin... La maison n'appartient plus à
personne en fait, et... Je sais qu'on ne sera pas dérangé."
Suleyman toujours sceptique l'interroge :
-"Et où trouvera t'on cette maison, au juste?"
-"A Lodz..."
Le capitaine ouvre grand les yeux et se tourne vers la jeune fille :
-"Tu es folle?! Tu sais combien de gardes il y a au mètre carré?! Impossible que l'on passe inaperçu !
Tôt ou tard, l'un d'eux nous contrôlera et autant dire que nos chances de survie sont nulles !"
La jeune fille s’apprête à lui répondre, mais Djeffh intervient :
-"Ne lui parle pas comme ça ! C'est une excellente idée !"
Suleyman semble très énervé et s'adresse à Djeffh crûment :
-"Que dis tu?! A tu réfléchit un instant à ce que tu racontes?! C'est totalement ridicule ! L'amour te fais
perdre la tête ou quoi? Tu te fais manipuler par cette pétasse !"
Djeffh freine brusquement, la voiture dérape et s’arrête sur le goudron, ses mains serrent le volant
extrêmement fort, et l'on peut voir ses veines s’épaissir.
Il tourne son regard sombre vers l'homme, et lui répond :
-"Parle de Shrila comme ça encore une fois... Et je t'étripe."
Le capitaine ne baisse pas les yeux, et répond froidement :
-"Arrête de jouer le protecteur."
Djeffh d'un geste éclair empoigne l'homme à la gorge, et l'étrangle de toute sa puissance animale,
enragé. Shrila à l’arrière panique et hurle :
-"Arrête ! Je t'en supplie lâche le !"
Elle attrape les poignets du jeune homme et tire, essayant sans succès de le faire lâcher.
"Djeffh, tu n'es pas un meurtrier, arrête je t'en prie !".
Les larmes montent aux yeux de la jeune fille.
Djeffh le remarque, et ses émotions se bousculent. Il ne veut pas tuer l'homme, mais sa rage est
incontrôlable, il essaie de toutes ses forces de maîtriser cette puissance, mais impossible de
reprendre le dessus sur sa colère.
Suleyman, dans un dernier élan, puise le peu force qu'il lui reste et assène une puissante droite
à Djeffh, qui le percuter sous l’oeil. L'anneau qu'il avait à son doigt impacte la peau, et la déchire
légèrement.
Sous le choc, le jeune homme lâche prise, et s'écroule sur son siège.
Le capitaine respire fort, par accoue, et souffre énormément.
Djeffh passe sa main sur son visage, à l'endroit du coup reçu, un peu de sang s'écoule sur ses doigts.
La bague du capitaine l'a coupé juste sous l'oeil gauche.
Shrila est en pleure. Elle se sent coupable.
Suleyman se tourne vers Djeffh, épuisé, et lui dit d'une voix faible et abîmé :
-"Je suis... Désolé..."

 


 

Première publication : 12-03-2014 12:55:22

 

 



20/04/2015
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